
Le risque politique chinois réfrigère les investisseurs étrangers

Les investisseurs internationaux ont limité leur exposition à la Chine aussi vite qu’ils l’ont bâtie. Les encours des deux ETF (exchange-traded funds) obligataires les plus populaires, gérés par iShares, illustrent bien cette volte-face. L’ETF crédit en yuan (CNYB) a ainsi affiché une collecte record entre début 2020 et fin 2021, avec plus de 12 milliards de dollars de croissance des actifs sous gestion. Las, les tensions liées à l’immobilier, un secteur qui représente une part importante des indices obligataires locaux, ont fait fuir les investisseurs, les encours chutant de 8,9 milliards de dollars.
Signe que le risque politique inquiète aussi les marchés, les titres souverains n’ont pas connu de vogue comparable : l’ETF dédié à la dette d’Etat chinoise (CGBY) a plafonné à moins de 2 milliards de dollars d’encours. Les sorties ont en revanche été, en proportion, plus importantes que pour l’ETF crédit : les encours sont tombés à 13,4 millions de dollars, à mesure que le président Xi Jinping renforçait sa position à la tête de la Chine.
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La fuite des investisseurs étrangers éclaire sur la volte-face du Parti, qui cherche désormais à les convaincre de revenir. Xi Jinping, qui s’était élevé contre «l’extension désordonnée du capital» en 2021, a ainsi insisté sur l’importance de restaurer l’attrait de la Chine pour les investisseurs internationaux. La Conférence centrale sur le travail économique, qui a eu lieu en fin d’année dernière, et les deux sessions de mars ont d’ailleurs surpris par leur ton beaucoup plus conciliant à l’égard du secteur privé et des marchés mondiaux – d’autant que la Chine a joint le geste à la parole : le secteur immobilier, principal moteur de l’économie, s’est vu assouplir son accès à la liquidité. La régulation ayant touché le secteur internet a elle aussi été mise à l’arrêt, tandis que les efforts d’ouverture des marchés financiers se sont poursuivis, avec des retouches techniques sur le yuan et l’élargissement des titres continentaux investissables.
Cela ne suffira pourtant pas. L’économie est confrontée à des problèmes de long terme, dont la démographie, alors même qu’elle doit passer d’une croissance soutenue par l’immobilier et la dette à une croissance tirée par la consommation domestique. Le risque politique inquiète aussi : la politique étrangère chinoise demeure marquée par les déclarations agressives de ses diplomates, et par les engagements régulièrement renouvelés à reprendre Taïwan.
Quant à la politique économique, la disparition d’un banquier star, Bo Fan, en début de mois, est venue entacher les engagements proentreprises du nouveau gouvernement. Les encours des fonds exposés à la Chine ne battront pas de records en 2023.

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