
Lundi noir sur les marchés, tourmentés par le Covid-19 et les prix pétroliers

L’ensemble des places boursières mondiales connaissent un lundi noir, entrainées par la propagation du coronavirus et la chute des cours du pétrole provoquée par l’offensive de l’Arabie saoudite sur ses tarifs qui font craindre aux investisseurs une guerre des prix du pétrole.
En Europe, l’indice Euro Stoxx 600 abandonne 6,74% vers 13h30 à 342 points. Le CAC 40 et le SBF 120 chutent respectivement de 7,48% et 7,27%. A Londres, le FTSE 100 perd 6,77% et à Francfort le Dax abandonne 7,07%.
A Milan, le FTSE Mib plonge de 10,24% alors que le gouvernement italien a été contraint de placer sous quarantainede nombreuses de villes du pays, parmi lesquelles Milan, Venise et Parme, en réponse à la propagation du coronavirus dans le pays. L’Italie a recensé plus de 7.370 cas d’infection au coronavirus et plus de 360 décès liés à l'épidémie, selon l’outil en ligne développé par les chercheurs et ingénieurs du Johns Hopkins Center for Systems Science and Engineering (CSSE).
Les indices asiatiques ont également terminé en baisse. Le Nikkei de Tokyo a perdu 5,1% tandis que le Hang Seng de Hong Kong a lâché 4,2%.
Wall Street est attendue en rouge vif. Au même moment, le contrat à terme sur l’indice Dow Jones (DJIA) cédait 4,87%, à 24.534 points, tandis que celui sur l’indice élargi S&P 500 abandonnait 4,9%, à 2.818 points. Dans le même temps, le contrat sur le Nasdaq 100, riche en valeurs technologiques, reculait de 4,80%, à 8.094,5. points.
Une «guerre des prix» déclenchée par l’Arabie Saoudite
Les indices actions chutent dans le sillage des cours pétroliers. En fin de matinée, le contrat de mai sur le Brent de mer du Nord perdait 8,5 dollars, soit 18,8%, à 36,78 dollars le baril. Celui d’avril sur le brut léger doux (WTI) coté au Nymex abandonnait 8 dollars, ou 19,4%, à 33,35 dollars dollars le baril. Les deux contrats évoluent à leurs plus bas niveau depuis le début 2016.
La baisse des cours de l’or noir a été déclenchée par des annonces faites par Aramco samedi. Le groupe pétrolier saoudien a décidé de réduire ses prix et d’augmenter sa production, une décision qui vise à réduire la part de marché de la Russie, a rapporté le Wall Street Journal ce week-end.
Cette annonce a été communiquée après que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a échoué vendredi à parvenir à un accord avec ses alliés, menés par la Russie, pour réduire davantage la production de brut et prolonger les quotas actuels, qui expireront à la fin du mois.
«L’Arabie saoudite entame une guerre des prix avec la Russie», résume Vincent Boy, analyste marché chez IG France. «Ce qui rend cette guerre des prix particulièrement dangereuse et historique est qu’elle éclate au moment où se produit un choc massif sur la demande [...] en raison du coronavirus», souligne de son côté Robert McNally, président de Rapidan Energy Group, une société de conseil sur le marché de l'énergie basée à Washington.
Le yen bénéficie de son statut de valeur refuge
A contrario, les prix des obligations souveraines, considérées comme des valeurs refuges, grimpent et leurs rendements reculent à des plus bas historiques. Le taux du Bund allemand à 10 ans s’inscrit à -0,858% contre -0,712% vendredi tandis que le rendement du bon du Trésor américain à 10 ans chute également à un plus bas historique à 0,469% contre 0,767% vendredi. A rebours de cette tendance, les rendements de la dette italienne à 10 ans se tendent, à 1,33% contre 1,072% vendredi, après l’annonce de la mise en quarantaine des villes du Nord du pays.
Autre actif privilégié par les investisseurs en quête de sécurité, le yen évolue en forte hausse face aux autres devises. Le dollar se replie de 2,4% face à la devise japonaise, à 102,7 dollars, l’euro perd 2,6% à 116,8 euros. La monnaie unique européenne gagne par ailleurs 0,7% face au billet vert à 1,1376 dollar.
L’or résiste, reculant de 0,3% à 1.666,9 dollars, après avoir gagné jusqu'à 1,8% lundi matin et atteint un nouveau record en sept ans, à 1.703,60 dollars
Du côté des valeurs, à la mi-séance, l’ensemble des actions cotant sur le SBF 120 évoluent dans le rouge, les titres des entreprises parapétrolières souffrant plus particulièrement. CGG, Vallourec et TechnipFMC abandonnent respectivement 32,8%, 22% et 18,6%. La major pétrolière Total chute de 12,29%.
A Londres, British Petroleum et Royal Dutch Shell perdent respectivement 19,76% et 14,11%. Dans les échanges de préouverture à Wall Street, Exxon Mobil abandonne 10,2% tandis que les groupes de services pétroliers Halliburton et Schlumberger cèdent chacun plus de 15%.
L’ensemble des valeurs cycliques accusent des replis prononcés, avec les banques en première ligne. A Paris, l’action de la Société Générale plonge de 14%. Natixis chute de 13,6%. Le Crédit Agricole SA et BNP Paribas perdent un peu moins de 10%. Les banques italiennes sont également attaquées : à Milan, UniCredit chute de 12,6% et Banca Monte dei Paschi di Sienna cède 15,6%.
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Australie : attaque mortelle de requin sur un surfeur à Sydney, plages fermées
Sydney - Un «grand requin» a tué un surfeur samedi sur une plage populaire de Sydney, a annoncé la police, une attaque mortelle rare qui a entraîné la fermeture de plusieurs plages en Australie. La victime, un habitant de 57 ans, surfait avec cinq ou six amis dans les eaux du Pacifique, au large des plages voisines de Long Reef et Dee Why, au nord de Sydney, ont précisé les autorités. Ce surfeur expérimenté, marié et père d’une jeune fille, a perdu «plusieurs membres», a déclaré le responsable de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, John Duncan, lors d’une conférence de presse. «D’après ce que je comprends, lui et sa planche ont disparu sous l’eau», a-t-il ajouté. «Le corps a été retrouvé flottant dans les vagues» et «la planche du surfeur a été brisée en deux». Deux surfeurs l’ont aperçu dans l’eau et l’ont ramené à terre. «Malheureusement, à ce moment-là, il avait déjà perdu énormément de sang, et les tentatives de réanimation ont échoué», a poursuivi M. Duncan. Des témoins ont vu le squale, a indiqué la police, qui avait évoqué auparavant un «grand requin». Des experts gouvernementaux examineront les restes de la planche et le corps de la victime afin de déterminer l’espèce du requin, a indiqué la police. La plupart des morsures graves en Australie proviennent de grands requins blancs, de requins-bouledogues et de requins-tigres. Des images diffusées par les médias locaux montraient des policiers rassemblés sur le rivage et des ambulances garées à proximité. Les plages situées entre les quartiers nord de Manly et Narrabeen ont été fermées pour au moins 24 heures, a indiqué Surf Life Saving NSW, branche locale d’un réseau de clubs de sauveteurs bénévoles et professionnels. «Terrible tragédie» «Pour le moment, merci de rester hors de l’eau sur les plages environnantes et de suivre les consignes des maîtres-nageurs et sauveteurs», a déclaré le directeur général de l’organisation, Steven Pearce. «Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de l’homme touchée par cette terrible tragédie». Les clubs de sauvetage voisins ont annulé toutes les activités et entraînements nautiques pour le week-end. Des drones et des sauveteurs sur des jets skis surveillaient les plages à la recherche de la présence de requins. Il s’agit de la première attaque mortelle de requin à Sydney depuis 2022, lorsque Simon Nellist, un moniteur de plongée britannique de 35 ans, avait été tué au large de Little Bay. La précédente attaque fatale dans la ville remontait à 1963. Un surfeur anonyme a déclaré au Sydney Daily Telegraph avoir été témoin des suites de l’attaque : «Quatre ou cinq surfeurs l’ont sorti de l’eau et il semblait qu’une partie importante de la partie inférieure de son corps avait été attaquée», a-t-il dit. Les gens ont été sommés de sortir de l’eau, a-t-il raconté. «Il y avait un sauveteur qui agitait un drapeau rouge. Je ne savais pas ce que cela signifiait... mais j’ai pensé que je devais probablement rentrer à terre». La dernière attaque mortelle en Australie remonte à mars, lorsqu’un surfeur avait été tué au large de la plage isolée de Wharton Beach, en Australie-Occidentale. Depuis 1791, plus de 1.280 incidents impliquant des requins ont été recensés en Australie, dont plus de 250 mortels, selon une base de données sur les rencontres entre ces squales et les humains. David WILLIAMS © Agence France-Presse -
Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse -
Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse