
Londres met fin à dix ans d’austérité
Le Royaume-Uni déploie les grands moyens. En annonçant hier une baisse de son taux directeur de 50 points de base, à 0,25%, la Banque d’Angleterre a donné le ton. Dans la foulée, le chancelier de l’Echiquier, Rishi Sunak, enfonçait le clou avec 12 milliards de livres de mesures d’urgence pour contrer l’impact du coronavirus sur l’économie. Cet argent s’ajoute aux 18 milliards déjà réservés aux dépenses publiques et sans rapport avec la lutte contre les effets du virus. «Le budget prévoyait de nombreuses mesures de soutien à court terme pour l'économie dans la lutte à venir contre le coronavirus, mais il a également dépassé les attentes du marché en termes de relance. Les 30 milliards de livres annoncés représentent 1,4% du PIB, alors que les prévisions pré-budgétaires étaient de 0,6% à 1%», souligne Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.
Le chancelier a reconnu que l’épidémie, qui a affecté jusqu’à présent 460 personnes outre-Manche et provoqué le décès de 6, créerait une «perturbation temporaire».
Ces mesures devraient permettre d’en atténuer les effets : le service de santé public (NHS) bénéficiera d’un fonds d’urgence de 5 milliards de livres. Un programme de prêts supplémentaires aux PME et un dispositif de subventions de 2,2 milliards de livres pour les petites entreprises ont été créés. L’impôt foncier sera aussi aboli en Angleterre pour les sociétés du commerce de détail, des loisirs et de l’hôtellerie dont la valeur imposable est inférieure à 51.000 livres. Les personnes auxquelles on aura conseillé de s’isoler bénéficieront aussi d’une extension des indemnités de maladie.
Le chancelier a rappelé que le budget répondait aux promesses de campagne de Boris Johnson, qui s’était engagé à investir massivement dans les régions, l’éducation, la santé, les routes et les inondations. Ce surcroît de dépenses, qui signale la fin d’une période de dix ans d’austérité, va non seulement creuser le déficit public mais aussi augmenter la dette à des niveaux jamais vus depuis près de 30 ans : en 2020-2021, le gouvernement empruntera 2,4% du PIB, contre 1,8% prévu en mars 2019. En 2022-23, les emprunts représenteront 2,5% du revenu national, contre 1,5% auparavant.
Ce budget intervient dans un contexte de prévisions de croissance dégradées : selon l’OBR, le PIB devrait atteindre 1,1% en 2020, comparé à des prévisions de 1,4% il y a un an, puis 1,8% en 2021, comparé à 1,6% annoncé, Ces estimations ne tiennent pas compte de la totalité de l’impact du coronavirus.
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Migrants : trois morts et trois disparus dans deux drames distincts dans la Manche
Boulogne-sur-Mer - «Une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois": trois migrants sont morts et trois autres ont disparu lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche dans la nuit de mardi à mercredi. Vers 22H00 mardi soir au large de Neufchâtel-Hardelot, «un pêcheur a signalé à la gendarmerie que des personnes étaient en détresse sur un bateau qui était proche de la côte», a indiqué le préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet, lors d’un point-presse au port de Boulogne-sur-Mer. «Une personne a pu être réanimée par les gendarmes alors qu’elle était en train de se noyer», a-t-il précisé, mais «un peu plus tard, on a entendu des cris dans la mer de personnes plus éloignées (...), vraisemblablement trois disparus». Aux alentours de 5H00 du matin, le remorqueur Abeille Normandie a ramené au port de Boulogne-sur-Mer «un groupe de naufragés» secourus en mer. Parmi les naufragés figurent trois personnes décédées, «vraisemblablement écrasées au fond du bateau», a encore indiqué le préfet, tandis que trois autres personnes ont été hélitreuillées «directement vers l’hôpital de Boulogne». Selon les premiers éléments à sa disposition, «deux personnes (décédées) seraient d’origine du sud-est asiatique et une serait plutôt égyptienne, et ce sont des personnes jeunes (...) peut-être deux mineurs». Il s’agirait d’une femme et de deux hommes, a-t-il ajouté. Cela porte à au moins 23 le nombre de décès survenus lors de telles tentatives depuis le début de l’année, selon un comptage de l’AFP à partir de données officielles. Une enquête a été confiée à la police aux frontières et à la gendarmerie maritime, a déclaré la procureure de Boulogne-sur-Mer Cécile Gressier. Les personnes prises en charge «sont entendues pour identifier leur rôle, ce sont a minima des témoins, des victimes de ces réseaux qui sont entendues pour pouvoir identifier l’organisation criminelle des passeurs qui sont derrière ces opérations», a ajouté la procureure. 115 personnes sur un bateau C’est «une nuit comme on n’en avait pas vécu depuis plusieurs mois», a déploré le préfet, qui a cependant souligné que «le bilan aurait pu être beaucoup, beaucoup plus lourd": un bateau en difficulté a été secouru avec 115 personnes à bord, probablement un «record» pour une embarcation clandestine dans la région, selon Laurent Touvet. Ces traversées très périlleuses se font avec des canots pneumatiques de quelques mètres de long surnommés «small boats», souvent surchargés et à bord desquels beaucoup de passagers n’ont pas de gilets de sauvetage. Plus de 30.000 personnes sont arrivées de la sorte sur les côtes anglaises depuis début janvier selon le ministère de l’Intérieur britannique, un chiffre record à ce stade de l’année. La seule journée de samedi a vu 17 embarcations et plus de 1.000 migrants réussir la traversée, toujours selon les autorités britanniques. Mardi, une femme migrante a été déclarée décédée sur le rivage britannique à l’issue d’une tentative de traversée, selon la police du Kent (sud-est de l’Angleterre). Depuis son élection en juillet 2024, le gouvernement du travailliste Keir Starmer a multiplié les initiatives pour tenter de limiter les arrivées au Royaume-Uni, mais il peine à endiguer ce phénomène. Sa nouvelle ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, nommée vendredi, a promis que des expulsions de migrants vers la France, prévues dans le cadre d’un accord bilatéral entré en vigueur en août et censé avoir un effet dissuasif sur les traversées clandestines, débuteraient «de manière imminente». Londres a assuré début août avoir commencé à placer en détention des migrants arrivés par «small boats» dans le cadre de cet accord aux contours encore flous, régulièrement dénoncé par les associations. Jérôme NOËL avec le bureau de Lille © Agence France-Presse -
Olivier Faure demande à Sébastien Lecornu de « renoncer au 49.3 » pour démontrer un changement de méthode
Paris - Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a demandé mercredi au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu de renoncer à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» par rapport aux précédents gouvernements. Sur franceinfo, M. Faure a affirmé qu’il n’y avait «aucun scénario où le Parti socialiste participe à l'équipe gouvernementale», et a affirmé qu’il ne refusait pas de discuter avec le nouveau chef de gouvernement, mais qu’il refusait de lui donner «un chèque en blanc» sans savoir ce qu’il fera notamment en matière budgétaire. «Je ne veux pas une plateforme commune qui nous amènerait à gouverner ensemble. Nous ne gouvernerons pas ensemble», a-t-il répété. S’il a «le sentiment que nous sommes baladés» et si la réponse du gouvernement «est une réponse qui est la même que celle qui est formulée depuis huit ans, alors je censurerai et donc nous irons vraisemblablement vers une dissolution», a-t-il prévenu. Le premier secrétaire a estimé que c'était au Premier ministre «de dire ce qu’il prend dans ce que nous avons proposé». Le Parti socialiste a présenté fin août à Blois un budget alternatif, proposant notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines. «Je refuse toute forme de budget qui irait chercher à prélever des économies sur les malades, sur les chômeurs, sur les travailleurs, sur les jeunes, sur les retraités, comme c'était le cas précédemment», a insisté M. Faure, estimant que la taxe Zucman sur les hauts patrimoines faisait partie «des réponses possibles» que pouvait donner M. Lecornu. Olivier Faure, qui réclamait un Premier ministre de gauche pour remplacer François Bayrou, renversé lundi lors d’un vote de confiance, a estimé que la nomination de Sébastien Lecornu n'était «pas une surprise, même s’il y a de l’incompréhension». «Au fond, Sébastien Lecornu à Matignon, c’est Emmanuel Macron à Matignon, c’est les mêmes», a-t-il asséné, rappelant qu’ils ont «tout entrepris ensemble depuis huit ans». © Agence France-Presse