
L’impact des pénuries sur l’industrie est incontestable

La pénurie de matériaux et de composants, notamment de semi-conducteurs, continue de contraindre l’activité de certains secteurs qui peinent à répondre à une forte demande. Dans l’automobile, le numéro un mondial du secteur Toyota a été contraint de réduire sa production, de même que General Motors. Renault a récemment évoqué une absence de visibilité quant à la pénurie de semi-conducteurs. Une majorité d’entreprises dans divers secteurs semble confrontée à des contraintes d’approvisionnement.
Les dernières enquêtes PMI auprès des directeurs d’achats témoignent de ces difficultés. «Le problème majeur est encore une fois le manque de composants, avec des fournisseurs incapables de produire suffisamment de pièces ou confrontés à un manque de capacité d’expédition, a commenté Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit lors de la publication de l’indice PMI manufacturier pour août en zone euro. Ces problèmes d’approvisionnement ont été la principale cause de l’écart entre la production manufacturière et les commandes, à un niveau jamais vu auparavant.»
Hausse des délais de livraison
Ces ruptures d’approvisionnement ont coûté 4% de production industrielle entre le premier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021, selon Ombeline de Pommerol, économiste chez Natixis. Cette pénurie se manifeste par une hausse du temps de livraison des fournisseurs que mesure notamment l’indice PMI. Ce signal a atteint son niveau le plus bas historique, correspondant à un long délai. En temps normal, il existe une forte corrélation négative entre ces délais et la production manufacturière. «Pour mesurer les pertes potentielles de cette pénurie dans la zone euro, nous avons utilisé cette corrélation pour construire un contre factuel – à combien la production se serait élevée avec le niveau actuel de l’indice des délais de livraison, explique l’économiste. Sans ces goulots d’étranglement, la production en zone euro aurait été supérieure de 112,9 milliards d’euros sur la période.»
Ces contraintes devraient encore peser plusieurs trimestres. Dans une enquête réalisée par Oxford Economics (Global Risk Survey), près de la moitié des répondants se disent affectés et un sur huit sévèrement touché. Une majorité s’attend à ce que les pénuries persistent. Jusqu’à au moins mi-2022 pour la moitié d’entre eux. Les dirigeants de Volkswagen et de Daimler ont récemment évoqué des pénuries jusqu’en 2023.
Amélioration lente
Evaluer combien de temps dureront ces goulots d’étranglement est difficile, reconnaît l’économiste de Natixis, «d’autant plus qu’il y a un long délai entre l’investissement dans de nouvelles capacités et le démarrage de la production». Elle note toutefois que l’industrie a clairement réagi et que le World Trade Semi-Conductor Statistics a revu à la hausse ses prévisions en août pour les ventes de 2021 de +4,5% et pour 2022 de +5,8% par rapport à ses précédentes en mars. «Cela donne à penser que les turbulences dans le secteur manufacturier de la zone euro s’amenuisent», juge-t-elle.
Les derniers chiffres de production industrielle dans la zone euro en juillet, ressortis en hausse de 1,5% sur un mois, bien au-delà des attentes, sont un premier signe d’un début d’assouplissement de ces contraintes, selon Mark Cus Babic, économiste chez Barclays. Pour ce dernier, le facteur le plus important dans les prochains mois sera l’évolution des pénuries. Il estime néanmoins que l’amélioration en vue, en raison de la disparition de certains facteurs pénalisants temporaires (météo…), devrait être très progressive et prendre du temps en 2022.
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