
Euroapi parviendra à se sevrer de Sanofi en soignant son essor dans le CDMO

Pour Euroapi, le succès, commercial autant que boursier, tient en quatre lettres : CDMO, pour Contract Development and Manufacturing Organization. Ce sigle désigne l’activité qui consiste, pour l’entreprise définitivement scindée de Sanofi le mois dernier, à fabriquer des principes actifs pharmaceutique (API) dont elle ne détient pas la propriété intellectuelle.
L’an passé, la part de l’activité CDMO dans le chiffre d’affaires d’Euroapi était encore relativement faible. Elle ressortait à 24,9%, quand 75,1% des revenus de la société provenaient de sa division API Solutions, en charge du développement et de la commercialisation de son propre portefeuille d’API. Mais la croissance des ventes du segment CDMO ainsi que son niveau de rentabilité sont supérieurs à ceux du pôle API Solutions.
Selon JPMorgan, le chiffre d’affaires de la branche CDMO devrait progresser de 16% par an en moyenne entre 2021 et 2025, contre un taux de croissance moyen annuel attendu à 2,7% pour les revenus de la vente d’API au cours de cette même période. L’an passé, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) retraité de l’activité CDMO a représenté 17,5% de ses ventes, contre une marge de 10,5% pour le segment API Solutions.
Des résultats amenés à «significativement» s’améliorer
Les dirigeants d’Euroapi ont la ferme intention d’accélérer la réorientation de son centre de gravité vers l’activité CDMO, «en y allouant en priorité les capacités existantes disponibles». Leur ambition ? Que cette division compte pour 25% à 30% des ventes du groupe cette année, avant de la voir contribuer à 35% de son chiffre d’affaires en 2025. En 2022, Euroapi prévoit de réaliser un chiffre d’affaires total de 1 milliard d’euros, en hausse de 10,9%, et une marge d’Ebitda retraité de 14%, contre 12,3% en 2021.
«L’entreprise est bien armée pour atteindre ses objectifs» et «ses performances devraient s’améliorer significativement», car Euroapi ne pâtira plus «du peu d’attention que lui portait Sanofi», commente Deutsche Bank. Introduite en Bourse par le groupe pharmaceutique le 6 mai dernier, Euroapi dispose à présent d’une indépendance qui met au jour «le potentiel d’accélération de ses signatures de nouveaux contrats, en particulier dans l’activité de CDMO», appuie JPMorgan.
«Ayant acquis son indépendance vis-à-vis de Sanofi, Euroapi a l’opportunité de rattraper ses pairs en matière de performances financières en appliquant une stratégie claire et bien définie», abonde Oddo BHF. Selon l’intermédiaire financier, les activités de CDMO ont démontré leur intérêt pendant la crise sanitaire et profitent de la propension des grands groupes pharmaceutiques à externaliser certaines de leurs opérations.
L’unanimité parmi les analystes
Euroapi se situait à la septième place du marché mondial du CDMO pour les API en 2020. La société estime disposer d’un ancrage solide sur cette activité et d’une marge de croissance importante compte tenu des ressources limitées qui y étaient précédemment allouées. L’entreprise n’est par ailleurs plus tenue de servir en priorité les besoins captifs de Sanofi dans ce domaine, ce qui lui permettra de réduire sa dépendance au groupe pharmaceutique. Sanofi représentait 45,6% de l’activité du producteur de principes actifs en 2021, part que celui-ci entend ramener dans une fourchette de 30% à 35% d’ici à 2025.
Euroapi vise le top 5 mondial des CDMO en matière de ventes d’ici trois ans. Si pour y parvenir la société compte s’appuyer sur la conquête de nouveaux clients, les investisseurs anticipent aussi des opérations de croissance externe. Le marché mondial du CDMO pour les API est «très fragmenté», «ce qui laisse une grande place pour un mouvement de consolidation», observe Deutsche Bank. Oddo BHF estime que la société dispose d’un budget de 500 millions d’euros pour réaliser des acquisitions.
Dans ce contexte, les six analystes qui ont pris position sur la valeur depuis son entrée en Bourse en recommandent l’achat, selon FactSet. La plupart d’entre eux s’enthousiasment pour la transformation en cours de la société, pour laquelle ils prédisent une croissance supérieure à celle de ses concurrents, dont le suisse Siegfried.
Un actionnariat en voie de stabilisation
Des ventes de titres Euroapi de la part de fonds indiciels pourraient encore peser sur son cours de Bourse ces prochains jours, mais le phénomène devrait disparaître au plus tard le 17 juin prochain. C’est à cette date que la valeur quittera le CAC 40 – qui compte en fait 41 membres depuis le 6 mai dernier –, tout en restant dans le SBF 120, comme l’a annoncé Euronext jeudi soir.
Les principaux actionnaires de l’entreprise que sont Sanofi, réunissant 30% de son capital, et Bpifrance (12%) se sont engagés à garder leurs actions Euroapi pendant au moins deux ans. L’Oréal (5%) s’est astreint à conserver les siennes pendant une durée de douze mois.
Prenant en compte tous ces éléments, les analystes ont fixé un objectif de cours de 17,88 euros en moyenne pour l’action Euroapi, ce qui représente un potentiel de hausse de 25% par rapport à son niveau actuel. Dans le cadre de l’admission de la négociation et par cotation directe des titres Euroapi le mois dernier, leur prix de référence avait été fixé à 12 euros.
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