
La rentabilité des entreprises suisses sera durablement affectée
Le sol s’est dérobé sous les pieds des groupes industriels suisses la semaine dernière. En provoquant un bond d’environ 15% du franc par rapport au dollar ou à l’euro, la Banque nationale suisse a mécaniquement amputé les résultats des entreprises du pays, fortement dépendantes des exportations. «Comme la part des ventes en francs suisses de la plupart des grands groupes helvétiques est proche de zéro, les estimations doivent être réduites de 15% sur un simple effet de conversion», lance Jon Cox chez Kepler Cheuvreux.
Ce simple handicap de conversion serait bénin s’il n’était pas accompagné des conséquences liées à la structure de coûts des industriels suisses. Leurs charges en franc suisse, liées au fonctionnement de leurs sièges sociaux, de leurs centres de R&D ou des usines installées dans la Confédération, sont nettement supérieures aux ventes libellées dans la devise.
Les laboratoires Roche et Novartis ne facturent par exemple que 2% de leur chiffre d’affaires en franc suisse mais paient 17% et 13% respectivement de leurs coûts dans la monnaie helvétique. D’où un effet cinglant sur les marges. «Pour Roche, une hausse de 15% en année pleine du franc suisse entraîne une chute de 16,7% du résultat opérationnel», calculent les analystes de Natixis. Les groupes de chimie sont également touchés de plein fouet. Credit Suisse estime l’impact sur le résultat d’exploitation de Givaudan à 22%, avant l’activation des outils de couverture. Chez Nestlé, la conséquence sur la marge ne devrait être que de quelques points mais les dégâts peuvent être indirects: la valeur de sa participation de 23% dans L’Oréal a chuté d’un peu plus de 2 milliards de francs en deux jours.
Pour le fabricant de montres Swatch, dont environ la moitié de sa masse salariale est payée en franc suisse, le chiffre d’affaires pourrait baisser de 10% et le résultat d’exploitation de 19%, craint Deutsche Bank. La semaine dernière, Nicolas Hayek, le directeur général de Swatch, restait «sans voix» face à la décision de la BNS. Celle-ci a placé les groupes suisses devant un vrai dilemme: accepter une contraction supplémentaire de leur marge pour compenser leur perte de compétitivité vis-à-vis de leurs concurrents étrangers ou engager des mesures de pare-feu pour tenir les résultats. Une position hautement acrobatique qui nécessitera de longs mois avant un retour à l'équilibre.
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Pékin - Le constructeur chinois Xiaomi va effectuer une correction à distance sur plus de 110.000 voitures électriques déjà sur le marché pour un défaut du système d’aide à la conduite, quelques mois après un accident mortel. Les firmes technologiques et les constructeurs automobiles chinois sont lancés dans une course au développement de technologies d’aide à la conduite, nouveau champ de bataille d’un marché ultra-compétitif. Mais ces technologies ont fait l’objet de vifs débats après un accident mortel en mars impliquant un véhicule SU7, le modèle phare de Xiaomi, au moment où son mode d’aide à la conduite était activé. «Le système pourrait présenter une insuffisance dans la reconnaissance, l’alerte ou la gestion de scénarios extrêmes», a affirmé vendredi l’administration chinoise pour la régulation du marché dans un communiqué. Xiaomi «procédera à une mise à jour logicielle gratuite par OTA (à distance) pour éliminer ce défaut», ajoute le document. Le constructeur, sur le réseau social Weibo, a confirmé une mise à jour à distance et gratuite de ses voitures SU7 produits avant le 30 août 2025. Selon le régulateur, 116.887 véhicules sont concernés. Accident mortel Trois jeunes étudiantes avaient été tuées lors de l’accident survenu en mars, au moment où le système du SU7 proposé sous l’appellation «autopilote» (Navigate On Autopilot - NAO) était activé. Le véhicule avait détecté un obstacle sur une section en chantier de l’autoroute et émis un avertissement avant de rendre le pilotage au conducteur, avait expliqué Xiaomi dans un rapport. Quelques secondes plus tard, le véhicule avait percuté une barrière à la vitesse de 97km/h. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient le véhicule en flammes, puis l'épave calcinée. Cette tragédie avait lancé en Chine un débat autour de la publicité dont font l’objet ces véhicules, parfois présentés comme capables de conduite autonome, ainsi que sur les causes de l’incendie ou encore sur la possibilité d’ouvrir les portes en cas d’urgence. «Priorité absolue» Le système «autopilote» proposé par le SU7 «augmentait le risque de collision (...) en l’absence d’intervention rapide du conducteur», a conclu vendredi le régulateur chinois. Xiaomi fait de la sécurité des utilisateurs une «priorité absolue», a de son côté réagi l’entreprise sur Weibo, ajoutant qu’aucune pièce physique ne devait être remplacée. Les corrections logicielles à distance, sans retour chez le concessionnaire, sont une pratique courante chez les constructeurs automobiles. Mais la nouvelle de la mise à jour logicielle a relancé le débat public autour de l’accident de mars: un mot-dièse lié à cette annonce avait été consulté plus de 70 millions de fois sur Weibo vendredi après-midi. Lancé en mars 2024, le SU7 a marqué l’entrée audacieuse du géant de l'électronique grand public et des smartphones dans le marché chinois des véhicules électriques. En juillet 2025, Xiaomi avait déjà livré un total de plus de 300.000 SU7, selon des données du Centre chinois de technologie et de recherche automobile, publiées à l'époque et citées par l’agence Bloomberg. Le modèle SU7 n’est aujourd’hui pas officiellement disponible à la vente à l'étranger, mais il pourrait faire son entrée dans les prochaines années sur le marché européen. © Agence France-Presse