
Le nouveau patron de Toyota devra gérer la mutation délicate du groupe

Fondé en 1937, Toyota s’apprête à tourner une page importante de sa longue histoire. Le premier constructeur automobile mondial a indiqué jeudi qu’Akio Toyoda quittera son poste de directeur général (DG) pour devenir président du conseil d’administration à partir du 1er avril prochain. Il sera remplacé par Koji Sato, qui présidait depuis 2020 Lexus, marque haut de gamme du constructeur nippon, et pilotait la stratégie de marque du groupe depuis janvier 2021. Dans le cadre de ce changement de gouvernance, l’actuel président du conseil d’administration, Takeshi Uchiyamada, âgé de 76 ans, cèdera sa place à Akio Toyoda mais restera membre de cette instance.
«Afin de faire progresser le changement chez Toyota, j’ai décidé qu’il était préférable pour moi de soutenir un nouveau directeur général en prenant la présidence du groupe», a déclaré Akio Toyoda lors d’un point de presse. Le DG sortant a ajouté avoir vécu de multiples crises depuis sa prise de fonction en juin 2009. Il a cité la récession mondiale, les rappels de véhicules ou les perturbations qui ont suivi le tremblement de terre et le tsunami de 2011 dans le nord du Japon. Agé de 66 ans, le petit-fils du fondateur de Toyota a supervisé l’ascension du groupe vers la première marche du podium automobile mondial devant l’allemand Volkswagen qu’il a dépassé en 2020.
Un changement de génération
«L’environnement économique et social est devenu plus volatil et en devenant président, Akio Toyoda pourra avoir une vision plus large sur la gestion du groupe», juge Mitsushige Akino, analyste chez Ichiyoshi Asset Management. Le changement à la tête du groupe «est peut-être moins motivé par le souci de produire des voitures efficaces à un prix abordable que par la volonté de créer une image jeune et sympathique autour des véhicules électriques», avancent de leur côté les analystes d’Iwai Cosmo Securities. Agé de 53 ans, le futur DG a effectué l’ensemble de sa carrière chez Toyota qu’il a rejoint après des études d’ingénieur en mécanique.
Bien que le groupe nippon ait décidé d’investir l’équivalent de 29 milliards d’euros pour commercialiser 30 modèles de véhicules électriques d’ici à 2030, il demeure en effet assez réservé sur le rythme de transformation de l’industrie automobile vers le tout-électrique. Alors que la plupart de ses rivaux anticipent la fin des moteurs thermiques au plus tard en 2040, il vise plutôt l’horizon 2050. Après avoir été pionnier dans les véhicules hybrides avec le lancement de la Prius en 1997, Toyota mise sur un portefeuille technologique diversifié incluant les véhicules à batteries, les voitures à hydrogène, à moteur thermique ou hybrides.
Avec une production attendue à 9,2 millions d’unités sur son exercice clos fin mars 2023, Toyota restera leader mondial toutes motorisations confondues. Mais sur le segment des véhicules à propulsion entièrement électrique, le constructeur nippon a pris du retard sur l’américain Tesla, sur le chinois BYD ou sur Volkswagen. Il reste à savoir si le nouveau DG pourra s’affranchir de la stratégie menée par son prédécesseur en matière d’électrification. «Il est jeune et il a des collègues dans le même état d’esprit, aussi je m’attends à ce qu’il puisse dépasser les limites que je n’ai pas pu franchir moi-même», a déclaré Akio Toyoda. Le mois dernier, le dirigeant avait signalé que le groupe songeait à mettre en place une nouvelle plateforme de fabrication conçue spécifiquement pour les véhicules électriques.
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