
Warren Buffett démontre sa science du M&A et de l’optimisation fiscale
Warren Buffett a trouvé la technique pour faire tourner son portefeuille en minimisant sa charge fiscale: le «cash-rich split-off». Cette opération de M&A, qui consiste à échanger des titres d’une société contre ceux d’une de ses filiales, permet sous certaines conditions à toutes les parties prenantes de ne pas payer d’impôt. Coutumier de cette pratique, le milliardaire américain l’a encore utilisée hier pour prendre le contrôle des piles Duracell, mises en vente par Procter & Gamble (P&G) en octobre.
Berkshire Hathaway, sa holding, a annoncé qu’elle échangerait sa part de 1,9% au capital de Procter contre l’intégralité du capital de Duracell. Au 30 juin, elle détenait 52,8 millions d’actions P&G, valorisées 4,7 milliards de dollars au cours de clôture de mercredi. Avant de finaliser la transaction au deuxième semestre 2015, Procter a annoncé qu’il recapitaliserait à hauteur de 1,8 milliard de dollars sa filiale, tout en enregistrant une charge de 28 cents par action.
L’achat du fabricant de piles reviendra donc à 3 milliards à Warren Buffett. Ce dernier confessait hier avoir été «toujours impressionné par Duracell, en tant que consommateur et qu’investisseur de long terme dans P&G et Gillette». L’homme d’affaires semble être moins «impressionné» par les perspectives de Procter, dont il est devenu actionnaire en 2005 lors du rachat de Gillette. Après avoir détenu jusqu’à 100 millions d’actions, il s’est allégé progressivement. Depuis mi-2012, l’action P&G s’est appréciée de 50%, mais avait eu auparavant un parcours boursier décevant.
Grâce au «cash-rich split-off», Warren Buffett devrait échapper à l’impôt sur les plus-values alors que ses titres P&G étaient enregistrés à un coût de 336 millions de dollars au bilan de Berkshire fin 2013. Pour cela, la société rachetée (la «splitco», ici Duracell) doit être «active», c’est-à-dire avoir été détenue pendant 5 ans au moins par sa maison-mère, représenter un minimum de 5 à 10% de la valeur d’entreprise du groupe qui s’apprête à la vendre (d’où la recapitalisation préalable) et limiter à 66% la part de cash à son bilan.
Warren Buffett a déjà utilisé la technique cette année chez le spécialiste de l’énergie Phillips 66 et l’éditeur Graham. Au passage, l’homme d’affaires nettoie son portefeuille en échangeant des participations financières contre des actifs opérationnels. D’autres groupes en sont aussi friands, comme Liberty Media ou Comcast.
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