
Le reporting intégré entame sa politique de séduction
Alors que la transposition en droit français de la directive européenne sur la publication d’informations non financières doit intervenir le 6 décembre au plus tard, les professions des auditeurs internes et externes se sont mobilisées pour sensibiliser les entreprises françaises sur le « reporting intégré » (RI, ou strategic reporting en anglais). L’Institut français des auditeurs et contrôleurs internes (Ifaci) et la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) ont publié hier un guide pratique à destination des sociétés de plus de 500 salariés, concernées par la directive.
Alors que les entreprises françaises publient déjà des comptes de résultat, des rapports de gestion et des rapports sur leurs démarches ESG (environnement, social et gouvernance) de plus en plus volumineux et présentant des informations parfois redondantes, le RI consiste à présenter sous une forme synthétique des informations financières et extra-financières : les actifs immatériels, les critères ESG, la gestion des risques, mais aussi les facteurs pouvant affecter le développement et la performance de l’entreprise.
Les sociétés peuvent légitimement ressentir de l’appréhension à choisir de passer au RI. «Nous ne voulons pas que le reporting devienne une couche supplémentaire dans le mille-feuille réglementaire, ni un nouveau standard ou norme», a ainsi rappellé Laurent Maheo, président de l’association des Directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG) pour l’Ile-de-France, lors de la table ronde organisée à l’occasion. Il apprécie et défend le principe d’adoption volontaire du RI. Pour garantir le succès de sa mise en place, «il est essentiel d’avoir un interlocuteur unique suffisamment implanté dans l’entreprise, pour dépasser les craintes à l’égard du changement », indique Blaise Duault, responsable de la conformité et des affaires publiques du capital-investisseur PAI Partners.
Un instrument de management
Mais les intervenants ont défendu son intérêt. «Le document de référence est peu lu par les parties prenantes. Il est utile, mais il en dit peu sur l’avenir de l’entreprise. Aujourd’hui, la valorisation d’une société est composée à 80% par son capital immatériel. Le rapport intégré doit être un instrument de management, ce n’est pas une option, c’est une obligation», martèle Fabrice Bonnifet, directeur du développement durable & QSE au groupe Bouygues.
L’intérêt de passer au RI ne se limite pas aux grandes entreprises, estiment l’Ifaci et la CNCC. «Son intérêt est important pour les PME. Devant les investisseurs, leurs dirigeants ont souvent du mal à se raconter», indique Laurent Maheo. Un vrai sujet lors d’opérations de transmission par exemple. Une expérience que peuvent corroborer les fonds de capital-investissement. Eux-mêmes font face à des investisseurs et des souscripteurs de plus en plus regardants sur la communication extra-financière. Selon l’Afic, l’association qui les représente en France, 80 % des investisseurs demandent aujourd’hui des comptes en la matière. «Ils vont bien au-delà de la simple performance financière et sont extrêmement sensibles au risque de réputation, confirme Blaise Duault. Le reporting intégré s’adresse à toutes les parties, ça c’est nouveau.»
L’Ifaci et le CNCC estiment qu’il se généralisera par mimétisme et sous la pression des investisseurs. «Une trentaine d’entreprises l’ont mis en place en France, dont Suez, Orange, TF1 (filiale de Bouygues), Engie, sur environ 3.000 dans le monde. Avant 2020, tout le CAC 40 sera en reporting intégré », prédit Fabrice Bonnifet.
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