
La crise démolit le modèle du secteur espagnol de la construction

La crise a balayé une partie du monde bancaire espagnol. Elle est en train de bousculer le secteur de la construction et des sociétés d’infrastructures, le fleuron industriel du pays. Surendettés et en proie à une chute de leur activité, les grands noms du BTP dénouent progressivement leurs relations capitalistiques. Alors que Sacyr a été contraint fin 2011 de renoncer à ses ambitions sur le pétrolier Repsol, ACS a vendu coup sur coup en avril 3,6% de l’électricien Iberdrola (798 millions d’euros) puis 10% du concessionnaire d’autoroutes Abertis (875 millions d’euros). D’autres cessions devraient suivre: fin 2011, ACS comptait plus de 8 milliards d’euros d’actifs à vendre, dont encore 14,8% au capital d’Iberdrola en tenant compte du dernier bloc vendu.
Conséquence de l’arrêt des programmes publics et de la crise de l’immobilier, le marché local de la construction s’est effondré de moitié depuis 2008, soit un repli moyen de 18% par an. Or, rien n’appelle à un prochain sursaut. La consommation de ciment a poursuivi sa chute depuis le début de l’année, marquant même un plongeon record de 32% en février. Dans le même temps, du fait des difficultés budgétaires de l’Etat et des régions, les impayés se sont accumulés. Rien que pour FCC, les arriérés sont estimés à 1,7 milliard d’euros, soit 15% de son chiffre d’affaires annuel. Or, si le gouvernement de Mariano Rajoy s’est engagé lors de sa prise de fonction à payer ses factures et si deux décrets royaux ont été récemment adoptés en ce sens, le montant définitif qui pourrait être reversé aux groupes de construction du pays reste très hypothétique.
Dans ce contexte, le besoin en fonds de roulement des groupes de construction s’est fortement dégradé, provoquant de vives tensions sur leurs structures de financement. Après ses dernières cessions, ACS portait par exemple une dette nette de 11,7 milliards d’euros, soit 6,3 fois son excédent brut d’exploitation. Le ratio de Vinci, le numéro un mondial de la construction, est près de trois fois inférieur.
Enfin, cette «consanguinité» entre grands groupes espagnols a des effets néfastes pour leur propre valorisation. Environ 70% de la capitalisation boursière d’ACS est liée à des participations détenues dans d’autres sociétés espagnoles ce qui «l’expose fortement aux fluctuations du marché boursier espagnol», rappellaient récemment les analystes de Credit Suisse.
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