
Les volumes de trading battent des records

Les volumes d’échanges sur les marchés d’actions européens explosent. Au cours des deux premiers mois de l’année, les plateformes boursières ont battu les records en volumes d’échanges quotidiens moyens (ADV) établis pendant la crise du Covid-19. Ce mois de mars est en passe d’être le plus «chargé» jamais enregistré avec près de 100 milliards d’euros d’échanges par jour, 80% au-dessus de la moyenne de 55 milliards sur quatre ans, selon la plateforme paneuropéenne Cboe ou encore la société d’analyse Big Xyt.
Et les volumes pourraient encore augmenter, mais sans que la structure du marché ne s’améliore forcément si tous les flux se concentrent au même moment et/ou dans le même sens. «La liquidité du marché peut disparaître très vite, mais, sauf sur la Russie bien sûr, la situation actuelle n’est pas comparable à celle de la crise du Covid en mars-avril 2020 lorsqu’il y avait eu un assèchement complet de la liquidité, indique un spécialiste. Au cours de la journée, nous pouvons constater des points d’illiquidité car beaucoup d’investisseurs agissent dans le même sens : cela génère une volatilité plus forte lors de certaines phases de stress, avec effectivement une concentration aux fixings d’ouverture et surtout de clôture, mais ce phénomène de concentration (essentiellement sur les grandes capitalisations) n’est pas nouveau ou ni directement lié au conflit.»
La plateforme Euronext peut constater une baisse de liquidité dans certaines circonstances de marché depuis l’invasion de la Russie, mais pas dans des proportions inquiétantes. «Par exemple, l’augmentation de la part des enchères n’est pas plus importante : les volumes de ces enchères (dont le fixing de clôture représente 95%) ont progressé de 45%, de 2,9 à 4,2 milliards d’euros en moyenne par jour sur Euronext (hors Borsa Italiana), alors que les volumes d’échanges en séance continue ont progressé de 50%, de 6,5 à 9,8 milliards d’euros en moyenne par jour», note Simon Gallagher, directeur action/dérivés chez Euronext. Sur d’autres plateformes, la part des enchères aurait même diminué pour la première fois depuis mars 2020, de 29% à 25% des volumes selon Big Xyt, les traders devenant plus pressés de trouver un prix quand la volatilité augmente.
«De manière générale, lorsque la volatilité est plus élevée, la taille moyenne des ordres a tendance à diminuer. Mais l’impact n’est ici pas significatif : stable autour de 4.700 euros en phase continue, en hausse de 33.000 à 40.000 euros en phase d’enchères, poursuit Simon Gallagher. Si on regarde la qualité du marché, le ‘spread’ moyen entre prix offert et prix demandé sur un indice comme le CAC 40 est passé de 3,5 points de base (pb) avant la crise à 4,5 pb.» Au printemps 2020, les «spreads bid-ask» avaient atteint un pic de 12 pb et une moyenne de 6 à 8 pb en Europe selon les régulateurs.
Ce point reste à surveiller, car entre la guerre en Ukraine, les sanctions et les risques politiques, la volatilité devrait a minima se maintenir. L’indice de volatilité sur les actions européennes (VStoxx) est monté autour de 35 points depuis le 24 février - et même à 50 le 4 mars avec le bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijjia - sans trop redescendre. Au contraire de l’indice américain Vix, qui évoluait autour de 26 points vendredi.
Obligations sans prix ?
La situation n’est guère plus simple sur les obligations, même si la guerre n’a finalement que peu modifié la tendance à la vente liée à la remontée des taux. «Ces marchés restent de gré à gré (OTC) pour l’essentiel, et la baisse de liquidité est plus structurelle avec des banques qui allouent moins de capital au portage des titres. Cela pose peu de problème en temps normal car les ‘market-makers’ sont tout de même présents, mais davantage lors des épisodes de stress», rappelle Steve Mosseri, responsable négociation taux chez Exoé. Malgré les connexions à toutes les plateformes «request for quote» (RFQ) et «dark-pools» de cette table d’exécution dédiées aux sociétés de gestion, il a aussi eu du mal à trouver des prix sur les obligations russes, souveraines ou d’entreprises, pour des clients vendeurs à partir début mars.
Avec la guerre, Steve Mosseri a constaté des décalages de prix sur les taux malgré la présence des teneurs de marché, et beaucoup moins d’ordres directs sur les obligations en crédit : «Les investisseurs utilisent plus de fonds indiciels cotés (ETF, Exchange traded funds) et de dérivés de crédit (CDS), qui permettent de se positionner et de se couvrir plus vite qu’en achetant les titres vifs, poursuit le professionnel. La fin des achats d’actifs de la banque centrale devrait engendrer une normalisation du marché obligataire, et nous espérons que des investisseurs avec des durations plus longues viendront se positionner après une phase de ‘crédit short duration’. Nous travaillons beaucoup avec les banques et traders ‘sell-side’ pour proposer à nos clients une vision globale et en temps réel des prix». Même si ceux affichés sont rarement ceux qui sont exécutés dans ces périodes de stress, conclut Steve Mosseri.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse