
La parité ouvrira la porte à la diversité dans les entreprises
Les femmes à l’honneur. Au lendemain de l’adoption en commission des affaires sociales de la proposition de loi de la députée LREM Marie-Pierre Rixain instaurant des quotasde femmes dans les instances dirigeantes de 30% d’ici cinq ans, et 40% d’ici huit ans, se sont tenues jeudi les Assises de la parité 2021.
Pour 81% des Français, la parité est incontournable, selon une étude Kantar, dévoilée à cette occasion. Mais de nombreux freins et stéréotypes subsistent, tandis que les incitations et explications restent insuffisantes. Moins d’un quart des répondants estiment que les lignes bougent vraiment. Pourtant, quasiment tous estiment légitime qu’une femme occupe un poste à responsabilité et près des deux tiers jugent «absolument pas normal» l’inégalité salariale et qu’une femme sacrifie sa carrière. Plus que la fixation de quotas, les Français jugent nécessaire de changer les mentalités, et pensent que la volonté de la direction fera la différence. En revanche, les répondants sont parfaitement divisés sur l’utilité de dénoncer les mauvaises pratiques (44% pour, 46% contre). Plus d’un sur deux pense que la parité doit devenir une priorité politique. Et les premiers à convaincre seront… les plus jeunes : les 18-24 ans voient des différences de compétences entre les hommes et les femmes, bien plus que leurs aînés, notamment en matière de direction des entreprises et de postes à responsabilité.
Créer des viviers de talents féminins
Si le déploiement de quotas est probablement nécessaire, ils sont plus faciles à mettre en œuvre pour les grandes entreprises, qui ont les viviers et les capacités de recrutement, que pour les ETI et PME, précise Thibault Lanxade, PDG du Groupe Jouve, invitant à une déclinaison des quotas adaptée à l’entreprise. Néanmoins, dans les PME, on compte déjà près 30% de femmes dirigeantes pour 43% de femmes dans la population active, souligne Jérôme Frantz, vice-président de la CCI Paris Ile-de-France. Pour ce dernier, la vraie question est aussi celle du vivier de talents féminins, à construire. Avis partagé par Marie-Pierre Rixain, précisant que sa proposition de loi vise à construire un vivier de cadres dirigeants pour accéder aux comités exécutifs ou de direction.
Pour Thierry de La Tour d’Artaise, PDG du Groupe Seb, le quota doit être réfléchi au niveau mondial et pas se limiter à la France. Le pourcentage de féminisation, le temps pour y arriver et le périmètre applicable doivent être «intelligents», ajoute-t-il. Il ne faut pas non plus bloquer la progression des hommes. Patrick Bertrand, président du comité Gouvernance des entreprises du Medef, se dit favorable aux quotas, mais demande d’arrêter de vouloir tout légiférer, en faisant confiance aux entreprises. Il rappelle que la crainte de la réputation est aussi grande que celle de la sanction. Sans compter la pression des clients, des talents, et des financeurs. «Les codes, ce sont les bonnes intentions ; quand on ne légifère pas, on n’avance pas», rétorque Marie-Jo Zimmermann, précisant que quand elle a proposé la loi sur les quotas dans les conseils d’administration, les lois sur l’égalité professionnelle n’étaient pas respectées. Au-delà des quotas, certains invitent à suivre les 10% les plus payés et les 10% les moins bien payés au sein de l’entreprise.
Cette mixité en entreprise permet aussi la créativité, un atout pour faire face à une crise comme celle du Covid. Elle constitue une étape pour amener à la diversité, d’intelligence, d’éducation…, et à l’inclusion. Dans une équipe diversifiée, les interactions sont plus grandes, les regards différents. Concrètement, la mixité nécessite d’établir des plans d’actions très volontaristes, de fixer des objectifs de parité dans les rémunérations variables des dirigeants du comex, de former les talents en interne, de promouvoir les candidats internes... Pour chaque nomination, il faut autant de femmes que d’hommes parmi les candidats.
Un impact positif sur les performances financières
Une parité qui accélérera la performance financière de l’entreprise. Une étude de la mission Junior CentraleSupélec montre ainsi l’impact de la parité sur les performances financières du CAC 40. En 2020, les entreprises du CAC 40 comptaient 39% de femmes, 35% de femmes cadres, mais seulement 22% au comité exécutif. L’écart entre la proportion de femmes dans les effectifs et dans le comex est moins marqué dans les métiers les plus masculins, comme l’énergie et l’industrie et le BTP. A contrario, il est plus élevé dans les secteurs bancaire et des biens et services, mais les entreprises augmentent toutes leur proportion de femmes, souligne l’étude.
L’étude a comparé les sociétés du CAC 40 avec moins et plus de 35% de femmes cadres. Les sociétés les plus féminisées ont enregistré une croissance de 18% de leur marge opérationnelle sur 2016-2020, contre 10% pour les autres, et leur action a bondi de 51%, contre 31% pour les autres. «Nos différentes approches vont dans le sens d’une corrélation positive entre performances et parité», conclut l’étude. Sur 2019-2020, les 20 sociétés du CAC 40 au comex le plus féminisé ont enregistré une baisse de 5% de leur chiffre d’affaires et de 2% de leur action, contre un recul de 10% et 5% pour les autres.
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