Le prochain gouverneur de la Banque du Japon reste prudent dans ses déclarations

Auditionné pendant près de trois heures devant le Parlement japonais qui doit approuver sa nomination, Kazuo Ueda, le candidat au poste de gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) a mis en garde contre toute solution magique pour produire une inflation stable et normaliser la politique tout en se tenant au scénario actuellement avancé par l’institution.

Kazuo Ueda a déclaré que la BoJ devrait poursuivre ses mesures de relance pour le moment, tout en signalant la nécessité d’envisager de revenir à une approche politique normale si les perspectives de prix s’amélioraient clairement. Pour lui, il faudra encore un certain temps pour atteindre une inflation stable et durablement soutenue par la croissance des salaires au Japon, ajoutant que l’accord avec le gouvernement engageant la BoJ à atteindre son objectif de 2% n’avait pas besoin d’être modifié. L’inflation publiée vendredi est tout de même ressortie à 4,3%, et à 4,2% pour l’inflation sous-jacente, soit un plus haut depuis 1981 dans les deux cas.

«Si je suis nommé gouverneur de la BoJ, ma mission n’est pas de proposer une sorte de politique monétaire magique et spéciale, a-t-il précisé. Comme je l’ai déjà mentionné, si vous regardez la tendance des prix, nous constatons des améliorations, mais la situation montre qu’il faudra encore du temps avant que nous ayons atteint une inflation de 2%.»

Des commentaires conformes à ceux des hauts responsables de la BoJ ces derniers mois, y compris ceux du gouverneur sortant Haruhiko Kuroda, et qui suggère qu’un pivot restrictif ne devrait pas avoir lieu dès son arrivée en avril. Un point de vue réitéré plus tard dans la journée par le Premier ministre Fumio Kishida, dont les majorités dans les deux chambres rendent cette nomination quasi-certaine – le candidat doit être auditionné devant la chambre haute lundi.

Kazuo Ueda est resté discret sur la question spécifique du contrôle de la courbe des rendements par la BoJ, offrant aux opérateurs de marché peu d’éléments sur lesquels appuyer de nouvelles spéculations sur un changement de politique dans les mois à venir. Dans ses précédentes interventions, l’universitaire avait indiqué que le cadre n’était pas adapté à de petites modifications, ce qui avait alimenté l’idée selon laquelle un changement irait plutôt dans le sens d’un abandon que d’un ajustement du contrôle de la courbe.

Les analystes ont tous noté cette grande prudence du futur gouverneur de la BoJ, qui «ne voulait naturellement pas se lier à une politique spécifique avant d’assumer son rôle», a écrit Chotaro Morita, stratégiste taux de SMBC Nikko Securities, estimant qu’il utilisera une période d’observation avant de changer éventuellement de politique. La BoJ est l’une des seules à n’avoir pas remonté son taux directeur en 2022. Et elle a encore déboursé un record de 23.700 milliards de yens (176 milliards de dollars) en janvier pour maintenir les rendements en ligne.

Dans ce cadre, le yen a commencé à diminuer après ce discours, de 134,4 à 135,3 face au dollar, tandis que les contrats à terme sur les taux ont légèrement augmenté. Alors que les consensus de marché anticipent un vrai resserrement monétaire d’ici à juillet, un certain attentisme pourrait peser à nouveau sur la devise nippone en attendant, ont estimé les stratégistes Forex.

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