
Les obligations convertibles américaines digèrent le choc SVB

Le marché des obligations convertibles n’a pu passer entre les gouttes de la tempête provoquée par la faillite de Silicon Valley Bank (SVB), tout particulièrement outre-Atlantique. Ce segment est devenu ces dernières années une source naturelle de financement pour de nombreuses entreprises technologiques. Vendredi, au lendemain de la découverte des difficultés de la banque californienne des start-up de la tech, le marché américain des obligations convertibles a reculé de 1,4%, soit quasiment dans les mêmes proportion que Wall Street, où l’indice S&P 500 perdait 1,45% après un premier recul de 1,85% jeudi.
Les convertibles américaines ont cédé 3,5%, entre le 3 mars et le 13 mars, contre une baisse de 4,6% pour le S&P 500. Dans le même temps, un indice mondial des obligations convertibles a reculé de 2,5% tandis qu’en Europe elles abandonnaient 1,9%.
«L’impact a clairement été plus important sur le marché américain, relève un analyste qui préfère rester anonyme. Mais il n’y a pas eu de mouvement marqué notamment parmi les valeurs du secteur de la technologie dont les prix ont bougé exactement comme les actions en fonction du delta de chaque instrument, c’est-à-dire leur sensibilité action.» Le secteur technologique et communications représente à lui seul 42% du marché américain des obligations convertibles. «La baisse du marché américain est relativement limitée, juge Frédéric Hertault, gérant obligations convertibles chez Equigest. Si des émetteurs majeurs étaient directement concernés, on le verrait dans la performance.»
Quelques entreprises ont communiqué sur leur exposition à SVB, comme le site marchand américain Etsy. La société utilisait le système de paiement de la banque californienne et a dû interrompre les paiements à ses partenaires avant d’avoir trouvé un nouveau prestataire. Son obligation convertible a logiquement corrigé. D’autres sociétés ont indiqué avoir des dépôts ou des lignes de crédit pour leurs besoins courants chez SVB, mais pas de nature à remettre en cause leur fonctionnement. «Il n’y a pas d’inquiétude majeure car il n’y a pas d’entreprise ayant une part importante de ses liquidités déposées chez SVB, affirme l’analyste. La plupart des entreprises de technologie sur le marché des convertibles ont en outre peu d’endettement.»
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Peu d’exposition à SVB
Le risque semble d’autant plus circonscrit que tout le monde doit récupérer la totalité des dépôts. C’est le cas également du laboratoire néerlandais Pharming Group, le seul émetteur européen d’obligations convertibles ayant annoncé une exposition à SVB mais qui n’anticipe pas de pertes sur ses 26 millions de dollars de liquidités dans les livres de la banque américaine. Le prix de l’obligation s’est ajusté après l’annonce lundi avant de limiter sa baisse en fin de journée.
«Le marché européen a affiché une bonne résistance dans cette première phase de correction», relève Frédéric Hertault. Ce qu’il attribue à une composition sectorielle plus défensive. Lundi, l’indice Refinitiv Obligations Convertibles en zone euro a baissé d’environ 0,75% contre une baisse de plus de 3% pour l’Euro Stoxx 50. «C’est une bonne performance relative alors que la sensibilité actions est d’environ 35%», ajoute le gérant. Il y a en effet très peu de financières dans l’indice (2% de la sensibilité actions), et il s’agit d’une obligation convertible BNP Paribas. La part des valeurs de consommation ou industrielles est plus faible que fin 2022. Le secteur télécoms est le plus important avec près de 20% de la sensibilité actions tandis que les utilities représentent 5%.
«Il faut toutefois rester prudent car nous sommes encore dans le processus de découverte, affirme l’analyste. Tout va dépendre de ce que va décider le régulateur après ses enquêtes, et des dégâts sur d’autres banques régionales. Avec comme question de savoir si le Trésor américain et la Fed accepteront de rembourser la totalité des dépôts si plusieurs autres banques font faillite.» Pour ce dernier le principal moteur de l’évolution des valeurs de croissance reste la question de la récession dont on sait qu’elle arrivera sans en connaître ni le timing, ni l’ampleur, et celle de l’inflation. Avec en toile de fond la crédibilité et la capacité des banques centrales à lutter contre cette dernière, sachant que du niveau des taux dépend la valorisation des entreprises de croissance.

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