Audika sort de son impasse stratégique par le haut

Marqué par des années d’exercices difficiles, le distributeur de prothèses auditives est acquis par le deuxième fabricant mondial William Demant.
Antoine Landrot

William Demant a annoncé hier être entré en négociation exclusive avec Audika, en vue d’acquérir la participation de 53,9% détenue par Holton SAS dans le distributeur de prothèses auditives français. Holton est la holding de la famille Tonnard. Les fondateurs Alain et Jean-Claude Tonnard resteront en poste.

Le fabricant de prothèses danois propose 17,78 euros par action, soit une prime de 32% par rapport au cours de clôture d’Audika lundi. La PME se trouve ainsi valorisée à 168 millions, dette non comprise. En cas d’accord, Demant lancera une offre publique d’achat sur les 46,1% de capital restants.

L’opération est une demi-surprise. La famille Tonnard n’avait pas manifesté l’intention de vendre. Mais «l’intégration verticale est une tendance logique du métier, souligne Romain Freismuth, analyste chez Portzamparc, qui cite le précédent entre le suisse Sonova et le français Audition Santé en 2008. Il était plus probable qu’Audika se rapproche d’un fabricant plutôt que d’un autre réseau de distribution.»

A partir du moment où un distributeur atteint environ 10% de taux de pénétration (à l’instar d’Audika), croître par acquisition sur le même marché offre peu d’intérêt. «Il a plutôt intérêt à diversifier ses revenus à l’étranger», poursuit l’analyste. Or, Audika est essentiellement franco-français: son implantation en Italie s’est soldée par un échec. La PME a cédé sa filiale au leader mondial italien Amplifon en mai 2014.

Comble de malchance, le marché français de l’audition est difficile: «le taux d’équipement des malentendants, pourtant faible, progresse peu», explique Romain Freismuth. En outre, il est très concurrentiel, d’autant plus depuis l’arrivée d’acteurs à bas coût comme Sonalto ou Alain Afflelou.

Audika a traversé des années difficiles (avertissements en 2008 et 2011, résultats en baisse en 2012...) et peinait à en voir la sortie. Si l’entreprise affiche un chiffre d’affaires en hausse de 4% à 98,7 millions d’euros en 2014 (les comptes seront publiés le 16 mars), l’exercice 2013 avait à peine dépassé l’équilibre.

Demant est resté vague sur les synergies de revenus. Les synergies de coûts sont plus identifiables, puisque le Danois fournit 30% des équipements vendus par Audika. Demant affirme que le prix proposé induit des multiples de valorisation proches de ceux d’Amplifon – autant dire que l’offre est généreuse. L’action Audika a bondi de 28,2%, terminant la séance à 17,3 euros.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...