Huawei ploie sous l’effet des sanctions américaines

Le groupe de télécoms chinois a dégagé un bénéfice net de 35,6 milliards de yuans (4,7 milliards d’euros), en baisse des deux tiers par rapport à 2021.
L’équipementier télécoms chinois Huawei
L’équipementier télécoms chinois Huawei  -  DR.

«2023 sera cruciale pour la survie et le développement de Huawei. Au milieu de cette tempête, nous allons continuer à avancer». D’emblée, Eric Xu, le président du géant chinois des télécoms a annoncé la couleur. Le groupe chinois non coté présentant vendredi ses résultats à la presse, vendredi matin. Le mastodonte aux 207.000 employés présent dans plus de 170 pays a accusé le coup face à la conjoncture économique et aux sanctions américaines.

Meng Whanzou va devoir aider la société à surmonter ce contexte économique à la présidence tournante de Huawei, qu’elle assurera à partir du 1er avril. Une première pour la fille du fondateur, plus connue pour ses déboires avec la justice américaine.

Sur l’année 2022, Huawei a dégagé un bénéfice net de 35,6 milliards de yuans (4,7 milliards d’euros), divisé par trois par rapport à 2021, pour un taux de marge «historiquement bas» de 5,5%. En 2021, son bénéfice était tiré par la vente de son activité de smartphones de milieu de gamme Honor.

Son chiffre d’affaires du groupe est en revanche en légère hausse sur un an (+0,9%), à 642,3 milliards de yuans (85,8 milliards d’euros), après avoir enregistré en 2021 un repli de plus de 28%. Huawei avait en 2022 un solde de trésorerie net de 176,3 milliards de yuans.

Le chiffre d’affaires de la division entreprise a grimpé de 30%, celui de son activité télécommunications a légèrement augmenté de 0,9% tandis que les ventes de son activité électronique grand public ont chuté de 11,9%.

+13,5% en R&D

Huawei continue aussi de capitaliser sur sa recherche – développement : il y a investi 161,5 milliards de yuans en 2022 (+13% en un an), soit l'équivalent d’un quart de son chiffre d’affaires, pour «mettre au point des composants, des centres de données… auxquels nous n’avons plus accès à cause des sanctions (US)», précise Meng Whanzou, sous sa casquette actuelle de directrice financière du groupe.

Le groupe n’a en revanche pas communiqué de chiffres sur ses ventes de téléphones portables pour l’année 2022. Non coté, il n’est pas soumis aux mêmes obligations de certification des comptes ou de détails dans ses publications de résultats que les groupes en Bourse.

Chaînes d’approvisionnement coupées

Le géant chinois ploie encore sous le coup des sanctions prises par l’ancien président américain Donald Trump, qui l’avait placé en 2019 sur liste noire – politique poursuivie par son successeur démocrate Joe Biden. Les entreprises américaines ne peuvent vendre à Huawei des composants, notamment des microprocesseurs. L’actuelle administration de Joe Biden n’a rien changé à cette politique.

Ces sanctions américaines s’appliquent aussi au système d’exploitation Android de Google, qui équipe une grande partie des smartphones vendus dans le monde. Cette situation a affaibli ces dernières années la branche téléphones d’Huawei. Depuis, il a revu sa stratégie : désormais, Huawei ne vend quasiment plus de smartphones en Europe et s’est recentré sur le marché asiatique et la Chine.

Huawei souffre aussi dans son activité centrale d’équipementier pour la 5G. Washington a fait pression sur ses alliés pour qu’ils lâchent leur collaboration avec Huawei pour développer leurs réseaux 5G, estimant que Huawei pourrait servir de relais d’espionnage pour Pékin. Ce que Huawei a toujours démenti.

Diversification

La firme de Shenzhen diversifie donc désormais ses activités, au-delà de son champ traditionnel des télécoms. Elle a développé ces dernières années trois branches, le cloud (stockage de données dématérialisées), une branche digital power (avec notamment des onduleurs photovoltaïques), la conception de puces, ou encore les équipements pour voitures connectées en Chine. Des activités en croissance, mais encore naissantes : sa solution de cloud représente 45,3 milliards de yuans en 2022, la branche Digital power 50,8 milliards de yuans.

En outre, le groupe développe davantage ses propres composants et systèmes d’exploitation mobiles – qui équipent certains de ses derniers smartphones, comme la gamme de Mate 50.

Interrogé sur le développement récent du premier logiciel chinois de conception et production automatisé de puces (EDA), qui leur permettrait de concevoir des puces jusqu’à 14 nm, Eric Xu a confirmé que la société y était parvenue. Et que Huawei pourrait donc utiliser ses propres outils EDA pour concevoir des puces. Un nouvel espoir pour l’industrie chinoise des semi-conducteurs, comme Huawei, elle a été la cible des mesures d’embargo américaines.

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