
L’escalade entre Israël et l’Iran enflamme le pétrole

Le Moyen-Orient s’enflamme de nouveau. Alors que les signes de tension se multipliaient depuis quelques jours, Israël a mené dans la nuit de jeudi à vendredi des frappes contre l’Iran, ciblant à la fois des sites liés au projet iranien de se doter de l’arme nucléaire et plusieurs hauts responsables du régime théocratique.
Selon une source militaire israélienne, Israël a mené «des dizaines» de frappes sur des installations nucléaires et des sites militaires à travers le pays, en plusieurs vagues. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a souligné qu’une opération militaire contre l’Iran avait commencé et qu’elle durerait «autant de jours que nécessaire».
Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre) a ainsi été visé «plusieurs fois», selon la télévision d’Etat iranienne, ainsi que trois sites militaires dans le Nord-Ouest du pays. Le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a été tué, selon les médias officiels iranien ainsi que plusieurs hauts-gradés ainsi que des scientifiques nucléaires.
Vendredi matin, une riposte aérienne était en cours de la part de Téhéran avec l’envoi de vagues de drones vers l’Etat hébreu. Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que l’Iran devait «s’attendre à une punition sévère» pour ces attaques.
Alors que Téhéran est soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique, cette offensive aérienne intervient alors que des négociations sont en cours entre les Etats-Unis et l’Iran sur la question. Un nouveau cycle de négociations sur le nucléaire iranien était programmé pour dimanche Les craintes d’une frappe imminente d’Israël grandissaient depuis quelques jours.
Flambée du pétrole
Comme à chaque épisode de tension dans la région, les cours du pétrole ont réagi. Signe du caractère inédit de l’escalade, l’or noir a flambé de plus de 12% sur les marchés asiatiques, témoignage de craintes sur les circuits d’approvisionnement dans la zone. L’aggravation du conflit au Moyen-Orient augmente le risque non seulement de perturbations de l’approvisionnement en pétrole des principaux pays producteurs, mais aussi de contagion dans les pays producteurs de pétrole voisins, indique Priyanka Sachdeva, de la maison de courtage Phillip Nova.
Vers 9h30, le contrat d’août sur le Brent de mer du Nord coté à Londres prenait 5,29 dollars, soit 7,6%, à 74,64 dollars le baril. Le contrat de juillet sur le brut léger doux (WTI) coté au Nymex grimpait de 5,21 dollars, soit 7,7%, à 73,29 dollars le baril.
A lire aussi: Les pourparlers sino-américains dopent le prix du pétrole
Des marchés orientés à la baisse
En Europe, les marchés encaissent le choc avec des indices qui s’inscrivent en net repli , mais contiennent leurs pertes. Vers 11h50, l’indice Stoxx Europe 600 cédait 0,8%, à 545,3 points. A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 reculaient de 1,1% chacun. Le DAX 40 abandonnait 1,4% à Francfort et le FTSE 100 lâchait 0,4% à Londres. En Asie, l’indice Nikkei 225 de la Bourse de Tokyo a cédé 0,9%, tandis que l’indice chinois Shanghai Composite a perdu 0,8%.
«On ne peut que craindre une escalade. De fait, les Bourses réagissent négativement, les valeurs refuges, tel l’or, les obligations d’Etat des pays développés voient leur cours monter... et le prix du pétrole s’envole, atteignant un prix autour de 75 dollars le baril (Brent), son plus haut niveau depuis le début d’année», commente Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche à La Banque Postale Asset Management.
«Les marchés attendaient un prétexte pour vendre depuis plusieurs semaines. Les chiffres de l’inflation ou un regain de tension dans les négociations commerciales semblaient pouvoir être un prétexte majeur. Il n’en a rien été. Finalement, le prétexte pour vendre les actions et acheter l’or est venu du Moyen-Orient», résume Antoine Andreani, responsable de la recherche chez XTB France.
L’attaque pousse les investisseurs à se tourner vers des actifs sûrs. Le rendement du titre du Trésor américain à 10 ans baisse après l’attaque. Vers 7h30, le taux de l’obligation du Trésor américain à dix ans perdait 3,9 points de base, à 4,33%. Le taux du titre à deux ans cédait 2,7 points de base, à 3,89%. Sur le marché des changes, l’euro recule nettement face à la devise américaine. La monnaie unique perdait 0,6%, à 1,1516 dollar, tandis que le billet vert montait de 0,2%, à 143,74 dollars.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse