La survie du modèle économique de Nokia va se jouer dans les prochains mois

Menacé de perdre sa couronne de numéro un mondial des téléphones mobiles, le groupe a essuyé une perte de 1,6 milliard d’euros au premier trimestre
Olivier Pinaud

Nokia est en pleine détresse. Malgré l’avertissement lancé en amont la semaine dernière, l’annonce d’une perte trimestrielle de 1,6 milliard d’euros, a fait plonger le cours du groupe finlandais à des niveaux inconnus depuis plus de 15 ans. Le numéro un mondial des téléphones mobiles ne capitalise plus que 10,9 milliards d’euros. En retirant sa trésorerie nette, 4,9 milliards à fin mars, la valeur d’entreprise de Nokia tombe à 6 milliards, soit environ la valeur estimée de son portefeuille de brevets. L’activité de fabrication de mobiles, les services associés et la division d’équipements de réseaux Nokia Siemens Networks ne vaudraient donc plus rien.

Si elle peut paraître incongrue, la valorisation de Nokia reflète les doutes sur la viabilité du modèle économique actuel du fabricant de téléphones. Stephen Elop, le directeur général de Nokia, a d’ailleurs reconnu que malgré l’ampleur de la réorganisation mise en œuvre l’an dernier par NSN, le problème est profond. Le groupe continue à envisager toutes les options, mais le dirigeant n’a pas souhaité en dire plus sur la future structure ou organisation du capital de la coentreprise avec Siemens. Au premier trimestre, elle a essuyé une perte d’un milliard d’euros.

L’avenir de la division mobile suscite aussi de nombreuses interrogations. Si la tendance actuelle se poursuit, Nokia pourrait perdre dans les prochains trimestres sa couronne historique de numéro un mondial, au profit du coréen Samsung. Outre le retard à l’allumage du nouvel appareil haut de gamme Lumia, victime d’un bug lors de son lancement ce mois-ci aux Etats-Unis, Nokia souffre terriblement sur le segment moyen et bas de gamme, ce qui faisait autrefois sa force industrielle et financière. Au premier trimestre, ses ventes ont par exemple plongé de 70% en Chine, sous l’effet de la concurrence des appareils fabriqués par les groupes locaux (Huawei, ZTE…) et du succès du système d’exploitation Android de Google. En deux ans, le nombre de téléphones vendus par Nokia dans le monde a chuté de 25% et leur prix moyen de vente a fondu de 17%.

Pour s’en sortir, Stephen Elop, arrivé l’an dernier de chez Microsoft, mise sur le succès de la nouvelle gamme fonctionnant avec le système Windows Phone. Les premiers résultats sont espérés d’ici la fin de l’année. Le directeur général reconnaît lui-même l’urgence de la situation.

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