Les émissions de dette durable animent le marché primaire

Le volume émis au premier trimestre dans le monde représente déjà 45% du total placé en 2020.
Xavier Diaz

Les émissions de dette durable ont connu une véritable accélération au premier trimestre. «Nous avons eu un marché extrêmement dynamique dans la foulée d’un quatrième trimestre 2020 très soutenu», affirme Stéphane Marciel, responsable obligations de dette (DCM) durable chez Société Générale CIB. 207 milliards en équivalents euros ont été émis sur la période dans le monde, tous émetteurs confondus (plus de 45% du volume total émis en 2020 sur les obligations ESG). Les corporates représentent 28%.

Signe de cette montée en puissance dans les corporates euro, ces émissions ont représenté 20,5% des transactions (14,5% au quatrième trimestre 2020), selon Crédit Agricole CIB. Sur ce segment, les sustainability linked bonds (SLB) continuent de se développer, bénéficiant depuis le début de l’année (SLB environnementaux) de leur éligibilité aux programmes d’achat de la BCE. «Le SLB est un produit extrêmement visible, mais il s’agit d’un outil complémentaire qui ne viendra pas remplacer les green et les social bonds», nuance Stéphane Marciel. La dynamique vient surtout de la forte demande des investisseurs, souvent matérialisée par un greenium (prime d’émission durable), qui a pu atteindre 5 points de base (pb) par rapport à une dette classique. «Ce léger avantage économique, qui semble se dessiner, est un facteur de soutien pouvant inciter davantage d’entreprises à émettre sur ces formats», relève Xavier Beurtheret, responsable origination DCM corporate France et Benelux chez CA CIB pour qui cette dynamique se matérialise aussi par la multiplication des secteurs. Les télécoms et l’automobile ont confirmé leur intérêt. Des émetteurs high yield (Faurecia) ont désormais accès à ce marché de même que les émetteurs non notés (Orpea et Neste).

Les investisseurs ne font plus seulement attention au format d’émission mais aussi à l’évaluation ESG des émetteurs d’obligations conventionnelles. «Pour les émetteurs il ne s’agit plus seulement d’un objectif de communication mais cela devient une condition d’accès au marché et du coût de financement», note Félix Orsini, responsable mondial DCM chez SG CIB, qui anticipe des difficultés à émettre pour les entreprises qui n’auraient pas fait suffisamment d’efforts sur les critères durables et donc la nécessité de payer une prime qu’il appelle malium. Les équipes de CA CIB anticipent quant à elles une poursuite de la dynamique favorable pour les émissions durables en 2021, à 82,5 milliards (20-25% des émissions) dans un marché d’ensemble moins porteur qu’au premier trimestre.

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