
Le projet de PEPP mis à mal par des Etats membres

Les lobbyistes qui suivaient le dossier depuis le début s’y attendaient: les 28 Etats membres sont en train de détricoter le projet de produit d’épargne retraite européen PEPP (pan-european personal pension product).
Pour rappel, il s’agit d’une proposition faite par la Commission européenne il y a près d’un an. Le but est de créer un nouveau produit d’épargne retraite, accessible à tous les citoyens européens tout au long de leur vie - et ce même s’ils déménagent plusieurs fois sur le continent. Pour cela, le texte proposait un système de compartiments : un citoyen vivant cinq ans en Espagne puis cinq ans en Allemagne pourrait utiliser des compartiments différents, conservant ainsi un seul PEPP durant toute sa carrière.
Mais le projet, qui touche au sujet sensible des système de retraite, a laissé les Etats membres réticents. Selon un projet de compromis (intérimaire, et donc encore susceptible de changer) obtenu par L’Agefi, ils envisagent de supprimer ces compartiments nationaux, en les remplaçant par des sous-comptes (sub-accounts) directement rattachés au PEPP principal.
Compétence de supervision renationalisée
Outre l’emphase sur l’Etat d’origine du PEPP, ces clauses suppriment l’obligation initiale d’avoir un compartiment ou sous-compte dans chacun des 28 Etats - touchant directement à l’ambition paneuropéenne du PEPP.
Le texte change également profondément la supervision envisagée. La proposition de la Commission européenne confiait la tâche de labelliser les produits PEPP à l’Autorité européenne chargée des assurances et des fonds de pension (Eiopa). Le document des Etats membres renationalise cette compétence dans les capitales, en rendant cette tache aux superviseurs nationaux. Ces derniers devraient ensuite notifier la labellisation de chaque PEPP à l’Eiopa, dont le rôle se voit limité à la tenue d’un registre recensant toutes ces entités.
Enfin, le texte ne change pas directement la possibilité d’avoir un déboursement final sous forme de forfait ou de rente - un sujet qui oppose en coulisse les assureurs et les gestionnaires de fonds. Il relègue le débat aux niveaux nationaux, en donnant la possibilité à chaque Etat membre de «limiter les déboursements forfaits pour encourager une autre forme de déboursement».
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse