Engie, l’autre casse-tête de l’Etat actionnaire

Bien qu’autorisée par la loi Pacte, et moins problématique que la privatisation d’ADP, la sortie de l’Etat du capital d’Engie s’annonce complexe.
Olivier Pinaud
Engie énergie
Engie est encore détenu à 23% par l’Etat français.  -  DR.

Sur les trois privatisations qu’autorise la loi Pacte, seule celle de la Française des Jeux, espérée fin 2019, semble aujourd’hui à la portée du gouvernement. La perspective d’un référendum d’initiative partagée a englué le dossier ADP. Quant à Engie, encore détenu à 23% par l’Etat, difficile d’imaginer une vente de titres à court terme. A 13,61 euros hier, l’action du groupe d’énergies évolue sous les 13,80 euros que l’Etat avait touchés lors de sa dernière vente de titres en septembre 2017.

«La sortie de l’Etat est complexe», reconnaît un proche du dossier. Jean-Pierre Clamadieu, le nouveau président d’Engie, a réfléchi au sujet avec l’Agence des participations de l’Etat. Mais à ce stade, aucun schéma précis n’a été arrêté, ajoute cette source. L’APE ne fait pas de commentaire.

Selon ce proche, «l’idéal aurait été de trouver un actionnaire stable, de long terme», susceptible de reprendre une partie des actions de l’Etat. Mais les acteurs publics ou privés en mesure de cocher les cases indispensables pour réaliser un investissement aussi stratégique ne courent pas les rues. La participation de l’Etat vaut, aux cours actuels, près de 8 milliards d’euros.

Détentrice d’un peu moins de 2% du capital d’Engie, la CDC n’a pas vocation à aller au-delà. «Total ? Il ne s’intéresse pas à tous les métiers d’Engie, sauf potentiellement aux énergies renouvelables, et pourquoi immobiliserait-il 8 milliards d’euros dans une participation minoritaire», tranche cette source. Quant à un découpage d’Engie pour mieux le vendre, «cela n’a jamais été discuté avec l’APE».

Dans ces conditions, seule une vente au fil de l’eau semble aujourd’hui possible, par une succession de «cessions de blocs ou d’opérations plus techniques», reconnaît cette source. D’où la nécessité pour la directrice générale, Isabelle Kocher, de montrer que la nouvelle stratégie présentée fin février peut redorer la valorisation d’Engie. Ce dont doute encore le marché. Depuis l’annonce du plan le 27 février, le cours de l’action fait du surplace.

Dans un entretien au quotidien belge l’Echo, Jean-Pierre Clamadieu a assuré que s’il est «attentif, vigilant, en challenge» le conseil d’administration «approuve cette stratégie». «Avec Isabelle, nous travaillons dans un bon état d’esprit et notre collaboration fonctionne efficacement», a-t-il ajouté pour couper court aux fréquentes rumeurs de dissensions à la tête d’Engie. Le tandem Clamadieu-Kocher aura l’occasion pour la première fois, demain, lors de l’assemblée générale d’Engie, d’afficher son unité. Et de défendre sa stratégie.

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