Pandora veut briller sur le marché de la dette

Le fabricant de bijoux a réussi l’émission d’une obligation indexée sur des objectifs de développement durable malgré les controverses sur ce type de titres.
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Pandora a émis son premier SLB malgré les controverses sur ce marché  - 

Les controverses entourant les obligations indexées sur des objectifs de développement durables (sustainability linked bonds ou SLB) n’ont pas arrêté Pandora. La société danoise de boutiques de bijoux a émis son premier SLB la semaine passée d’un montant de 500 millions d’euros avec une échéance à 5 ans sur la base d’un spread de 120 points de base (pb).

Les fonds levés doivent notamment permettre de rembourser un prêt bancaire en couronnes danoises arrivant à échéance en fin d’année. L’objectif de la société, qui est notée BBB par S&P et Baa2 par Moody’s, est de diversifier ses sources de financement. «L'émission réussie de notre toute première euro-obligation renforce nos solides caractéristiques financières et marque une étape importante dans notre parcours, nous permettant de diversifier davantage notre structure de financement», a déclaré Anders Boyer, directeur financier de la société dans un communiqué. Cette émission doit aussi financer le plan de développement du groupe avec l’ouverture de nouvelles boutiques mais également un plan de rachat d’actions.

La rareté de la signature sur le marché de la dette obligataire a pu contribuer à la forte demande des investisseurs avec un livre d’ordres de 2 milliards d’euros permettant de réduire de 30 points de base (pb) le spread à l’émission par rapport aux indications initiales des banques participant à la syndication. Nordea a coordonné la dimension ESG de l’opération.

Cette transaction était pourtant risquée une semaine où de nouveaux indicateurs ont montré une inflation supérieure aux attentes et toujours persistante provoquant un regain de volatilité sur le marché. Elle aurait pu en outre souffrir de la concurrence de l’émission de Teva Pharmaceuticals de 2,5 milliards en équivalent dollars de SLB la semaine passée également, dont 1,3 milliard d’euros sur le marché euro. Le groupe pharmaceutique est le deuxième plus important émetteur de SLB derrière l’italien Enel. Mais ce qui aurait pu le plus perturber ces transactions, ce sont les craintes de non-respect par certains émetteurs de leurs objectifs inscrits dans les SLB.

Fallen angels SLB

Alors qu’Enel semble avoir rassuré le marché sur ses objectifs 2022 après l’annonce de résultats préliminaires, l’inquiétude porte désormais sur l’énergéticien grec PPC et le chimiste Nobian, tous deux notés high yield. Dans une note sur l’impact pour le marché des SLB d’un potentiel non-respect des objectifs, les analystes du think tank suédois Anthropocene Fixed Income Institute soulignent qu’un échec de Nobian ou de PPC constituerait un «défaut thématique», dans lequel les titres ne seraient plus attractifs ou plus contractuellement éligibles à certains critères d’investissement durable. «Cela pourrait conduire à des cessions de fonds axés sur le climat, ce qui aurait un effet négatif sur le prix du SLB», estiment-ils, sans pouvoir en estimer l’impact faute de précédent.

Plus détenu par des fonds ESG, Nobian sera un vrai test pour le marché de cette sorte de fallen angels pour les SLB. Une sanction qui serait bien plus sévère que les pénalités jugées faibles prévues par l’instrument (12,5 pb dans le cas de Nobian pour un coupon de 3,625%). La société pourrait ne pas avoir atteint ses objectifs de réduction de CO2 et de sources d’énergie renouvelable fin 2022. Les données devraient être publiées prochainement.

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Pandora s’est fixé des objectifs de réduction des émissions de CO2 directes (-90% en 2025) et indirectes (liés à sa chaîne d’approvisionnement, -14% en 2027) et d’utilisation d’or et d’argent recyclé (100% en 2025) avec des pénalités de 25 pb et 50 pb en cas de non-respect en 2025 ou 2027. Signe des difficultés du marché, les émissions SLB ont fortement chuté cette année à moins de 10 milliards d’euros émis depuis le 1er janvier, soit près de 80% de moins que l’an dernier à la même période.

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