
L’or retrouve des couleurs à cause des banques centrales

A une demande sur la stabilité décevante de l’or depuis janvier (-2% en dollars), un gérant répondait le 3 novembre qu’elle était synonyme d’absence de grands risques sur les autres marchés… Depuis, les cours du métal jaune ont rebondi, de 1.770 à 1.873 dollars/once (+5,8%). Un plus haut depuis juin malgré une légère baisse lundi après les nouvelles données sur l’économie chinoise qui, entre difficultés du marché immobilier et augmentation des cas de Covid-19, doit encore confirmer la solidité de sa reprise.
Plus globalement, l’accélération de l’inflation qui se poursuit cet automne alors que les économistes la voyaient plutôt ralentir, apporte à nouveau de l’incertitude. «Une incertitude que les banques centrales ont du mal à dissiper avec un ‘double discours’ sur la poursuite de la croissance synonyme d’inflation et le refus de remonter les taux. Cette année, les investisseurs n’ont pas eu besoin d’investir en valeurs refuges, mais l’inflation fait ressurgir des craintes de ‘stagflation’», remarque Arnaud du Plessis, gérant spécialisé matière premières chez CPR AM. Il ajoute que l’or et le dollar évoluent habituellement dans les deux tiers des cas en sens inverse, mais pas cette année : la performance de l’or est, du coup, meilleure pour les investisseurs via l’euro (+5,8%).
Pic d’inflation
L’élément nouveau est donc assurément l’inflation, dont le pic actuel amène les taux d’intérêts réels à des niveaux négatifs jamais vus. «La corrélation inversée est historiquement presque parfaite et l’ouverture actuelle a rencontré quelques points techniques de résistance (vers 1.835 dollars) avant que les investisseurs de type ‘hedge funds’ ne se repositionnent ‘longs’ sur les marchés à terme, poursuit Arnaud du Plessis. Sur les marchés retail, notamment au travers des ETF (exchange traded funds), la reprise de l’or n’est pas encore évidente. Et plus généralement, la tendance devra être confortée avant d’envisager un retour vers les 2.075 dollars d’août 2020, peut-être si les marchés actions déçoivent avec le ralentissement de la croissance des bénéfices en 2022», ajoute le spécialiste.
L’important endettement général, et des Etats-Unis également, ne plaide pas non plus pour une forte remontée des taux nominaux. Et cette tendance naissante pourrait continuer à bénéficier du soutien des banques centrales émergentes qui renforcent à nouveau leurs réserves d’or en même temps qu’elles augmentent leurs bilans.
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Moscou a démenti avoir visé ce pays membre de l’Otan, tandis que Varsovie a dénoncé une «provocation» russe. L’incident a, pour certains experts, mis à jour des faiblesses de l’Alliance atlantique. Selon des observateurs ukrainiens, l’envoi d’avions de chasse et le tir de missiles pour abattre des drones ont constitué une réponse surannée et bien trop onéreuse. Andrius Kubilius, le commissaire européen, le reconnaît: «Nous n’avons pas les capacités de l’Ukraine pour combattre une invasion de drones». - Outils peu coûteux - Depuis des mois, l’Ukraine est attaquée quasiment chaque nuit par des centaines de drones russes. Pour les repousser, Kiev a développé des outils peu coûteux, comme des brouilleurs électroniques et des drones d’interception. Selon une analyse de l’AFP à partir des données de l’armée de l’air ukrainienne, plus de 80% des drones russes sont abattus. Alors que l’Otan, la semaine dernière, en a neutralisé moins de cinq sur la vingtaine ayant pénétré dans l’espace aérien polonais. Pour produire beaucoup et à moindre frais, l’approche de l’industrie ukrainienne a été notamment de reconvertir des technologies pacifiques à des fins militaires, comme l’usage de petits drones civils pour lâcher des explosifs sur les soldats russes. Ces drones, au bourdonnement caractéristique, étaient bien présents au salon de l’armement de Lviv. Des robots futuristes, ressemblant à des voitures contrôlées à distance et prévus pour ravitailler ou évacuer les soldats sur le front, étaient également exposés, avec, à leurs côtés, de jeunes ingénieurs montrant sur leurs écrans la façon de relier ces engins à l’intelligence artificielle (IA). «C’est une vitrine pour insister sur le fait que l’Ukraine est technologique, l’Ukraine se développe. Si vous faites dans la tech-défense, si vous n'êtes pas en Ukraine, vous n'êtes pas dans la tech-défense», tranche Thomas Moreau, représentant en Ukraine du GICAT, un groupement d’entreprises françaises de défense. Investissements «dérisoires» Au-delà des démonstrations spectaculaires, il reste encore beaucoup à faire. Les investissements étrangers dans les technologies militaires ukrainiennes restent «dérisoires», souligne Iaroslav Ajniouk, PDG de The Fourth Law, qui fabrique des systèmes d’IA pour drones d’attaque. Selon lui, la seule façon de vaincre la Russie est de remporter la course aux armements et l’Occident n’a pas compris l’urgence d’investir. «C’est comme regarder la suite de Don’t Look Up ", dit-il, en référence à cette comédie dramatique américaine dans laquelle des scientifiques tentent d’alerter des responsables inconscients d’une catastrophe imminente. Certains semblent néanmoins réagir. Lors du salon de Lviv, son organisateur, Brave1, une plateforme gouvernementale, a affirmé que des entreprises étrangères avaient l’intention d’investir plus de 100 millions de dollars (plus de 85 millions d’euros) dans les technologies de défense ukrainiennes. Swarmer, une société développant des drones pilotés par l’IA, a conclu le plus important investissement public en obtenant 15 millions de dollars (12,8 millions d’euros) auprès d’investisseurs américains. À titre de comparaison, un député ukrainien a récemment déclaré que l’Ukraine dépensait environ 170 millions de dollars (environ 145 millions d’euros) par jour pour mener la guerre. Des participants au salon expliquent que les investissements se heurtent aussi à des obstacles bureaucratiques, notamment une réglementation stricte qui interdit de facto les exportations en raison de pénuries. 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