
La reconnaissance au travail constitue un préalable à la reprise d’activité

Administrateurs et membres des comités exécutifs sont naturellement concentrés sur les performances financières et opérationnelles de leur entreprise. Pour autant, ils ne peuvent ignorer les enjeux sociaux et humains, tout particulièrement aujourd’hui. Pendant cette période inédite, nous avons vécu des choses qui ont des conséquences psychologiques très importantes. Si nous ne les prenons pas en considération, nous risquons de rater la reprise, a récemment expliqué David Mahé, fondateur de Human & Work, groupe de conseil en ressources humaines, lors d’un webinar de l‘Institut français des administrateurs (IFA).
D’ailleurs, le déconfinement n’est pas le retour à la normale. Les collaborateurs sont fatigués par les contraintes, par l’incertitude sur l’avenir de leur travail et sur la pérennité de leur entreprise. Ils ont dû faire face au manque de cohésion des équipes et à l’absence de reconnaissance. Toutefois, ils ont aussi créé des habitudes de travail qu’ils voudraient conserver, mais qui ne sont pas nécessairement bonnes pour l’entreprise. Tous ont le sentiment d'être des héros et d’avoir fait des efforts incroyables, souligne David Mahé.
Avec le déconfinement, les dirigeants sont tentés de replonger tout le monde dans l’opérationnel, comme avant. Or, beaucoup de salariés ne veulent plus travailler comme avant, et l’environnement a changé. Le management doit veiller à ne pas buter sur cet écueil, ni tenter de faire des différences entre les salariés en termes de reconnaissance. Cela ne sert à rien, précise David Mahé. Et entre les dirigeants absents et ceux qui mettent la pression, tous tâtonnent, reconnnaît-il.
Recréer de l’intelligence collective
L’important est d’anticiper l'état d’esprit probable des collaborateurs et de s’outiller en conséquence. Avec trois facteurs, clés du succès. Primo, le travail. Si le télétravail crée de l’autonomie et permet de gagner en efficacité individuelle, il pèse sur l’efficacité collective. Secundo, le social. Le redémarrage passe par un travail sur la cohésion des équipes. Tertio, la reconnaissance. Un besoin d’autant plus fort que les collaborateurs ont fait des efforts et ont le sentiment de ne pas être reconnus. Surtout pour les managers, auxquels on donne l’ordre de redémarrer. Pour répondre à ces attentes, le management dispose de trois leviers : la considération, la reconnaissance des efforts, et celle des résultats. Un préalable à remplir avant d’exiger des efforts supplémentaires. Les blocages actuels dans certains sites sont liés à des sujets de reconnaissance, confie David Mahé.
Concrètement, quelles bonnes pratiques peuvent être mises en place ? Le maintien d’un lien entre les personnes est indispensable. Il passe par des réunions d'équipes, et de convivialité, mais aussi par une communication régulière des dirigeants pour expliquer la politique de reprise. Et pourquoi pas organiser un entretien de retour pour les salariés ?
Une reprise réussie passera aussi par un pilotage et un accompagnement du déconfinement, avec la mise en place d’un plan d’actions piloté par la direction générale et d’indicateurs suivis par le comité exécutif (par exemple les niveau d’hyper-stress et de motivation intrinsèque des salariés) ; par un dispositif de soutien aux collaborateurs en difficulté ; par une formation des managers en compétences relationnelles et émotionnelles ; par l’identification et la résolution des difficultés liées à la cohésion des équipes en recréant de l’intelligence collective ; tout en rassurant et remerciant les équipes.
Plus d'articles du même thème
-
Le partage des profits des grandes entreprises se démocratise avec le temps
Les sociétés du SBF 120 ont versé 6% de leurs bénéfices 2024 au titre de la participation, de l'intéressement ou de l'abondement. -
La prise de décision reste un défi pour les conseils d’administration
Afin de les aider à effectuer les meilleurs choix pour l’entreprise, l’Institut français des administrateurs (IFA) vient de dévoiler son dernier guide «Le Conseil d’administration face à l’exercice de la décision» -
Luca de Meo promet un nouveau plan stratégique pour Kering début 2026
Devant les actionnaires, le nouveau directeur général de Kering s’est engagé à s’attaquer aux coûts du groupe de luxe et à réduire la dette.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- L'investissement dans une réindustrialisation circulaire pourrait sécuriser les fonds propres des banques
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
Contenu de nos partenaires
-
Dans le sud-ouest de l'Allemagne, les PME guidées pour s'adapter aux besoins de la défense
Une agence de soutien à l'innovation explique quelles étapes ces petites entreprises doivent accomplir pour prétendre à des commandes du secteur militaire -
Poussez pas !
Tout le monde veut entrer, personne ne veut sortir : embouteillage en prévision au gouvernement
La nomination de l’un des plus proches d’Emmanuel Macron à Matignon exige, en contrepartie, des changements au gouvernement pour casser l’impression d’un statu quo. Bien plus facile à dire qu'à faire -
Frappes israéliennes au Qatar : le Hamas accuse les Etats-Unis d'être « complices »
Doha - Le Hamas a accusé jeudi les Etats-Unis d'être «complices» des frappes israéliennes au Qatar contre des responsables du mouvement islamiste palestinien, estimant que l’attaque visait à torpiller les négociations pour une trêve à Gaza. «Ce crime était (...) une mise à mort de l’ensemble du processus de négociation», a affirmé un responsable du Hamas, Fawzi Barhoum, dans une déclaration télévisée, au moment où se déroulaient les funérailles des six personnes tuées dans le raid. «Nous affirmons que l’administration américaine est pleinement complice de ce crime», a-t-il ajouté. L’attaque sans précédent menée par Israël au Qatar mardi visait des responsables du Hamas réunis dans un complexe résidentiel en plein cœur de Doha, la capitale de ce pays du Golfe allié des Etats-Unis. Le Qatar a affirmé avoir été informé par Washington «10 minutes» après l’attaque, qui a suscité une rare réprimande du président américain Donald Trump, pourtant allié d’Israël, qui a dit être «très mécontent». L’administration Trump a affirmé n’avoir été notifiée qu'à la dernière minute «par l’armée américaine». «J’ai immédiatement demandé à l'émissaire spécial Steve Witkoff d’informer le Qatar de l’attaque imminente, ce qu’il a fait, mais malheureusement trop tard pour arrêter» les frappes, a-t-il dit. Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des Etats-Unis qui cherchaient alors à maintenir un canal de communication avec le groupe classé terroriste par la plupart des pays occidentaux. Funérailles sous haute sécurité L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a participé jeudi aux funérailles aux côtés de dizaines d’hommes en tenue traditionnelle qatarie, et d’autres en civil ou en uniforme. Un cercueil ceint d’un drapeau qatari, et cinq autres drapés aux couleurs palestiniennes ont été placés dans la mosquée Cheikh Mohammed ben Abdel Wahab de la ville, selon les images diffusées par la chaîne Qatar TV. Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité, installant des points de contrôle tout autour de la mosquée. Le Hamas a affirmé que les dirigeants du mouvement avaient survécu à l’attaque, mais a fait état de six morts: le fils du négociateur en chef Khalil al-Hayya, le chef du bureau de M. Hayya, trois gardes du corps et un policier qatari. Le ministère qatari de l’Intérieur a confirmé la mort du caporal Badr Saad Mohammed Al-Humaidi Al-Dosari, membre de ses forces de sécurité intérieure, ainsi que de trois autres personnes. Fawzi Barhoum a en outre indiqué que l'épouse du négociateur en chef du Hamas, la femme de son fils décédé et ses petits-enfants avaient été blessés dans l’attaque du bâtiment où ils résidaient. Selon les images visionnées par l’AFP, rien ne permettait de confirmer visuellement la présence de Khalil Al-Hayya aux funérailles. Selon des sources du Hamas, six dirigeants dont Khalil al-Hayya, Khaled Mechaal, ancien numéro un, et Zaher Jabarine, responsable du mouvement en Cisjordanie, étaient dans le bâtiment au moment de l’attaque. L’AFP n’est parvenue à joindre aucun d’eux depuis. Doha réévalue son rôle Le petit Etat gazier, qui abrite la plus grande base américaine de la région, joue le rôle de médiateur dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, aux côtés de l'Égypte et des États-Unis. Mais après les frappes israéliennes, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé que son pays «réévalu(ait) tout» concernant son rôle de médiateur, annonçant la tenue prochaine d’un sommet arabo-islamique à Doha pour discuter de la réponse à l’attaque israélienne. Il a en outre estimé mercredi que son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devrait être traduit en justice. Les frappes israéliennes ont choqué les riches monarchies du Golfe, qui ont longtemps misé sur les Etats-Unis pour garantir leur sécurité, et suscité de nombreuses condamnations internationales. Ali CHOUKEIR © Agence France-Presse