
Le contrat des sous-marins australiens fait bouger les lignes pour DCNS

L’annonce de l’ouverture de négociations exclusives entre l’Australie et le constructeur naval français DCNS pour la construction et la maintenance de 12 sous-marins a provoqué hier des réactions boursières à la mesure de l’enjeu : le contrat est évalué à 50 milliards de dollars australiens (34 milliards d’euros) sur une durée de cinquante ans, par le ministère de la Défense australien.
«C’est une occasion exceptionnelle pour DCNS parce que l’entreprise travaillera avec la marine australienne à long terme, puisqu’il s’agit d’une série de contrats, et une immense occasion d’investir davantage et de développer des activités», a indiqué le ministre de l’Economie Emmanuel Macron en déplacement en Allemagne. Les bâtiments (à propulsion conventionnelle) seront construits dans l’Etat d’Australie méridionale. Le démarrage du chantier est prévu en 2017.
Outre DCNS et l’Etat français (qui contrôle 62,5% de son capital), Thales bénéficie à double titre du contrat, dont la part revenant au constructeur naval français est évaluée à 8 milliards d’euros : en tant qu’actionnaire de DCNS, à hauteur de 35%, et en tant que fournisseur. «Ce contrat de DCNS vient en complément des activités de Thales et viendra à la fois augmenter les résultats et la visibilité de DCNS, mis en équivalence opérationnelle, fournira du travail aux entités de Thales présentes en Australie, puisqu’une part prépondérante du contrat sera construite sur place», écrit Agnès Blazy, analyste chez CM-CIC, pour qui le contrat est également favorable à Dassault Aviation, qui détient 25% de Thales.
Vers une participation accrue au capital du constructeur naval
L’accord pourrait en outre faire évoluer les relations entre Thales et DCNS. «Les activités de défense ne font pas réellement partie de la stratégie de l’Etat actionnaire, puisque d’autres moyens sont possibles pour avoir un contrôle sur les activités de souveraineté. Dès lors, nous attendons en 2017 que Thales augmente sa participation au capital de DCNS», estime l’analyste.
L’action Thales a bondi de 4% peu après l’ouverture des marchés hier, avant de terminer la séance plus calmement (+0,3% à 76,45 euros). Celle de Dassault Aviation s’est adjugé jusqu’à 3% pour terminer à +2%, à 1.010 euros.
Les perdants sont l’allemand TKMS, filiale de Thyssenkrupp, et le consortium japonais formé par Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Kawasaki Heavy Industries (KHI). Beau perdant, Thyssenkrupp se déclare «prêt à apporter [son] soutien au projet de sous-marin australien». Son titre a terminé la journée en baisse de 2,5% après avoir chuté de 6,2% en séance, tandis que l’action Siemens, l’un des principaux bénéficiaires d’une victoire de TKMS, a peu réagi (-0,5% dans un indice Dax en recul de 0,34%).
Les réactions japonaises ont été à la mesure de l’implication du gouvernement de Shinzo Abe, désireux de développer les relations stratégiques avec l’Australie, dans un contexte géopolitique de tensions en Mer de Chine. Tokyo a jugé le choix australien «extrêmement regrettable», tandis que MHI estimait honteux que la proposition japonaise «n’ait pas été pleinement comprise». MHI et KHI ont respectivement perdu jusqu’à 5,5% et 3,8% à Tokyo, pour terminer en baisse de 3,6% et 2%.
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