
Les marchés chinois s’accrochent à des espoirs ténus

Les marchés chinois aussi guettent le pivot : la rumeur que le gouvernement s’apprêtait à assouplir les mesures zéro-Covid ont suffi, la semaine dernière, à déclencher un rallye d’ampleur. L’indice Shanghai Composite affichait une progression de 7,9%, contre des pertes de 12% depuis le début de l’année, tandis que l’indice Hang Seng, coté à Hong Kong, gagnait 11,7% (-29% depuis janvier). Les groupes associés à une réouverture de l’économie et au tourisme ont été les premiers gagnants, comme le groupe de restaurant Haidailo (+20% sur une semaine), ou l’aéroport de Shanghaï (+12%).
Les autorités chinoises ont vite douché les espoirs des investisseurs : le ministère de la Santé a rappelé ce weekend qu’il restait attaché à la « gestion dynamique » des cas de Covid, et que la politique de contrôle de l’épidémie donnait satisfaction. Les marchés continuaient néanmoins de progresser, lundi : +0,2% pour le CSI 300, et +0,5% pour le CH50, par exemple. « Ces marchés sont très volatils, beaucoup plus motivés par les nouvelles et les rumeurs que les fondamentaux, rappelle Corinna Lau, Client Portfolio Director, actions asiatiques chez Invesco. Les mouvements de la semaine dernière montrent que les valorisations sont si basses qu’il ne manque qu’un catalyseur pour déclencher un retour des investisseurs. » Le prix rapporté au bénéfice par action est au plus bas depuis 2016, à 9,4x pour l’indice MSCI China, contre une moyenne sur 10 ans à 13x. Le prix sur les actifs nets est, lui aussi, à un plus bas depuis au moins 2014, à 0,95x (contre une moyenne à 1,56x sur dix ans).
Evolution
Le mouvement n’est pourtant pas entièrement irrationnel. D’une part, le conseil d’Etat a condamné la mise en place de la politique zéro covid dans plusieurs villes, dont Zhengzhou, où est situé l’usine de Foxconn. Par ailleurs, il est désormais possible de débattre du sujet sur les réseaux sociaux, des vidéos détaillant l’impact des confinements sur la santé mentale n’ayant, par exemple, pas été retirées. Ces mesures symboliques sont néanmoins interprétées comme une évolution de la position des autorités chinoises. Ensuite, les craintes liées à la mainmise de Xi Jinping sur le gouvernement se sont apaisées : le premier ministre putatif, Li Qiang, est jugé favorable à l’économie -il est crédité d’avoir fait rentrer Tesla en Chine, ou mis en place l’indice boursier STAR des entreprises de croissance. Son remplaçant au poste de gouverneur de Shanghaï, Chen Jining, s’est aussi beaucoup prononcé en faveur de l’ouverture économique. Enfin, les auditeurs américains chargés d’évaluer les entreprises listées aux Etats-Unis (dites ADR) ont terminé leurs inspections plus rapidement que prévu, un signe jugé positif et qui éloigne le risque que ces titres soient retirés de la cote : Alibaba gagnait 10% sur la semaine, contre 17% pour Tencent ou 7% pour Pinduoduo.
Prudence
Si le rebond a effacé les pertes qui avaient suivi les résultats du XXe Congrès, il faudra davantage pour qu’il se poursuive. « Cela dépend de deux conditions : des mesures concrètes de réouverture, et une conclusion sur le statut des titres ADR, attendue fin novembre ou début décembre », estime Haiyan Li-Labbé, gérante chez Carmignac. Goldman Sachs considère qu’une réouverture totale, que la banque estime pouvoir prendre place mi 2023, pourrait faire progresser les marchés actions de 20%.
La confiance des investisseurs reste pourtant ténue : les flux ne se sont pas inversés. « Le mouvement de la semaine dernière n’est pas lié à un retour massif des investisseurs étrangers, mais aux rachats forcés de positions vendeuses par les hedge funds, note Haiyan Li-Labbé. Les fonds longs ne sont pas encore retournés sur les marchés, d’autant que les investisseurs américains et européens gardent leurs distances : la question de Taïwan fait, à moyen terme, peser le risque géopolitique. » La part du pays dans l’allocation des investisseurs est inférieure de 420 points de base au poids de la Chine dans les indices globaux, un plus bas depuis 2018.
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