Les marchés actions bouclent un premier semestre exceptionnel

Les actions européennes, américaines et japonaises affichent des performances à deux chiffres, grâce à la résilience de l’économie, à la stabilisation des taux et à l’intelligence artificielle.
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Wall Street a en grande partie rattrapé son retard  - 

Au premier semestre 2023, il fallait être investi en actions, au grand regret de nombreux investisseurs ayant commencé l’année sous-pondérés sur la classe d’actifs dans la crainte d’une récession qui tarde à se matérialiser. La crise énergétique a été évitée, assurant un bon début d’année aux actions européennes, puis les valeurs de croissance américaines ont pris le relais avec la stabilisation des taux mais, surtout, l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Les actions japonaises ont également fait partie de ce deuxième mouvement de hausse. La crise bancaire de mars semble loin. L’indice Vix de volatilité implicite à un mois du S&P 500 a retrouvé ses niveaux d’avant le Covid, sous 13 points.

L’indice Nasdaq affiche la meilleure performance depuis le début de l’année, avec un bond de 31,7%. Il s’agit de sa plus forte hausse sur un semestre depuis quatre décennies. L’indice technologique américain rebondit de plus de 36% par rapport à son point bas d’octobre 2022. Les valeurs de croissance avaient alors accusé leur plus forte correction depuis des années en raison de la forte appréciation des taux. L’indice revient désormais à 13% de son plus haut historique de fin 2021. Wall Street a clairement rattrapé son retard par rapport aux valeurs européennes, qui ont bénéficié dans les premiers mois de 2023 de leur plus faible valorisation, de la météo clémente cet hiver, qui a permis d’éviter une crise énergétique, et du rebond économique de la Chine après l’abandon de sa stratégie zéro Covid. Cette reprise chinoise a fait long feu et pèse sur les valeurs européennes.

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A Wall Street, l’indice S&P 500 enregistre un gain de 15,9%, proche des 16% de hausse de l’indice Euro Stoxx 50. En Europe, Francfort, Madrid et Milan affichent des progressions supérieures à celle de l’indice européen mais le CAC 40 est en retrait de près de deux points. L’indice Nikkei 225 affiche la deuxième meilleure performance entre janvier et juin (hors Bourse de Moscou), avec un gain de 27,2%.

Apple pèse 3.000 milliards

La hausse de l’indice S&P 500 est toutefois concentrée sur moins de dix valeurs, dont Nvidia. Le fabricant américain de puces profite à plein des perspectives de développement dans l’intelligence artificielle et a dépassé les 1.000 milliards de dollars de capitalisation. La Bourse de Taïwan a également bénéficié de ce mouvement et grimpé de 20%. Vendredi, Apple est repassé au-dessus des 3.000 milliards de capitalisation. Le marché a été soutenu, pour cette dernière séance du premier semestre, par des données d’inflation (indice PCE) confirmant la désinflation aux Etats-Unis avec pour perspective la stabilisation des taux.

Toutefois, en dehors des sept valeurs qui ont contribué à près de 90% à la performance de l’indice, le S&P 500 est quasiment stable au premier semestre. Il se paye 17 fois les bénéfices, contre 23 fois avec ces valeurs.

Optimisme des investisseurs

Les économistes ne sont pas tous aussi optimistes pour les mois qui suivent et certains continuent de craindre un fort ralentissement, voire une récession, en fin d’année ou début 2024. Mais des indicateurs récents plus favorables pour l’économie américaine (inscriptions au chômage, mises en chantier…), confirmés par le pivot à la hausse de l’indice de surprises économiques de Citi (un indicateur assez corrélé avec l’évolution du marché), ainsi que la perspective de résultats solides au deuxième trimestre, pourraient soutenir encore le marché.

«Une fois de plus, l’économie américaine continue de surprendre les observateurs macroéconomiques par sa force et sa résistance, relève Florian Ielpo, responsable de la macro pour le multi-asset chez Lombard Odier AM. Cette surprise a conduit à un réexamen des prix par les marchés mondiaux cette semaine, avec des taux réels plus élevés, un dollar plus fort et un retour des actions ‘value’.» Plusieurs indicateurs montrent même un optimisme croissant à l’égard des actions. Le sentiment positif dans l’enquête de l’Association américaine des investisseurs individuels a dépassé sa moyenne historique pendant quatre semaines consécutives, tandis que les mesures de positionnement suivies par les banques ont montré que les investisseurs avaient récemment augmenté leur exposition aux actions.

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Les marchés du crédit ont également affiché une bonne performance sur les six premiers mois de l’année, avec des gains de 3,2% et 2,3% pour les segments investment grade (IG) dollar et euro et de 4,5% et 4,4% pour le high yield (HY). Là encore, comme pour le S&P 500, les deux compartiments ne donnent pas la même lecture de l’économie. L’IG intégrant en partie le risque de récession contrairement au HY.

«Jusqu’à présent, 2023 a été excellent, principalement pour les actions et en particulier la technologie américaine, souligne Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. Cependant, les gagnants depuis le début de la hausse des taux, il y a dix-huit mois, sont très limités.» En prenant ce recul, seuls les matières premières, l’or et les actions italiennes sont dans ce cas, et uniquement les matières premières si l’on considère la performance réelle, hors inflation. «Le premier semestre a surpris à la hausse, en grande partie grâce à la technologie et à l’IA, mais si le début de 2022 a marqué le début d’une nouvelle ère de taux plus élevés, ces performances doivent toujours être considérées dans ce contexte», prévient le stratégiste.

Pour les investisseurs, tout dépend s’ils estiment que la hausse des taux n’a été qu’un événement isolé et que le marché est désormais dans le processus de normalisation, pour les plus optimistes, ou s’ils pensent que la hausse des taux est là pour durer. «Le marché a besoin d’une réponse à une grande question : à quoi ressemblera l’économie dans la seconde moitié de l’année», souligne néanmoins Mona Mahajan, stratège senior en investissement chez Edward Jones. Et, surtout, si le risque de récession profonde sera évité. Le resserrement monétaire commence juste à produire ses effets sur l’économie, avec un décalage plus prononcé que par le passé. Le marché continue pour le moment d’espérer un atterrissage en douceur.

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