La consolidation dans les semi-conducteurs se complique sérieusement

Les réticences des autorités américaines ont eu raison de la fusion Applied Materials-Tokyo Electron. Elles risquent de freiner les envies de M&A.
Olivier Pinaud

Malgré une année et demie de travail, Applied Materials et Tokyo Electron ont préféré renoncer à leur projet de fusion. Les nombreuses interrogations et les réticences du département américain de la Justice, qui s’était saisi du dossier, ont eu raison de la motivation des deux fabricants de machines pour l’industrie des semi-conducteurs. Le point de blocage ne portait pas sur l’insuffisance des concessions proposées par les deux groupes.

L’administration américaine s’inquiétait essentiellement des conséquences qu’aurait provoquées le rapprochement des deux équipementiers sur le degré d’innovation dans le secteur et des éventuelles conséquences pour le consommateur. Des éléments immatériels «difficilement quantifiables» et auxquels il était difficile de répondre, a reconnu hier Gary E. Dickerson, le PDG d’Applied Materials, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers.

L’intransigeance de la justice américaine, également constatée la semaine dernière par les câblo-opérateurs Comcast et Time Warner Cable, risque de compromettre toute velléité de fusion dans le secteur des équipements pour les semi-conducteurs, déjà relativement concentré derrière le néerlandais ASML, numéro un mondial. Regrettant l’échec du projet de fusion, trois ans après sa prise de fonction, Gary E. Dickerson a affirmé vouloir concentrer Applied Materials sur la croissance interne car «en matière de fusion-acquisition, la barre est très élevée». Les cibles bénéficiant de positions de marché fortes sont peu nombreuses, qui plus est une fois appliqués les critères de retour sur investissement et de synergies, a expliqué le dirigeant.

Applied Materials en dira plus sur sa stratégie le 14 mai lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Hier, la direction a indiqué toujours viser 44,5% de taux de marge brute. Mais l’échec de la fusion lui fait notamment perdre un avantage fiscal conséquent. Constitué via la création d’une société holding immatriculée aux Pays-Bas, le montage de «tax inversion» aurait permis à Applied Materials d’abaisser à 17% son taux d’imposition annuel, soit 3,8% points de moins qu’actuellement. Seul, le groupe américain a reconnu qu’il n’arrivera pas à réduire autant son taux d’impôt sur les bénéfices.

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