L’entame des négociations sur le Brexit ravive les tensions sur les marchés

Pénalisée par les craintes d’un Brexit dur, la livre sterling a chuté de 2,4% face à un dollar pourtant lui aussi en léger recul depuis ses plus hauts.
Patrick Aussannaire

L’entrée imminente dans la phase active de négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) sur le Brexit remet la pression sur la livre sterling. Les rumeurs croissantes d’un durcissement du discours de Theresa May lors d’une allocution programmée aujourd’hui a fait chuter la devise de 2,4% hier matin face au dollar et fait grimper la volatilité implicite à 1 mois de plus d’un point à un niveau de 13,2% qui n’avait pas été atteint depuis octobre dernier. Le sterling avait déjà été la seule devise des pays du G10 à ne pas profiter de la chute récente du dollar. Depuis le point haut du billet vert le 3 janvier, la livre a ainsi cédé 1,6%, alors que l’euro s’est repris de 1,8% pour approcher 1,06, et le yen est remonté de 3% à 114.

Le fait que Theresa May ait fixé comme objectifs le contrôle de l’immigration et l’indépendance face à la Cour européenne de justice sur lesquels elle ne fera pas de concession a alimenté la rumeur d’une sortie du Marché unique. Elle a partagé l’opinion de son ministre de l’Economie Philip Hammond qui a menacé d’assouplir la fiscalité des sociétés si son pays n’obtient pas un accès au Marché Unique, et un contrôle de l’immigration. «La question est à présent de savoir si le Royaume-Uni sera en mesure d’obtenir un accord commercial. L’objectif officiel reste d’activer l’article 50 de la Constitution en mars, même si cela dépend également de la décision de la Cour suprême attendue d’ici la fin du mois. Si le gouvernement perd en appel, l’échéance de mars ne sera cependant pas réalisable», estime SG CIB.

Dans le cadre de ses négociations avec l’UE, Londres peut s’appuyer sur une meilleure résistance que prévu de l’économie britannique, tirée par la consommation et des exportations profitant de la dépréciation de la livre. Or, JPMorgan anticipe que la devise pourrait, «soit baisser, soit augmenter de 5% à 10% en fonction des objectifs qui seront définis par le gouvernement dans le cadre du Brexit». Les erreurs de prévisions sur la croissance britannique «portent bien plus sur le timing que sur le sens», estime Natixis. Les ménages achètent en s’endettant et en puisant dans leur épargne tant que les prix n’augmentent pas trop vite et les intentions d’investissement restent orientées à la baisse. Enfin, le coût d’une perte brutale du passeport européen pour la finance britannique reste très incertain.

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