Le secteur des aéroports anime les opérations de fusions et acquisitions

La loi Macron devrait ouvrir la voie à la privatisation des aéroports de Lyon et Nice, alors que celle de Toulouse-Blagnac suscite des critiques.
Alexandre Garabedian

Les plates-formes aéroportuaires animent le marché des M&A. Alors que Fraport a remporté cette semaine devant Vinci la privatisation de 14 aéroports grecs, la future loi Macron devrait donner le coup d’envoi à l’ouverture du capital des aéroports de Nice-Côte d’Azur et de Lyon, selon la dernière version du texte. Le processus sera d’autant plus intéressant à suivre que la manière dont l’Etat pilote la privatisation de Toulouse-Blagnac suscite des critiques.

Mi-novembre, Bercy s’est donné un mois pour trancher dans ce dossier. Sur le strict plan financier, le consortium sino-canadien qui associe Friedmann Pacific Investment (FPI), le fonds Shandong High Speed Group, l’aéroport de Shenzhen et l’opérateur canadien SNC-Lavalin, est largement mieux-disant qu’ADP, Vinci et le fonds Cube, les trois autres candidats en lice. Il aurait mis sur la table près de 300 millions d’euros pour la part de 49,9% que l’Etat met en vente. «Pourtant, elle ne vaut pas plus de 200 à 220 millions», estime un banquier.

Plusieurs candidats, comme l’australien Macquarie et l’espagnol Ferrovial, ont d’ailleurs jeté l’éponge dès le second tour, privant le vendeur d’alternatives étrangères. En cause, le manque de garanties offertes par l’Etat sur les tarifs de l’aéroport toulousain. L’absence de réserves distribuables dans la société a également pu faire tiquer certains candidats. Enfin, l’Agence des participations de l’Etat conserve une participation de 10% au capital, qu’elle pourra vendre, mais sur laquelle le repreneur n’a pas d’option d’achat. «Si le vainqueur de l’enchère décide de sortir dans quelques années, il n’a pas l’assurance de pouvoir céder une part majoritaire de l’aéroport», regrette un observateur.

Mais ce sont des éléments politiques qui créent aujourd’hui des remous. Chez les collectivités locales, actionnaires minoritaires (40%), la perspective de voir passer Blagnac sous pavillon chinois a ressuscité des fantasmes d’espionnage industriel d’Airbus, présent sur le site. Le loueur d’avions CALC, contrôlé par FPI, y est pourtant présent depuis des années.

Les problèmes juridiques de SNC-Lavalin sont également montrés du doigt. Accusé de corruption au Bangladesh, le groupe canadien a été placé en avril 2013 sur la liste noire de la Banque mondiale pour une durée de dix ans et ne pourra plus participer à des projets financés par l’institution de Washington. Une interdiction qui ne s’applique pas aux pays développés et donc à la France.

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