
La fièvre protectionniste sud-américaine vise les fleurons de l’industrie espagnole
Deux semaines seulement après la nationalisation par l’Argentine de la filiale locale de Repsol, YPF, c’est au tour de la Bolivie d’exproprier un autre groupe espagnol de sa filiale locale. Le président bolivien a décidé hier de nationaliser la filiale locale de la compagnie espagnole d'électricité Red Electrica, Transportadora de Electricidad (TDE). «Aujourd’hui, jour de célébration des travailleurs qui se sont battus pour la reprise des ressources naturelles et des service de base, nous nationalisons les réseaux électriques» a indiqué Evo Morales. Le pays n’en est pas à son coup d’essai. Le 1er mai 2010, le gouvernement bolivien avait déjà nationalisé quatre autres filiales de groupes énergétiques étrangers, tels que le britannique Rurelec ou le français GDF Suez.
Red Electrica détient indirectement 99,9% de TDE, qui a réalisé un bénéfice net de 12,5 millions d’euros et des ventes de 45,7 millions l’an dernier, soit moins de 3% du chiffre d’affaires total du groupe espagnol qui dépasse 1,63 milliard. A titre de comparaison, YPF a dégagé un chiffre d’affaires de 9,4 milliards l’an dernier. Mais cette décision met à mal la présence des groupes espagnols, déjà affaiblis par la crise économique que traverse le pays, dans certains pays d’Amérique Latine. Madrid détient 20% de Red Eléctrica, qui a une valeur de marché de 4,45 milliards d’euros. L’action est en recul de 24% depuis le début de l’année.
Dans ce contexte, les autorités espagnoles chercheraient à trouver un accord de compensation financière avec La Paz. Red Electrica a investi environ 60 millions d’euros en Bolivie depuis l’acquisition de TDE en 2002 pour 92 millions. Sur le dossier YPF, l’Argentine proposerait actuellement nettement moins que les 10 milliards d’euros réclamés par Madrid. Repsol a perdu un cinquième de sa valeur de marché et a vu sa note dégradée de BBB à BBB- par S&P depuis la décision de Buenos Aires.
La fronde protectionniste reste cependant localisée à la Bolivie, l’Argentine, l’Equateur et le Venezuela, qui ont repris la main sur des actifs énergétiques, cimentiers, aériens, et miniers dans les cinq dernières années. Une fièvre qui a pour le moment échappée au Chili, à la Colombie, au Brésil et au Mexique. Une divergence qui se reflète sur le marché obligataire. Selon JPMorgan Chase, alors que le rendement moyen des obligations en dollar émises par le premier groupe de pays est de 10,36%, celui pour le deuxième groupe est limité à 3,88%.
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