La crise de gouvernance s'éternise chez Thales

Le groupe a désigné hier Philippe Logak comme PDG par intérim, le temps que ses deux premiers actionnaires, l’Etat et Dassault, se mettent enfin d’accord.
Olivier Pinaud

La mésentente entre l’Etat et Dassault Aviation continue de peser sur la gouvernance de Thales. Hier, le conseil d’administration du groupe de défense a désigné Philippe Logak, actuel secrétaire général, au poste de PDG par intérim, le temps que ses deux premiers actionnaires se mettent enfin d’accord sur un nom. Une situation qui inquiète les salariés du groupe – Thales emploie 65.000 personnes – alors que le départ brutal de Jean-Bernard Lévy pour EDF avait déjà fait naître des craintes sur la dynamique du plan de relance.

Les relations entre l’Etat, qui détient 26,4% du capital, et Dassault (25,3%), n’ont jamais été simples. Déjà, le remplacement de Luc Vigneron en 2012 avait donné lieu à d’âpres discussions entre les deux actionnaires. Le choix de Jean-Bernard Lévy, extérieur au groupe, avait permis de trouver un accord.

Agacé par le fait d’avoir été mis devant le fait accompli lors du transfert de Jean-Bernard Lévy vers EDF, le groupe Dassault poserait plusieurs conditions pour le choix de son successeur. Le fabricant du Rafale préférerait une solution externe tandis que l’Etat pousserait pour une promotion. Et dans ce cas, les actionnaires divergent également. Patrice Caine, actuel numéro deux du groupe nommé par Jean-Bernard Lévy, aurait les faveurs de l’Agence des participations de l’Etat. Mais si une solution interne était retenue, Dassault préfèrerait Pierre-Eric Pommellet, responsable des systèmes de mission de défense de Thales. Les deux actionnaires n’auraient également pas trouvé une position commune sur le fait de dissocier ou non les fonctions de président et de directeur général.

Ce flottement a donc profité à Philippe Logak. «Il semblerait que le ‘lien Vivendi’ ait joué dans cette sélection, (le directeur général de l’APE) Régis Turrini et Philippe Logak se connaissant de longue date», a indiqué une source à Reuters. Ancien secrétaire général de SFR, filiale de Vivendi alors dirigée par Jean-Bernard Lévy, Philippe Logak a démarré sa carrière en 1995 à la direction générale pour l’armement (DGA) du ministère de la Défense. Régis Turrini, nommé fin juillet à la tête de l’APE, a passé une douzaine d’années chez Vivendi, où il a notamment occupé le poste de responsable des fusions-acquisitions.

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