
Le patrimoine financier des ménages a atteint un record en 2016
L’année 2016 a été fortement agitée sur le plan politique, mais le patrimoine financier des ménages a retrouvé des couleurs au niveau mondial. Après une année 2015 au ralenti avec un recul de 4,7 %, les actifs financiers enregistrent une croissance de 7,1 % en 2016, selon la huitième édition de l’Allianz Global Wealth Report (1). Les actifs financiers battent ainsi un nouveau record à près de 170.000 milliards d’euros. L’excellente performance de l’année dernière s’explique en grande partie par la reprise des marchés boursiers en fin d’année, notamment dans les pays industrialisés. En effet, près de 70 % de la croissance des actifs l’an dernier est attribuable aux variations de la valeur des portefeuilles, et seulement 30 % au montant des sommes épargnées, le contraire de l’année précédente. Pourtant, les ventes de titres ont dépassé les achats et les deux tiers des capitaux sont allés dans les comptes courants, un nouveau record.« Le comportement d’épargne reste marqué par l’intolérance au risque » déclare Ludovic Subran, directeur de la Recherche Economique du Groupe Allianz. « Bien que les placements financiers aient contribué majoritairement à l’enrichissement des ménages, ceux-ci préfèrent la liquidité des comptes bancaires, et paient le prix fort : près de 300 milliards d’euros en raison de l’inflation l’an dernier. Un chiffre qui devrait doubler cette année. »L’accélération du patrimoine financier vient principalement des Etats-Unis (6%), de l’Europe (4,7%) mais l’Asie (hors Japon) est en pole position avec 15 % de croissance l’an dernier. Le monde émergent (Amérique latine, Europe de l’Est et Asie hors Japon) représente 23 % des actifs financiers bruts mondiaux en 2016. Cette part a plus que doublé sur les dix dernières années puisqu’il représente 42% des nouveaux actifs financiers ; la Chine représente à elle seule 30 %.Les dettes des ménages ont augmenté de 5,5 % en 2016, soit le taux de croissance le plus haut depuis 2007, et pour la première fois depuis 2009, un taux plus élevé que le taux de croissance du PIB nominal. Le taux de l’endettement mondial a gagné près de 1 point pour s’établir à 64,6 %.La croissance de l’endettement s’est légèrement accélérée en Europe de l’Ouest, en Europe de l’Est et en Amérique du Nord. Il a décéléré en Amérique Latine. En Asie (hors Japon), la dette a cru de 17 %, largement tirée par l’endettement des ménages chinois (+23%). Cette région représente désormais 20 % des dettes privées mondiales - trois fois plus qu’il y a dix ans -, soit 41 000 milliards d’euros. Le ratio de dettes privées en points de PIB a bondi de 17 points sur les cinq dernières années en Chine et de 6 points sur la seule année 2016. À titre de comparaison, sur les cinq années qui ont précédé la grande crise financière, le taux d’endettement des États-Unis a grimpé de 20 points de pourcentage. Malgré la hausse rapide de la dette, les actifs financiers nets – actifs financiers bruts diminués de la dette – se sont hissés à un nouveau record mondial de 128 500 milliards d’euros fin 2016, soit une croissance annuelle de 7,6 %.Au total, les États-Unis ravissent la première place à la Suisse en 2016 dans le classement du patrimoine financier à travers le monde, avec des actifs financiers nets de 177.210 «euros par tête, la Suisse affichant un montant de 175.720 euros. Les pays scandinaves et asiatiques tiennent toujours la corde. En fait, seul un pays de la zone euro reste inclus dans les dix premiers pays : les Pays-Bas. Au vu de la croissance relativement robuste de l’année dernière, la France prend la quinzième place du classement des 20 pays aux ménages les plus riches financièrement, gravissant un échelon par rapport à l’année précédente et échangeant sa place avec l’Italie.Les actifs financiers nets ont ainsi augmenté de 6,7 % l’an dernier en France, ce qui est plus rapide que la croissance de l’année précédente et au-dessus de la moyenne de la zone euro (+4,6 %). L’amélioration de la performance est le fruit de deux évolutions distinctes : d’un côté, la croissance des dettes a ralenti à 2,4 %, signe de prudence - ce chiffre a contrasté avec ceux des autres pays de la zone euro, où les taux d’intérêt extrêmement bas ont attisé la propension à l’endettement ; de l’autre, la croissance des actifs financiers s’est accélérée pour atteindre 5,5 %, en raison notamment d’une forte augmentation des actifs liés à l’assurance et aux retraites.Néanmoins, depuis 2012, début des politiques monétaires non conventionnelles de la Banque Centrale Européenne, la performance des ménages français est, comme pour le reste de la zone euro, en perte de vitesse. Le rendement des actifs financiers s’est élevé à 4,6 % sur cette période en France contre 3,4% en Allemagne et 6,3% aux Pays-Bas. Les variations de portefeuilles ont représenté environ la moitié de la croissance des actifs en France. Les épargnants français comme les allemands détonnent. Ce sont les seuls qui économisent une partie des revenus du travail pour enrichir leur patrimoine alors que dans tous les autres pays, les actifs financiers augmentent exclusivement en raison de la valeur des portefeuilles, lequel est également utilisé en complément des revenus du travail.« Dans de nombreux pays, c’est l’argent qui travaille pour les épargnants, alors qu’en France, les épargnants travaillent dur pour protéger leurs actifs contre les faibles taux d’intérêt », explique Ludovic Subran. « Sur les trois dernières années, les épargnants français ont placé près de 56 milliards d’euros provenant de leurs revenus professionnels (soit 840 euros par tête) au lieu de les consacrer à des dépenses de consommation. »(1) Le rapport mondial sur le patrimoine financier des ménages, qui analyse les actifs et passifs financiers des ménages dans 53 pays
Plus d'articles du même thème
-
Les fonds d'actions Amérique du nord à la loupe #48
L'économie américaine fait preuve d'une belle résilience. Les meilleurs fonds de la catégorie en profitent et affichent des performances à deux chiffres sur un an, voire approchent les 100 % sur cinq ans... -
Les actions s’ajustent au nouveau paradigme des taux
Les banques centrales insistent sur leur nouveau credo «des taux élevés pour longtemps», que commencent à intégrer les places boursières. -
Les taux américains inscrivent de nouveaux sommets après la Fed
Le rendement de l’obligation souveraine à 10 ans a grimpé jusqu’à 4,445% dans la nuit de mercredi à jeudi. Si la banque centrale américaine a maintenu ses taux, elle a laissé la porte ouverte à une nouvelle hausse d'ici à fin 2023.
Sujets d'actualité
- Société Générale : le mythe têtu de la «création de valeur»
- La Société Générale dévoile des ambitions décevantes pour 2026
- Après les années Oudéa, Slawomir Krupa met la Société Générale au régime sec
- L’ancien patron de la Bred, Olivier Klein, arrive chez Lazard
- La zone euro se dirige vers la récession
Contenu de nos partenaires
-
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk. -
Editorial
Antonio Guterres, le prophète de malheur qui ne fait peur à personne
Le Secrétaire Général de l’Onu va crescendo dans les prévisions apocalyptiques