
La succession chahutée à la tête d’Ipsos crée des remous boursiers
Les marchés aiment peu les surprises de dernière minute en matière de gouvernance. L’action Ipsos s’est effondrée de 9,60% mardi, à 38,60 euros, après que le spécialiste des études par enquêtes a soudainement bouleversé le plan de succession de son actuel PDG, Didier Truchot.
Lundi soir, le groupe a averti qu’il avait renoncé à nommer Nathalie Roos au poste de directrice générale, en raison de «profondes divergences» apparues entre les parties, et a désigné à sa place le dirigeant de sa filiale britannique, Ben Page. Déjà membre du comité exécutif, Ben Page est depuis 2009 directeur général d’Ipsos MORI au Royaume-Uni. Il prendra ses nouvelles fonctions le 15 novembre.
«Le conseil d’administration a estimé qu’il était trop risqué de confier la direction générale du groupe à Nathalie Ross en sachant que la greffe pourrait ne pas prendre», a précisé une porte-parole d’Ipsos, à l’agence Agefi-Dow Jones. «Il est apparu que la combinaison des personnalités de Didier Truchot et de Nathalie Ross n’aurait sans doute pas permis d’obtenir une collaboration fructueuse et de poursuivre la mise en œuvre du plan stratégique ‘Total Understanding Project’ établi en juillet 2018», a ajouté cette porte-parole.
Didier Truchot, président et principal actionnaire
La succession de Didier Truchot, est «chahutée», commente le courtier Oddo BHF dans une note, en se disant «bien évidemment surpris par cette annonce car Nathalie Roos présentait sur le papier un excellent profil avec notamment une expérience chez L’Oréal».
Directrice générale de la division de produits professionnels du groupe de cosmétiques jusqu’en mars dernier, Nathalie Roos avait été retenue en juillet pour prendre les rênes du groupe de sondages et d'études de marché à compter de ce mardi 28 septembre, en lieu et place de Didier Truchot.
«Le recrutement de Nathalie Roos est l’aboutissement d’un processus de sélection rigoureux mené depuis mi-2019 par le comité des nominations et des rémunérations et le conseil d’administration d’Ipsos en vue de dissocier les fonctions de président et de directeur général», indiquait Ipsos en juillet dernier.
Didier Truchot fêtera le 30 novembre prochain ses 75 ans et atteindra alors la limite d'âge statutaire applicable au mandat de directeur général de la société. L’actuel PDG d’Ipsos doit toutefois rester président du conseil d’administration du groupe qu’il a fondé en 1975 et dont sa holding DT & Partners est le premier actionnaire avec 10% des titres et 18% des droits de vote. La limite d'âge statutaire applicable au mandat de président du conseil d’administration de la société a récemment été portée à 80 ans.
Le plan stratégique confirmé
Ce revirement de dernière minute « ne remet pas en cause les projets d’Ipsos de poursuivre l’exécution de son plan de développement matérialisé par la mise en place de l’initiative stratégique appelée ‘Total Understanding Project’ et dont la conséquence la plus visible a été un retour à une croissance plus forte de l’activité», a affirmé Ipsos.
De son côté, Oddo BHF estime qu’en nommant le directeur général de sa filiale britannique aux commandes opérationnelles du groupe, «Didier Truchot limite fortement les risques de changement stratégique à un moment où le groupe se porte bien».
Cette décision illustre également l’influence que compte conserver le président d’Ipsos sur la société qu’il a créée. «Didier Truchot a préféré s’entourer d’un ‘bon lieutenant’ plutôt que d’un nouveau dirigeant, quand bien même le profil de Nathalie Ross était apprécié des investisseurs», observe un autre intermédiaire financier. «La chute du titre observée mardi reflète la déception des investisseurs qui misaient sur une amélioration du profil de gouvernance du groupe», ajoute cet analyste.
Malgré sa baisse du jour, l’action Ipsos progresse encore de 40% depuis le début de l’année et de 80% sur un an. Au cours du premier semestre de cette année, Ipsos a vu ses bénéfices et son chiffre d’affaires fortement rebondir alors que l’activité de ses clients a accompagné le redressement de l'économie mondiale. Ses dirigeants ont même relevé en juillet dernier leurs principaux objectifs financiers pour l’ensemble de l’exercice en cours.
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