
L’étau de la dette se resserre sur China Evergrande

China Evergrande joue la montre. Le numéro deux de l’immobilier chinois, dont les difficultés financières pourraient provoquer le défautet la restructuration de dette les plus importants en Chine, a annoncé mercredi avoir trouvé un accord avec certains de ses créanciers pour le paiement du coupon d’une obligation libellée en yuan dû ce jeudi. Les intérêts de cette obligation émise par la principale filiale du promoteur, Hengda Real Estate, dont le coupon est de 5,8% 2025 s’élèvent à 232 millions de yuans (30,6 millions d’euros).
Les négociations étant privées, le contenu de l’accord n’a pas été divulgué : paiement effectif ou report de paiement. La transaction a été réalisée hors des chambres de compensation via lesquelles se font généralement les paiements de coupon. Les investisseurs étaient partagés sur la portée de cette annonce, certains y voyant surtout une façon de gagner du temps.
Risque de défaut
Le groupe reste suspendu au risque de défaut sur son obligation en dollar 8,25% 2022 pour laquelle il doit payer un coupon de 83,5 millions de dollars ce jeudi. En cas de non-paiement après une période de grâce de 30 jours, le groupe immobilier serait en défaut avec une cascade de défauts (cross default) sur d’autres dettes.
Le 29 septembre, une nouvelle échéance se présentera pour 45,2 millions de dollars (obligation en dollar 9,5% 2024). Trois échéances supplémentaires sont programmées d’ici à la fin de l’année (11 octobre, 6 novembre et 28 décembre) pour plus de 485 millions de dollars de coupons. Une échéance en yuan est également prévue le 19 octobre (122 millions de yuans).
Echéancier chargé
Si Evergrande ne doit pas faire face à des remboursements d’obligations cette année, les échéances sont nombreuses en 2022 pour 6,125 milliards de dollars (la première le 23 mars pour 2,03 milliards) et 8,2 milliards de yuans. A cela s’ajoute la possibilité pour certains créanciers de demander par anticipation le remboursement de leurs obligations en yuan dès l’an prochain pour 16 milliards (quatre obligations à échéance en 2023 et 2024).
Une montagne pour un groupe qui n’a plus accès aux financements, dont l’activité est en forte baisse (-26% en août en rythme annualisé avec une baisse moyenne des prix de vente) et qui peine à céder des actifs.
Passif complexe
La dette de marché atteint 15,7 milliards selon Barclays pour les obligations offshore et 56 milliards de yuans pour la dette onshore. Elle pèse peu dans l’ensemble de l’endettement du groupe immobilier, à 8,5% du passif. Le premier poste du passif de plus de 300 milliards de dollars (1.970 milliards de yuans) est constitué par des créances commerciales et fournisseurs pour 667 milliards de yuans fin juin, en hausse de 9% sur un an, indiquent les analystes de JPMorgan.
Les dettes portant des intérêts s’élèvent à 572 milliards de yuans (+1% sur un an), dont 240 milliards à court terme (+93% sur un an et +179% par rapport à fin 2020). Sur ces dettes, 400 milliards sont des dettes bancaires. Les estimations divergent toutefois. Barclays estime les prêts bancaires à 227 milliards de yuans.
A cela s’ajoutent 279 milliards de yuans de dette due à des investisseurs particuliers et des employés, auxquels le groupe a vendu des produits financiers dans le cadre d’opérations de shadow banking pour financer ses opérations immobilières.
Cette montagne de dette inquiète mais pas au point de craindre une crise systémique.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse