
Croissance externe : les stratégies des entreprises françaises de 2010 à 2015, et leurs projets pour 2016

Entre 2010 et 2015, 50% des entreprises ont réalisé une ou plusieurs acquisitions, et 20% ont eu des projets de rachats qui n’ont pas abouti, selon l’enquête publiée par le cabinet Denjean&Associés et réalisée en ligne entre le 22 mars et le 6 avril 2016. « Les résultats montrent qu’entre 2010 et 2015, les entreprises françaises ont manifesté une forte appétence pour la croissance externe », souligne Thierry Denjean, président de Denjean & Associés. « En effet, 50% des sociétés ont effectivement réalisé des acquisitions, et 20% ont voulu en réaliser mais n’ont pas pu finaliser leurs projets... ce qui donne un total de 70% d’entreprises attirées par ce levier de développement rapide ».
Les Selon cette enquête, auprès de 144 directeurs financiers des PME entre 2 et 50 millions d’euros de chiffres d’affaires, d’ETI entre 50 millions d’euros et 1,5 milliard d’euros et de grandes entreprises, les décideurs qui auraient voulu faire des acquisitions entre 2010 et 2015 mais qui n’ont pas réussi à mener leurs projets à terme se sont heurtés à trois types d’obstacles : soit ils ont découvert dans les sociétés qui les intéressaient des risques rédhibitoires (communément appelés « cadavres dans le placard »); soit ils n’ont pas pu s’entendre avec les vendeurs sur les prix de vente ; ou encore ils n’ont trouvé aucune cible à racheter.
Les motivations des sociétés qui ont réalisé des acquisitions de 2010 à 2015 : étendre leurs activités et leur gamme de produits et services, atteindre une taille critique en France, se développer à l’international
Les entreprises ayant fait de la croissance externe entre 2010 et 2015 étaient assez peu motivées par la recherche de synergies de coûts : ce but était poursuivi par 28% seulement des sociétés. « Les entreprises qui ont réalisé des acquisitions au cours de la période récente visaient quatre objectifs, note Thierry Denjean. Elles voulaient diversifier leurs activités, élargir leur gamme de produits et services, atteindre une taille critique sur le marché français, et se développer à l’international. Ce sont des motivations que l’on peut qualifier de vertueuses, car totalement tournées vers la croissance, à l’opposé des stratégies de rachats principalement motivées par la quête d’économies d’échelle via des opérations de restructuration ».
La France est, de très loin, le premier marché où les entreprises ont fait leurs emplettes au cours de la période récente : entre 2010 et 2015, 81% des sociétés acquéreuses ont repris une ou plusieurs entreprise(s) dans l’Hexagone. Plus étonnant, trois sociétés sur dix ont racheté au moins une entreprise localisée dans un autre pays de l’Union européenne. Si presque tous les acquéreurs (87%) ont fait entrer dans leur giron des organisations matures, un tiers d’entre eux ont parié sur des « jeunes pousses ». Enfin, les sociétés acquéreuses ont jeté leur dévolu sur des entreprises exerçant soit une activité complémentaire de la leur, soit la même activité qu’elles. Un acquéreur sur dix seulement a tenté une expérience de « diversification radicale ».
Interrogées sur les prestataires auxquels elles ont fait appel dans le cadre de leurs acquisitions, les entreprises citent en moyenne deux professionnels complémentaires, avec des binômes du type « avocat d’affaires et expert-comptable », « avocat d’affaires et banque généraliste », « expert-comptable et banque généraliste »… De tous les prestataires, l’avocat d’affaires est le plus systématiquement consulté : près de 60% des acquéreurs ont fait appel à ses services.
Le cocktail « autofinancement et crédits bancaires » constitue le mode de financement des acquisitions le plus employé : 48% des acheteurs y ont eu recours entre 2010 et 2015. Par ailleurs, quelque 42% des sociétés ont financé des acquisitions exclusivement par autofinancement, ce qui tend à montrer qu’elles ont racheté des cibles de petite ou très petite taille comparativement à elles. En revanche, moins de 25% des sociétés ayant réalisé un rachat au cours des six dernières années ont choisi de financer cet investissement en faisant entrer de nouveaux investisseurs à leur capital.
En 2016, les entreprises françaises ont soif d’acquisitions !
Dans la dernière partie du questionnaire, nous avons interrogé l’ensemble des sondés sur leurs projets de croissance externe pour 2016. Résultat : 51% des répondants envisagent de réaliser une ou plusieurs acquisition(s) cette année ! « Les sociétés interrogées se montrent assoiffées d’acquisitions. C’est le signe d’un fort dynamisme de notre tissu de PME, d’ETI et de grands groupes », se réjouit Thierry Denjean.
Les sociétés désireuses de réaliser des acquisitions en 2016 cherchent à se diversifier et/ou à atteindre une taille critique sur le marché français. Les deux-tiers souhaitent reprendre une entreprise française. Mais une candidate au rachat sur quatre est intéressée par des cibles implantées dans d’autres pays de l’Union européenne, et une sur cinq par des cibles implantées hors de l’Union européenne. Enfin, les candidates au rachat ne manifestent aucun engouement pour les start-up, privilégiant des cibles plus établies.
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Népal: Sushila Karki, la nouvelle Première ministre, s'affiche au chevet des victimes des émeutes
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Népal: la Génération Z en révolte après la mort de Santosh Bishwakarma
Katmandou - «Il rêvait de mourir en ayant été utile à son pays». Santosh Bishwakarma, 30 ans, a été abattu lundi par les forces de l’ordre dans une rue de Katmandou alors qu’il manifestait contre le gouvernement, et sa femme est inconsolable. Dans sa petite maison de la capitale népalaise encombrée de ses proches venus partager son deuil, Amika Bishwakarma, 30 ans elle aussi, peine à évoquer le souvenir de son mari. «Il avait l’habitude de dire qu’il ne voulait pas mourir comme un chien», lâche-t-elle entre deux sanglots. «Il voulait que le Népal soit reconnu dans le monde, et ne pas mourir avant d’y avoir contribué. Je crois qu’il a réussi». Santosh avait rejoint lundi le cortège de ces jeunes réunis sous la bannière de la «Génération Z» qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites du pays. Il est tombé lorsque la police, débordée, a ouvert le feu sur les manifestants. Une vingtaine d’entre eux ont été tués, des centaines d’autres blessés. La répression a nourri la colère de cette «Gen Z», qui est revenue le lendemain dans les rues de la capitale et a incendié ou mis à sac tous les symboles du pouvoir: parlement, bureaux ministériels, tribunaux, jusqu’aux résidences de plusieurs dirigeants. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner. Respectée pour son indépendance, l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kari, 73 ans, a été nommée vendredi soir à la tête d’un gouvernement provisoire chargé de conduire le pays jusqu'à des élections prévues dans six mois. Son entrée en fonction semble satisfaire de nombreux Népalais mais pas Amika Bishwakarma, désormais toute seule pour élever son fils Ujwal, 10 ans, et sa fille Sonia, 7 ans. «Un peu de justice» «Mon mari aurait tout fait pour leur permettre de réaliser leurs rêves, même au prix de sa vie», assure-t-elle. «Mais comment je vais pouvoir y arriver seule maintenant ? Il a sacrifié sa vie pour le pays, j’espère que le gouvernement va m’aider». Quand il a appris la mort de Santosh, son ami Solan Rai, 42 ans, a accouru au chevet de sa veuve. Après les violences de la semaine, il veut croire à des jours meilleurs pour son pays. «je n’avais jamais vu pareille colère», note-t-il, «j’espère que cette fois, ça va enfin changer». D’autres veulent croire que la mort de leurs proches ne sera pas vaine. Ce vendredi, ils étaient des centaines à se presser dans le temple de Pashupatinath, à Katmandou, pour assister à la crémation d’un fils, d’un frère ou d’un ami tué cette semaine. «J’espère que de tout ça sortira une forme de justice, que notre peuple obtiendra enfin les changements qu’il cherche désespérément depuis si longtemps», espère Ratna Maharjan en pleurant son fils, tué d’une balle tirée par un policier. Sur les marches du temple, au bord du fleuve Bagmati, une femme vêtue de rouge s’accroche désespérément à la dépouille de son fils, qu’elle refuse de voir partir en cendres. Un peu à l'écart, des policiers déposent des gerbes de fleurs sur le cercueil d’un de leurs collègues, mort lui aussi pendant les émeutes. La police a fait état de 3 morts dans ses rangs. Avant de retourner au silence de son deuil, Amika Bishwakarma fait un dernier vœu, plus politique. «On ne demande pas la lune», glisse-t-elle d’une petite voix. «On veut juste un peu plus d'égalité, que les riches ne prospèrent pas pendant que les pauvres continuent à dépérir». Bhuvan BAGGA et Glenda KWEK © Agence France-Presse