
Bayer allonge la liste des entreprises allemandes séduites par les Etats-Unis

Les Etats-Unis attirent un nombre grandissant d’entreprises allemandes pénalisées par la hausse des coûts de production et une réglementation jugée trop contraignante sur leur marché intérieur.
Après les récentes déclarations de plusieurs dirigeants du secteur automobile, Bayer a fait savoir à son tour jeudi qu’il prévoyait d’investir cette année un milliard de dollars (946 millions d’euros) pour stimuler les activités de recherche et déceloppement (R&D) de son pôle pharmaceutique outre-Atlantique. L’objectif du groupe est de «doubler ses ventes de produits pharmaceutiques aux Etats-Unis d’ici à la fin de la décennie», a précisé à Reuters Sebastian Guth, président de la branche pharmaceutique du conglomérat allemand pour la zone Amériques.
Pour y parvenir, le nombre de salariés américains affectés au marketing de ses produits pharmaceutiques, qui a déjà augmenté de moitié depuis trois ans, devrait encore progresser de 75% d’ici à 2030. Alors qu’il avait jusqu’à présent eu recours à des partenariats avec des sociétés américaines pour écouler ses médicaments, Bayer compte désormais commercialiser seul les nouveaux produits issus de sa R&D aux Etats-Unis.
Sur un potentiel de ventes de 12 milliards d’euros émanant de ses quatre principaux candidats-médicaments, plus de la moitié de ce chiffre d’affaires devrait provenir des Etats-Unis.
A lire aussi: Bayer accélère le recentrage de son pôle semences
Un plancher atteint au quatrième trimestre 2022
Les sombres perspectives brossées jeudi par le syndicat allemand de l’industrie chimique (VCI) ne contribueront pas à inverser la tendance. En raison de la persistance d’une inflation élevée, de la faiblesse de l'économie mondiale, de la crise énergétique en Europe et des problèmes réglementaires de l’Allemagne, «la production chimique allemande, incluant les produits destinés au secteur pharmaceutique, devrait diminuer de 5% en volume cette année, tandis que les ventes de l’industrie devraient chuter de 7%», indique son rapport trimestriel.
Si le pire semble avoir été atteint au quatrième trimestre 2022, avec une chute de la production chimique de 14,6% d’un an sur l’autre, le syndicat déplore l’absence d’incitations gouvernementales qui permettraient d’enclencher un rebond significatif.
L’environnement réglementaire plus favorable découlant de l’Inflation Reduction Act (IRA) n’est pas étranger à la multiplication des projets d’investissement dans des sites de production ou de recherche sur le territoire américain.
Audi, filiale de Volkswagen ou l’équipementier automobile Schaeffler ont indiqué être intéressés par les aides promises par Washington. Volkswagen vient par ailleurs de mettre en pause son projet de construire une usine de batteries électriques en Europe de l’Est, en expliquant qu’il pourrait recevoir l’équivalent de 10 milliards d’euros de subventions s’il la construisait en Amérique du Nord.
ThyssenKrupp Nucera, coentreprise entre le sidérurgiste allemand et l’italien De Nora, songe de son côté à créer une unité de production d’hydrogène vert sur le territoire américain. «Nous envisagerons de créer des capacités de production avec De Nora aux États-Unis si le marché se développe aussi fortement que prévu», a déclaré jeudi à Reuters Werner Ponikwar, président du directoire.
Pour stimuler la décarbonation de l’industrie américaine, Washington prévoit un crédit d’impôt fédéral sur dix ans pouvant atteindre 3 dollars par kilogramme pour l’hydrogène vert produit à partir de cette année par des installations dont la construction débutera avant 2033. Cette mesure pourrait donc permettre de rentabiliser des projets qui seraient autrement restés déficitaires.
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