
Le patron de Barclays est mis à l’amende

Jes Staley paiera pour sa gestion défaillante d’une affaire de lanceur d’alerte chez Barclays. La Financial Conduct Authority (FCA) et la Prudential Regulation Authority (PRA) britanniques ont infligé vendredi au directeur général de la banque une amende de 642.430 livres dans cette affaire. Elles vont aussi imposer à Barclays des exigences supplémentaires en matière de reporting.
Fin avril, dans une décision séparée, la FCA et la PRA avaient considéré que Jes Staley avait failli à certaines de ses obligations, mais qu’il n’avait pas manqué à l’exigence d’intégrité des dirigeants, lui permettant ainsi de rester en poste.
L’affaire remonte à juin 2016. Le conseil d’administration et la direction générale de Barclays avaient reçu un courrier anonyme d’un lanceur d’alerte qui pouvait impliquer les dirigeants du groupe. Jes Staley avait alors cherché à démasquer l’identité de ce whistleblower. Le dirigeant avait ensuite dû présenter ses excuses et avait fait l’objet d’un simple rappel à l’ordre de la part du conseil, soucieux de ne pas déstabiliser la gouvernance d’une banque toujours engagée dans une profonde réorganisation.
Le montant de l’amende représente 10% de la rémunération annuelle de Jes Staley, précisent les deux autorités dans un communiqué. Barclays devra effectuer un reporting auprès de la FCA et de la PRA sur tous les cas de lanceurs d’alerte impliquant ses dirigeants (senior managers), et les «whistleblowers’ champions» de la banque devront «attester personnellement» de la solidité des procédures de gestion des lanceurs d’alerte. Ces exigences, «les premières du genre en matière de whistleblowing pour une firme régulée», s’appliquent au moins jusqu’en 2020, précise le communiqué des autorités.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse