La mise en Bourse de Dia ne règle pas les problèmes de Carrefour

Poussée par Colony-Groupe Arnault, la scission intervient dans un contexte de marché difficile. Le soutien pourrait venir de l’aspect spéculatif
Olivier Pinaud

«Pourquoi se créer un concurrent direct et permettre à un autre distributeur de prendre, à terme, la possession de cet actif?». Ce proche de Carrefour, qui travaille pourtant depuis des années pour le groupe, feint ironiquement de ne pas comprendre l’intérêt de scinder en Bourse Dia, l’enseigne de discount du distributeur français. L’objectif est bien de permettre au tandem Colony-Groupe Arnault, premier actionnaire de Carrefour via Blue Capital avec 14% du capital, de retrouver une partie des pertes subies sur le titre depuis son arrivée aux commandes. Début 2007, lors de l’irruption de Blue Capital, l’action valait 45 euros. Vendredi, elle cotait 27,22 euros. La perte en capital de Colony-Groupe Arnault est estimée à un peu moins de 2 milliards d’euros.

Mais «cette recherche de la valeur à court terme», comme le disent les analystes de JPMorgan, a-t-elle des changes de réussir, encore plus dans le contexte de marché actuel ? Si l’opération est acceptée demain matin en assemblée générale extraordinaire, le capital de Dia sera distribué aux actionnaires de Carrefour, à raison d’une action Dia pour une action Carrefour, puis coté à la Bourse de Madrid le 5 juillet. «Dia réalise 100% de son résultat d’exploitation dans les pays développés, dont 93% en Espagne, avec peu de succès véritable dans les émergents malgré une longue présence», indique JPMorgan, pour relativiser l’intérêt de cet actif. Autre risque pour le titre Dia: les fonds indiciels présents au capital de Carrefour devront vendre les actions Dia reçues après la scission. Leur poids dans le capital est estimé à 4,5%.

A moyen terme, le soutien pourrait venir du caractère spéculatif du titre. Dia offrira dès sa cotation un capital très dispersé, avec Blue Capital comme seul actionnaire de poids, pendant au moins un an. «La cotation de Dia devrait ouvrir l’appétit des uns et des autres: les fonds d’investissement, les autres acteurs européens du secteur, le numéro un mondial de la distribution», reconnaît CM-CIC. Profitable pour Dia, et pour son actionnaire Blue Capital, une OPA d’un concurrent ou d’un fonds serait préjudiciable à Carrefour. Dia est en effet concurrent direct de son actuelle maison-mère, notamment en Espagne et en France.

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