Alibaba déchaîne l’enthousiasme pour sa première émission de dette en dollars

L’émission de refinancement a été souscrite sept fois. Les investisseurs ont acheté l’accès aux consommateurs chinois.
Antoine Landrot

Alibaba aligne les records. Auteur de l’introduction en Bourse la plus importante de l’histoire en septembre dernier, le géant chinois du commerce électronique a lancé hier avec un succès tout aussi incontestable la plus grosse émission de dette en dollars d’une société asiatique.

Alors qu’Alibaba cherchait à collecter 8 milliards de dollars (ce qui constituait tout de même l’une des principales opérations de l’année pour une entreprise de la catégorie investment grade), l’émission obligataire en six tranches aurait reçu entre 55 et 57 milliards de dollars d’ordres d’achat, rapportent plusieurs sources de marché. Annoncée mercredi dans l’après-midi à New York, elle a donc été souscrite sept fois en 24 heures.

Selon IFR, les teneurs de livre de l’opération (Morgan Stanley, Citigroup, Deutsche Bank et JPMorgan) auraient enregistré plus de 2.700 lignes d’ordres, émanant de plus de 1.000 investisseurs différents. Le groupe a bien entendu saisi l’aubaine et en a profité pour faire baisser les marges à des niveaux égalant, voire battant certains des émetteurs les plus connus et les mieux notés. Alibaba a ainsi pu baisser ses spreads de 10 à 25 points de base (pb) en fonction de la tranche par rapport aux prix initialement envisagés.

Alibaba a pricé la tranche d’un milliard de dollars à 3 ans à T+70 pb; une seconde tranche à 3 ans à taux flottant de 300 millions de dollars à 3mL+52 pb; une tranche à 5 ans de 2,25 milliards de dollars à T+95 pb; une tranche à 7 ans de 1,5 milliard à T+115 pb; une tranche à 10 ans de 2,25 milliards à T+128 pb et enfin une tranche à 20 ans de 700 millions à T+148 pb.

La performance est d’autant plus notable que le manque de transparence comptable dont sont accusées les sociétés chinoises les oblige plutôt à proposer des marges plus importantes pour séduire les investisseurs. Mais Alibaba bénéficie d’une note de crédit solide (A1/A+/A+ selon les trois principales agences Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s) et de la notoriété que lui a apportée son introduction en Bourse. Et Alibaba séduit en ce qu’il incarne l’accès aux consommateurs chinois.

Selon certaines sources de marché citées par IFR, ces prix jouent la comparaison avec ce qu’auraient pu obtenir, pour les mêmes maturités, des groupes américains comme Oracle ou Amazon. La stratégie du fondateur Jack Ma – être comparé à ses pairs internationaux et non chinois, comme Baidu ou Tencent – s’est révélée payante.

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