
Carrefour, grand favori pour la reprise de Bio c’Bon
Le tribunal de commerce de Paris ne tranchera pas dans l’immédiat. Après avoir auditionné les différents candidats à la reprise de l’enseigne de produits bio Bio c’Bon durant toute la journée du 16 octobre, la juridiction consulaire a décidé de mettre en délibéré son jugement à la date du 2 novembre 2020. Une attente qui ne laisserait cependant que peu de doutes sur le verdict final.
De l’avis d’une écrasante majorité des professionnels gravitant autour du processus, l’offre émise par Carrefour s’avère nettement supérieure à celle de ses concurrents, tout du moins sur l’aspect financier. Le groupe dirigé par Alexandre Bompard, déjà détenteur des réseaux So.bio et Bioazur, s’est montré incisif en proposant une offre bien plus élevée que ses principaux concurrents. Pas moins de 60 millions d’euros ont en effet été mis sur la table pour la reprise de l’actif, auquel s’ajoutent 40 millions d’investissement. Une enveloppe serait aussi mise à disposition de la procédure pour indemniser partiellement les 2.850 petits porteurs (détenteurs de 25% du groupe). Enfin, les 107 magasins et l’intégralité des salariés, soit près d’un millier de personnes, sont aussi repris, avec une garantie sur l’emploi sur 18 mois. «Carrefour a un prix qui ne se justifie pas et qui n’a aucun sens économique», tacle un observateur.
Possible class action
La première offre émise par le géant tricolore de la distribution était sensiblement inférieure, puisque basée sur une valorisation de l’actif de 40 millions et un investissement de 35 millions. La réévaluation avait été opérée le 1er octobre. En face, la famille Zouari, associée à l’ancien directeur général de Biocoop Gilles Piquet-Pellorce, propose de reprendre l’intégralité du parc de magasins (120) et l’ensemble du personnel des points de vente, de la logistique et de l’administratif. Le prix de cession était en revanche évalué à 10 millions d’euros, couplé à un investissement de 70 millions d’euros. Par ailleurs, la famille Zouari – qui était entrée en négociations exclusives en juin, avant de rétropédaler après avoir évalué l’imposant passif de Bio c’Bon – proposait aux petits porteurs d’accéder au capital de la future entité à hauteur de 15% maximum. «S’estimant lésés, ces épargnants envisageraient de poursuivre le président de Bio c’Bon. Une class action est en cours de constitution», croit savoir une source.
Biocoop (1,4 milliard de chiffre d’affaires) s’est également positionné en s’alliant à Marcel & Fils, une autre enseigne de produits bio. Ils proposent la reprise de 104 magasins et l’intégralité des salariés. Le tout pour une valorisation de 25 millions d’euros, auquel vient s’ajouter 25 millions pour assurer le développement futur. Soutenue par des élus locaux, l’offre se présente comme un rempart à la grande distribution, en assurant à Bio c’Bon son maintien dans un groupe dont le réseau est 100% orienté bio. Mais en reprenant les recettes qui ont fait le succès de Biocoop, dont les magasins dégagent, à surface équivalente, près de deux fois plus de chiffre d’affaires que ceux de Bio c’Bon.
Enfin, Auchan a déposé une offre mais en net retrait par rapport aux trois autres candidats. Le groupe de la galaxie Mulliez ne reprendrait que 57 magasins et 318 emplois, pour un prix de cession de 5 millions d’euros. Une proposition dont la chance d’être retenue reste minime. De son côté, Naturalia a abandonné toute velléité de reprise d’envergure et ne propose plus qu’une offre de 1,2 million d’euros pour neuf fonds de commerce et 68 salariés.
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