
Engie, l’autre casse-tête de l’Etat actionnaire

Sur les trois privatisations qu’autorise la loi Pacte, seule celle de la Française des Jeux, espérée fin 2019, semble aujourd’hui à la portée du gouvernement. La perspective d’un référendum d’initiative partagée a englué le dossier ADP. Quant à Engie, encore détenu à 23% par l’Etat, difficile d’imaginer une vente de titres à court terme. A 13,61 euros hier, l’action du groupe d’énergies évolue sous les 13,80 euros que l’Etat avait touchés lors de sa dernière vente de titres en septembre 2017.
«La sortie de l’Etat est complexe», reconnaît un proche du dossier. Jean-Pierre Clamadieu, le nouveau président d’Engie, a réfléchi au sujet avec l’Agence des participations de l’Etat. Mais à ce stade, aucun schéma précis n’a été arrêté, ajoute cette source. L’APE ne fait pas de commentaire.
Selon ce proche, «l’idéal aurait été de trouver un actionnaire stable, de long terme», susceptible de reprendre une partie des actions de l’Etat. Mais les acteurs publics ou privés en mesure de cocher les cases indispensables pour réaliser un investissement aussi stratégique ne courent pas les rues. La participation de l’Etat vaut, aux cours actuels, près de 8 milliards d’euros.
Détentrice d’un peu moins de 2% du capital d’Engie, la CDC n’a pas vocation à aller au-delà. «Total ? Il ne s’intéresse pas à tous les métiers d’Engie, sauf potentiellement aux énergies renouvelables, et pourquoi immobiliserait-il 8 milliards d’euros dans une participation minoritaire», tranche cette source. Quant à un découpage d’Engie pour mieux le vendre, «cela n’a jamais été discuté avec l’APE».
Dans ces conditions, seule une vente au fil de l’eau semble aujourd’hui possible, par une succession de «cessions de blocs ou d’opérations plus techniques», reconnaît cette source. D’où la nécessité pour la directrice générale, Isabelle Kocher, de montrer que la nouvelle stratégie présentée fin février peut redorer la valorisation d’Engie. Ce dont doute encore le marché. Depuis l’annonce du plan le 27 février, le cours de l’action fait du surplace.
Dans un entretien au quotidien belge l’Echo, Jean-Pierre Clamadieu a assuré que s’il est «attentif, vigilant, en challenge» le conseil d’administration «approuve cette stratégie». «Avec Isabelle, nous travaillons dans un bon état d’esprit et notre collaboration fonctionne efficacement», a-t-il ajouté pour couper court aux fréquentes rumeurs de dissensions à la tête d’Engie. Le tandem Clamadieu-Kocher aura l’occasion pour la première fois, demain, lors de l’assemblée générale d’Engie, d’afficher son unité. Et de défendre sa stratégie.
Plus d'articles Gouvernance
-
L’AFG se félicite du renforcement du dialogue actionnarial
Le sociétés de gestion votent de plus en plus aux assemblées générales, notamment hors Europe. L’AFG confirme son attachement à la tenue d’AG physiques. -
L’actionnariat salarié profite surtout aux dirigeants
La Fédération européenne FEAS s’inquiète de la chute de la démocratisation de l’actionnariat salarié, signe de l’absence d’outils de promotion adaptés. -
Schneider Electric se lance dans l’aventure du «say-on-climate»
Le groupe s’engage sur «zéro émission nette» de CO2 sur l’ensemble de sa chaîne de valeur d’ici à 2050, et sur la neutralité carbone en 2040.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- UBS rachète Credit Suisse pour éviter la contagion
- Fraude fiscale : BNP Paribas, la Société Générale et Natixis perquisitionnées
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
-
Consommation
La grande distribution tisse sa toile en Afrique
Les hypermarchés, supermarchés et magasins «cash & carry» gagnent du terrain sur le continent face à la distribution traditionnelle. Dopées par l'essor de la classe moyenne, les dépenses de consommation sont en constante progression -
Savoir
Palmarès mondial des universités: la France fait bonne figure
Dans le classement 2023 Quacquarelli Symonds (QS), figurent 73 établissements français. C’est deux de moins qu’en 2022 -
Bilan
Ukraine: la facture de l'agression russe s'alourdit
La Banque mondiale chiffre aujourd'hui à 411 milliards de dollars le coût de la reconstruction du pays contre 350 milliards à l'automne dernier