JCDecaux paye au prix fort l’annonce de perspectives et de résultats décevants

L’absence de dividende au titre de 2022 illustre l’enjeu des renouvellements des grands contrats pour le spécialiste de la communication extérieure.
Agefi-Dow Jones
 panneau publicitaire JCDecaux
L'afficheur saute une nouvelle année de dividende pour garder des munitions financières en vue d'investissements  -  photo JCDecaux.

L’action du numéro un mondial de l’affichage publicitaire JCDecaux a plongé de 13,2% jeudi, à 19,78 euros, dans le sillage de la présentation de résultats et de perspectives globalement décevants et traduisant la lente reprise de ses activités en Chine. La chute du titre est d’autant plus importante qu’il affichait mercredi soir un gain de 28,6% depuis le début de l’année.

L’an passé, JCDecaux a renoué avec les profits, réalisant un bénéfice net de 132,1 millions d’euros, à comparer à une perte nette de 14,5 millions d’euros en 2021. Sa marge opérationnelle a rebondi de 42,8% en 2022 par rapport à 2021, à 602,9 millions d’euros, faisant ressortir un taux de marge opérationnelle ajustée de 18,2%, en amélioration de 280 points de base sur un an.

Cependant, la marge opérationnelle du groupe est ressortie inférieure de 2% aux prévisions moyennes des analystes au cours du dernier exercice. Sur la période, la robustesse du levier opérationnel de JCDecaux a été masquée par les pressions subies par son activité en Chine, en raison des restrictions de mobilité, relève JPMorgan. «La performance, moins bonne que prévu, du pôle mobilier urbain a occulté les résultats meilleurs qu’attendu des divisions transport et affichage», observe de son côté Citi.

La marge opérationnelle ajustée du pôle mobilier urbain, premier contributeur aux résultats du groupe, a augmenté de 94,3 millions d’euros en 2022 sur un an, à 417,7 millions d’euros, alors que les analystes l’anticipaient à 450 millions d’euros selon Oddo BHF. Celle de la division transport a progressé de 60,1 millions d’euros dans le même temps, à 118,3 millions d’euros, dépassant le montant de 96 millions d’euros escompté par le marché. La marge opérationnelle ajustée des activités d’affichage a atteint 67 millions d’euros l’an passé, contre 40,7 millions d’euros en 2021 et 60 millions d’euros attendus par UBS.

Toujours pas de dividende

Côté bilan, la dette nette de JCDecaux a légèrement augmenté pour ressortir à 975 millions d’euros à fin 2022, contre 924,5 millions un an plus tôt, en raison des opérations de fusion ou d’acquisition réalisées par le groupe.

Le flux de trésorerie disponible ajusté s’est détérioré pour atteindre 43,2 millions d’euros en 2022, contre 211,5 millions d’euros en 2021. Cet indicateur a été pénalisé «par une hausse des investissements liée aux gains et renouvellements de contrats, incluant le versement de plus de la moitié des droits publicitaires liés au contrat de quinze ans avec Shanghai Metro», commente Oddo BHF. Malgré ces vents contraires, Citi s’attendait à ce que JCDecaux enregistre l’an passé un flux de trésorerie, un peu plus élevé, de 67 millions d’euros.

Dans ce contexte et afin de continuer à optimiser notre capacité à saisir de futures opportunités d’investissement organique et externe ciblées, nous proposerons à l’assemblée générale qui se tiendra le 16 mai prochain, de ne pas verser de dividendes en 2023», au titre de l’exercice 2022, a averti JCDecaux dans un communiqué. En raison de la crise sanitaire, aucun dividende n’a été versé par le groupe en 2021, ni en 2022.

Cela constitue un autre point de crispation pour le marché, alors que les analystes prévoyaient le versement d’un dividende de 0,34 euro par action cette année, au titre de l’exercice 2022.

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La clé du redémarrage chinois

L’annonce des perspectives du groupe n’a fait qu’accroître la déception des investisseurs. «Au premier trimestre 2023, nous prévoyons désormais une croissance du chiffre d’affaires organique autour de 2,5% y compris une baisse à deux chiffres du chiffre d’affaires en Chine où nous commençons à observer un point d’inflexion à partir du mois de mars marqué par un retour à la normale de la mobilité», a indiqué Jean-Charles Decaux, président du directoire et co-directeur général du groupe, cité dans le communiqué.

Citi relève que les analystes tablaient jusqu’ici sur une croissance organique de 8% du chiffre d’affaires de JCDecaux pour le premier trimestre de cette année. «Il est encourageant de constater que l’inflexion en Chine a commencé à se manifester ce mois-ci, mais l'élément clé sera le degré de ce rebond», prévient Citi. Plus que jamais, le sort boursier de JCDecaux passe par la Chine.

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