Wall Street vit un nouveau krach

La Bourse de New York a connu sa pire séance depuis 1987 malgré l’intervention de la Fed. Les marchés de taux se tendent en Europe.
Xavier Diaz
Nyse Wall Street chute coronavirus
La Bourse américaine termine au plus bas de la séance : l’indice S&P 500 chute de 12% et le Dow Jones de 12,9%.  -  Bloomberg

Nouvelle journée noire sur les marchés financiers malgré l’annonce dimanche d’une nouvelle baisse des taux par la Fed, les portant à 0%, et d’une action coordonnée par les grandes banques centrales, dont la BCE, sur la liquidité en dollar. «Les marchés actions montrent une certaine déception face à des réponses budgétaires qui ne sont pas parfaitement en phase avec les réponses monétaires», affirme Hervé Goulletquer, stratégiste à La Banque Postale AM. Si, en Europe, les places boursières terminent au-dessus de leurs plus-bas en séance (chute de plus de 10% à la mi-journée) mais en net recul (l’indice Euro Stoxx 50 perd 5,9% et l’indice CAC 40 abandonne 5,75%), Wall Street a connu sa pire séance depuis 1987.

Nouveaux sommets de volatilité

Après l’activation des coupe-circuits, la Bourse américaine a accentué ses pertes et termine au plus bas de la séance : l’indice S&P 500 chute de 12% et le Dow Jones de 12,9%. Le bear market (baisse de plus de 20% depuis le pic) s’accentue. Wall Street rejoint l’Europe dans le krach.

De ce côté-ci de l’Atlantique, alors que les mesures de confinement se multiplient, rendant plus concret le risque de récession, la chute des indices par rapport à fin février atteint plus de 35%. La volatilité a atteint de nouveaux sommets, l’indice VStoxx a bondi à 95% en séance et termine à 85,6% (plus haut de 88% en 2008) tandis que l’indice VIX s’envole à 82,8%.

Un risque sytémique financier

A Wall Street, le secteur de l’énergie a de nouveau été pénalisé par la chute des prix du pétrole (le baril de Brent a chuté de 12% à 27,70 dollars) tandis que les financières ont été affectées par les craintes d’une crise de liquidité. «Avec la Fed qui sabre ses taux et relance son ‘quantitative easing’, notre liste de vœux des réponses de politique monétaire au niveau mondial a désormais été exaucée, juge George Saravelos, stratégiste changes chez Deutsche Bank. Mais nous attendons toujours la plus importante : la réponse budgétaire.» Les annonces faites jusqu’à présent sont jugées insuffisantes face au risque pour la croissance mondiale, et non coordonnées.

Et la réponse ne doit pas uniquement porter sur la stabilité économique mais aussi sur un risque systémique financier. «Les gouvernements doivent immédiatement gérer le risque d’un assèchement de la liquidité mondiale», poursuit le stratégiste pour qui à la différence de la crise bancaire de 2007-2008, ce risque vient de l’économie réelle et des entreprises, ce qui appelle une réponse directe et pas forcément au travers du système bancaire. Un helicopter money nécessaire mais qui va provoquer une hausse des déficits budgétaires et des dettes.

Les taux grimpent en Europe

L’évolution en tandem des marchés actions et des marchés de taux, en Europe, inquiète d’ailleurs les opérateurs. Les taux américains ont certes nettement reculé, s’ajustant aux craintes d’une récession aux Etats-Unis (taux 10 ans à 0,74% -21 pb). Mais, en Europe, ils grimpaient, le Bund à 10 ans allemand progressant à -0,48% et l’OAT à 0,19%.

Les investisseurs commencent à intégrer la perspective d’une hausse des déficits budgétaires, nécessaire à la lutte contre l’épidémie du coronavirus et au soutien de l’activité, et donc de la dette. «Les marchés obligataires comprennent, au travers des taux souverains qui remontent, que les Etats vont émettre beaucoup de dette pour régler cette crise sanitaire et économique, et qu’il n’y aura pas toujours assez d’acheteurs privés en face - d’où les initiatives comme celle de la Fed», affirme Hervé Goulletquer.

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