
General Mills étudie une revente de Yoplait

Près de 1,6 milliard d’euros. C'était la valorisation de Yoplait lors de son rachat par General Mills, il y a bientôt dix ans. Une opération majeure reflétant les espoirs mis par le géant américain dans les produits laitiers commercialisés par le groupe français, anciennement contrôlé par PAI Partners. Mais à l’heure du bilan, le mariage n’a pas été aussi fructueux qu’espéré, avec des ventes de Yoplait en déclin aux Etats-Unis et dans l’Hexagone. La pandémie de Covid-19 n’aurait pas arrangé la situation.
Une cession globale
Conséquence : General Mills étudierait la cession de sa filiale, dont la partie européenne est détenue à hauteur de 51%, a appris l’Agefi. «Dans le cadre de ces travaux, General Mills est accompagné par Morgan Stanley», soufflent plusieurs sources. En parallèle, la coopérative Sodiaal – actionnaire de Yoplait à hauteur de 49% – est conseillée par Rothschild & Co. «General Mills privilégie la piste d’une cession globale, incluant l’activité américaine de Yoplait dont la valeur est peu ou prou identique à celle du continent européen», fait savoir un proche du dossier. S’il parvenait à ses fins, cela pourrait se traduire par une opération se chiffrant à près de 3 milliards de dollars. Mais de l’avis de nombre d’observateurs, le prix à débourser s’avère élevé.
Lactalis aurait renoncé
La plupart des géants de l’agroalimentaire pourraient potentiellement se positionner. Nestlé et Lactalis avaient d’ailleurs tourné autour de Yoplait en 2011, à l’instar du chinois Bright Food et du mexicain Lala. A l’époque, le colosse de Vevey envisageait de s’associer au groupe d’Emmanuel Besnier, mais ce dernier avait préféré mener des tractations pour réaliser seul l’opération. En vain.
Aujourd’hui, la candidature de Lactalis à un potentiel rachat ne serait plus d’actualité. Non pas par manque d’appétit, mais en raison du risque de surendettement que représenterait l’opération. Lactalis vient en effet de mettre sur la table près de 2,7 milliards d’euros pour s’accaparer les fromages de l’américain Kraft Heinz, notamment propriétaire des marques Kraft, Hoffman’s, Breakstone’s et Knudsen.
Sodiaal en discussion
Le principal frein à un rapprochement avec un autre géant de l’agroalimentaire se trouve au sein du contrat signé entre General Mills et Sodiaal en 2011. «Le groupe américain, persuadé de ne jamais avoir à revendre Yoplait, s’est engagé à ne jamais céder sa participation à l’un des grands concurrents du secteur, et Nestlé comme Lactalis font expressément partie de cette liste d’exclusion», indique une personne familière du sujet. Pour remédier à ce problème, Sodiaal prévoirait de reprendre le périmètre européen de Yoplait, dont il possède déjà 50% de la marque et 49% de la structure opérationnelle. Une opération moins coûteuse que l’ensemble de Yoplait, puisque correspondant au seul périmètre de l’activité cédée par PAI Partners en 2011. A ce titre, Sodiaal avait tenté de renforcer son assise financière en début d’année en levant près de 100 millions d’euros, mais le projet aurait été stoppé en raison de la pandémie.
La complexité d’un tel «carve-out» ne serait pas négligeable, car le périmètre en question a depuis été intégré au sein de General Mills Europe – qui commercialise aussi les marques Géant Vert, Häagen-Dazs, Old El Paso et Nature Valley. En parallèle, ce projet périlleux serait mené de front avec celui de la cession de l’activité nord-américaine de Yoplait, intégralement détenue par General Mills. Sans compter le potentiel caractère politique du dossier. En 2011, lors de la vente de Yoplait par PAI Partners, la candidature de groupes chinois avait suscité une levée de boucliers.
Contacté, General Mills n’a apporté aucun commentaire, tandis que Yoplait a démenti tout projet de cession.
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