
GE espère se relancer en changeant de tête

La nouvelle a fait bondir le marché de joie. L’action General Electric (GE) s’est adjugé jusqu’à 12% hier à New York suite à l’annonce surprise du départ du directeur général John Flannery et son remplacement par l’un des administrateurs du conglomérat américain, Larry Culp.
GE entend également tourner la page des problèmes rencontrés par sa division énergie, en passant une dépréciation de survaleurs de près de 23 milliards de dollars (19,8 milliards d’euros) essentiellement sur les actifs d’Alstom dans l’énergie acquis en 2015. Le conglomérat prévient par la même occasion qu’il manquera ses objectifs de flux de trésorerie disponible et de bénéfice par action pour 2018, précisément en raison de la faiblesse de l’activité de la division énergie (GE Power).
Les annonces financières, largement attendues par les analystes et le marché, n’ont pas provoqué d’inquiétude. Les investisseurs ont préféré retenir le changement à la tête de GE, annonciateur d’un renouveau après une série de contre-performances et des années de réduction draconienne du périmètre du conglomérat.
La chute des bénéfices de GE Power l’année dernière l’avait déjà poussé à annoncer un avertissement financier, pour la deuxième fois depuis la crise des années 1930. Sous la direction de John Flannery en août 2017, soit en à peine 14 mois, l’action GE a perdu plus de la moitié de sa valeur. Plusieurs analystes estiment que le départ du dirigeant est lié à un nouveau manquement des objectifs de GE Power au troisième trimestre – plusieurs centrales électriques équipées de ses nouvelles turbines ont dû être fermées en raison de pièces défaillantes. Le groupe publiera ses comptes trimestriels le 25 octobre.
Larry Culp, grand timonier de Danaher Corp
John Flannery, à qui le marché reproche une certaine lenteur, n’a pas pu redresser le groupe malgré des suppressions de postes massives et la vente d’activités. Il avait annoncé en juin dernier un plan d'économie de deux milliards de dollars, le projet de vente de la division santé et la cession de la participation de GE dans la filiale de services pétroliers Baker Hughes pour se recentrer sur l’aéronautique, l'électricité et les énergies renouvelables. Mais le conseil d’administration a fini par céder à son impatience.
L’ex-dirigeant paie notamment les erreurs commises par son emblématique prédécesseur Jeff Immelt. Ce dernier a souhaité concentrer GE dans certaines activités industrielles, cédant des pans entiers (comme la finance) ; il a en outre surexposé le conglomérat aux énergies fossiles en acquérant les activités d’Alstom pour 10,3 milliards de dollars, alors qu’il se restructurait. «Le conseil d’administration indique au marché qu’il n’accordera plus de carte blanche comme cela a été le cas avec Jeff Immelt», indique l’analyste de Morningstar. Jeff Immelt, auquel John Flannery a succédé, a exercé un règne sans partage entre 2001 et 2017.
Alors que son prédécesseur a passé trente ans chez GE, Larry Culp, lui, n’a rejoint le groupe qu’en février dernier, après avoir dirigé Danaher Corp entre 2000 et 2014. «Les investisseurs verront le remplacement favorablement, étant donné son succès à la tête de Danaher, son statut d’outsider et le fait qu’il n’a pas ‘besoin’ du poste après une carrière lucrative et reconnue», estime le courtier Cowen. Le marché devrait donc s’attendre à des décisions rapides et fortes de la part du nouveau patron. «Nous allons agir urgemment. Nous avons beaucoup de travail devant nous pour dégager la valeur de GE», indique d’ailleurs Larry Culp dans le communiqué du groupe.
Plus d'articles du même thème
-
Les agences de crédit affichent leur optimisme pour la Péninsule ibérique
S&P Global a relevé vendredi d’un cran à «A+» la note de l’Espagne, tandis que Fitch a aussi rehaussé d’un cran à «A» celle du Portugal, avec une perspective stable dans les deux cas. -
Boeing échoue encore à faire cesser la grève dans son pôle défense
Le conflit, qui touche trois usines américaines, va se poursuivre après le rejet vendredi de la dernière proposition de convention collective présentée par l’avionneur. -
«L’or demeure l’une de nos convictions fortes»
Nicolas Laroche, Global Head of Advisory & Asset Allocation, UBP
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
C'est non !
L’appel de la tech française contre la taxe Zucman
Start-uppers et investisseurs affirment que la taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros est non seulement « contre-productive » mais aussi « inopérante ». Et détourne de l'essentiel : le risque de décrochage -
Editorial
L'imposture des hausses d'impôts comme compromis budgétaire
Le compromis, pardon : cette compromission fiscale sur le dos des entreprises est une impasse -
Tribune libre
Appel des entrepreneurs de la tech contre la taxe Zucman : « Ne cassons pas l’élan entrepreneurial français ! »
« Pour nous, entrepreneurs et investisseurs français, la proposition de Zucman est non seulement inopérante, mais elle nous détourne du principal enjeu de notre pays : le risque d’un décrochage économique et technologique par rapport au reste du monde, dans un contexte international de plus en plus dangereux et fragmenté »