
Le pétrole poursuit son plongeon

Les cours du baril de pétrole ont encore chuté ce mercredi, vers des plus bas d’avant 2000, à 26 dollars le baril pour le contrat mai 2020 sur le Brent et au-dessous de 24 dollars par baril sur le brut WTI, donc bien au-dessous des niveaux de la crise de fin 2015 (autour de 33 dollars/baril).
Le plongeon de plus de 10% des prix de l’or noir se conjugue mercredi à celui des marchés actions en Europe et aux Etats-Unis, et à la remontée brutale des rendements obligataires. L’Euro Stoxx 600 a clôturé en baisse de 4% et le S&P 500 abandonne plus de 6%.
Outre les anticipations sur la baisse de la demande du fait d’une économie mondiale bloquée - et de consommateurs souvent confinés chez eux, les négociants se seraient bousculés pour sécuriser leurs positions face à la chute de la demande résultant de l'épidémie de coronavirus et à l’offre abondante résultant des décisions venues de Russie et d’Arabie saoudite après le 6 mars.
Du coup, après une phase de stabilisation, les niveaux de stockage montent en flèche, à terre et en mer, alors que des millions de barils de pétrole continuent d’arriver quotidiennement sur le marché, faisant chuter les prix.
Des sociétés comme Glencore auraient affrété les grands pétroliers du monde, capable de stocker 3 millions de barils de brut en mer, anticipant que l’espace des réservoirs terrestres ne sera pas suffisant face à la surabondance.
Le marché du pétrole brut se négocie actuellement dans ce qu’on appelle la phase «contango», où les prix à terme sont plus élevés que les prix spots pour tenir compte d’un coût de stockage très élevé, et qui va augmenter. Cette structure de marché particulière encourage les négociants à accumuler les stocks dans l’espoir de les revendre plus tard, quand les prix seront remontés.
Les analystes estiment que l’excédent pourrait atteindre plus de 1 milliard de barils, sachant que les Etats-Unis en accumulent d’ores et déjà plus de 450 millions sur le pétrole brut. Certains pays achèteront du pétrole bon marché pour faire des réserves stratégiques, notamment l’Inde et les États-Unis, mais cela ne fera qu'éponger une partie de l’offre. La vague de pétrole saoudien et russe devrait faire chuter les exportations de brut américain d’environ 1 million de barils/jour (mbj) en avril et mai, à 2,5 mbj selon les plus grands négociants cités par Reuters. Et la demande intérieure américaine devrait également chuter.
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