Le Parlement mexicain entérine la fin du monopole public sur les hydrocarbures

Les compagnies étrangères pourront obtenir des licences d’exploitation ou d’extraction. La gouvernance de Pemex est profondément modifiée
Yves-Marc Le Réour

Après de houleux débats, le Parlement mexicain a adopté définitivement hier soir la réforme constitutionnelle tirant un trait sur 75 ans de monopole de l’Etat sur les ressources énergétiques du pays. Dans la foulée des sénateurs, les députés ont voté hier soir, par 353 voix contre 134, l’ensemble du texte qui prévoit notamment l’ouverture de la compagnie pétrolière d’Etat Pemex aux investissements privés. La réforme doit maintenant être approuvée par la majorité des 32 Etats du pays, ce qui ne devrait pas poser de problème, avant sa promulgation par le président Enrique Pena Nieto.

Sujet très sensible pour les partis de gauche, membres de la coalition au pouvoir, l’ouverture du secteur des hydrocarbures ne constituera pas une véritable privatisation. Le projet prévoit que la compagnie publique Pemex, puisse «entre autres» passer des contrats avec des investisseurs privés, nationaux ou étrangers, ou leur accorder des licences d’exploitation ou d’extraction. Un Fonds pétrolier national sera chargé d’administrer les recettes émanant de ces contrats, tandis que seront créées deux organismes de régulation, la Commission nationale des hydrocarbures et la Commission régulatrice de l'énergie.

La gouvernance de l’entreprise sera également profondément modifiée, puisqu’il sera mis fin à la présence des 5 représentants du syndicat des travailleurs du pétrole qui siégeaient à son conseil d’administration, qui passera de 15 à 10 membres: cinq membres du gouvernement fédéral, dont le ministre de l’Energie disposant d’une voix prépondérante, ainsi que cinq représentants indépendants.

Selon une récente étude de JPMorgan, cette réforme «pourrait accroître les investissements étrangers de 15 milliards de dollars (11 milliards d’euros) par an et le potentiel de croissance du pays d’un demi-point». Mais celle-ci devra être travaillée «pendant des mois et des années» pour faire pleinement sentir ses effets, juge pour sa part David Shields, expert de l’industrie pétrolière.

Les opposants n’ont de surcroît pas jeté l’éponge. Ils présenteront un projet d’abrogation de cette réforme lors d’un référendum en 2015, année des prochaines élections législatives. Jesus Zambrano, président du PDR, le plus important parti de gauche, a en outre annoncé que sa formation allait envoyer une lettre «aux principales entreprises pétrolières» étrangères, en les avertissant «du risque qu’elle courent d’investir au Mexique avant 2015».

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