
«Le MES veut élargir sa base d’investisseurs avec des émissions en dollars»

L’Agefi : Quels sont vos objectifs de financement pour 2017?
Kalin A. Anev Janse : L’année prochaine, le FESF (Fonds européen de stabilité financière) et le MES (Mécanisme européen de stabilité) devraient émettre 50 milliards d’euros à moyen et long terme - contre 39 milliards d’euros cette année - et continueront leur programme de 13 milliards d’euros de billets de trésorerie. Pour le FESF cette augmentation s’explique par les tombées de dette que nous devons refinancer. Pour le MES, il s’agit non seulement de refinancer les tombées mais aussi de financer le troisième programme grec décidé à l'été 2015 et qui pourrait atteindre 86 milliards d’euros. Au cours des prochaines années, nous devrions émettre entre 30 et 50 milliards d’euros par an. Ce n’est qu’après une décennie que le montant de nos programmes devrait baisser lorsque les pays que nous avons financés commenceront à nous rembourser.
Que se passe-t-il si le FMI ne participe pas au troisième plan grec?
Nous partons du principe que le FMI va participer. S’il ne peut pas contribuer au plan, nous pourrons de toutes façons le financer. En soi, nous n’avons pas besoin de la participation financière du FMI mais le traité du MES demande à ce que les pays, qui comme la Grèce, sollicitent un plan d’aide du MES, demandent en parallèle un programme au FMI.
Comment aider la Grèce à mieux supporter le poids de sa dette?
En mai 2016, l’Eurogroupe nous a chargés d’étudier différentes mesures de soutien, à court, moyen et long terme, pour la Grèce. A court terme, nous pouvons réorganiser les remboursements prévus. La maturité moyenne des prêts qui est de 28 ans pourrait passer à 32,5 ans. Nous pouvons aussi travailler à la réduction du risque de taux. Enfin, nous avons annoncé la suppression d’une clause qui aurait abouti à l’augmentation des intérêts payés par la Grèce. Ces mesures, qui restent à détailler, pourraient être discutées par notre conseil à la fin de l’année. Les mesures de moyen et long termes seront étudiées et, si besoin, appliquées en fin de programme à la mi-2018.
Comment évoluera votre stratégie d'émission en 2017?
Au MES, nous comptons réaliser notre première émission en dollars à partir de la fin de 2017. Nous voulons ainsi élargir notre base d’investisseurs. Les opérations en dollars sont particulièrement attractives pour les banques centrales non européennes. Il est aussi moins cher en ce moment de se financer en dollar. Nous comptons faire une ou deux opérations par an dans cette devise, l’euro restera notre monnaie d’émission principale. Nous allons continuer à faire des placements privés pour le monde germanophone (N-Bonds) comme initié cette année. Ces placements sont prisés par les investisseurs parce que nous offrons des maturités sur mesure.
Comment s’est passé votre programme 2016?
Mercredi, nous avons achevé le programme de financement du FESF et celui du MES sera terminé d’ici à la fin de novembre. Ces programmes ont été un succès. Nous avons pu rallonger la maturité moyenne de notre encours de dette qui est aujourd’hui située entre 7 et 8 ans alors qu’elle était de 5 à 6 ans en fin d’année dernière. Notre stratégie est de rester actifs sur tous les segments de la courbe. Aujourd’hui nous pouvons officiellement émettre des titres à 45 ans mais nous n’émettrons pas au-delà de 43 ans compte tenu des prêts que nous avons accordés à la Grèce.
Quel est l’impact du QE de la BCE et donc de la baisse des taux?
L’action de la BCE est significative. Nous estimons qu’elle détient 32% de notre dette éligible à son programme soit 50 milliards d’euros. Dans ce contexte, nous émettons en négatif jusqu’à 9 ans. Nous avons constaté un regain d’intérêt pour les obligations à plus long terme alors que des investisseurs évitent les taux négatifs et cherchent du rendement. La bonne nouvelle c’est qu’il y a toujours de l’intérêt pour les émissions à court terme et moyen terme. Par exemple, ce mois-ci, nous avons placé des titres à 6 ans à -20,3 pb mais avec une demande supérieure à 5,3 milliards d’euros. Les trésoriers de banques continuent à acheter à court terme pour des raisons réglementaires et par rapport aux titres allemands nous restons attractifs. Ces bonnes conditions de financement profitent à la Grèce.
Comment gérez-vous votre capital avec de tels taux?
Avec les taux bas, nous avons bénéficié du renchérissement des obligations mais nous sommes soucieux du coût des taux négatifs pour le futur. Nous avons donc déjà pris des mesures pour diversifier nos expositions et nous en discuterons d’autres l’an prochain.
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Wall Street marque une pause après une série de records
Washington - La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, digérant un discours du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, tout en encaissant des prises de bénéfices après une pluie de records. Le Dow Jones a perdu 0,19%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,95% et l’indice élargi S&P 500 de 0,55%. «Le marché a eu une réaction modérée aux commentaires de Jerome Powell aujourd’hui», observent les analystes de Briefing.com, une semaine après que la Fed a procédé à sa première baisse des taux depuis décembre 2024, d’un quart de point de pourcentage. Le président de la Réserve fédérale américaine a mis en garde mardi contre des baisses «trop soutenues» des taux directeurs, qui feraient déraper l’inflation. Selon lui, les taux d’intérêt sont actuellement «au bon niveau pour réagir aux évolutions économiques potentielles». Si elle les baisse davantage, la Fed risque d’amplifier l’inflation. Si elles les maintient durablement à ce niveau, certains estiment qu’elle pourrait freiner encore les embauches, déjà atones. Les investisseurs scruteront donc vendredi la publication de l’indice PCE, mesure d’inflation privilégiée par l’institution monétaire. Le marché «s’attend à ce que l’inflation sous-jacente (hors prix volatils de l’alimentation et de l'énergie, ndlr) accélère d’une année sur l’autre», commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA. «Une accélération plus marquée qu’attendu pourrait être déconcertante, mais cela ne déclenchera pas forcément une vague de ventes massives» à Wall Street, ajoute l’analyste. Toujours côté indicateurs, les indices PMI Flash manufacturier et de services aux Etats-Unis ont montré que «l’activité économique a légèrement ralenti» au mois de septembre, selon Jose Torres, d’Interactive Brokers. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans se détendait vers 20H25 GMT à 4,11%, contre 4,15% à la clôture lundi. Côté entreprises, «les capitalisations géantes ont connu des prises de bénéfices considérables» après une hausse la veille, remarquent les analystes de Briefing.com. La place américaine a été poussée lundi par l’annonce d’un investissement de 100 milliards de dollars du géant des puces électroniques Nvidia dans la construction de centres de données pour OpenAI. Après son bond de la veille, Nvidia a perdu mardi 2,82% à 178,43 dollars. Le reste des «Sept Magnifiques», le surnom donné aux grands noms du secteur technologique, ont aussi terminé dans le rouge, à l’instar du Microsoft (-1,01%), de Apple (-0,64%), de Amazon (-3,04%) ou encore de Meta (-1,28%), la maison-mère de Facebook. Autre grand nom du secteur des semiconducteurs, Micron a progressé de 1,09% à 166,41 dollars avant la publication de ses résultats à la clôture de Wall Street. L’avionneur Boeing (+2,01% à 216,34 dollars) a profité de la commande par Uzbekistan Airways d’une vingtaine de Boeing 787 Dreamliner, la plus importante de l’histoire de la compagnie aérienne. L’entreprise spatiale américaine Firefly Aerospace a nettement chuté (-15,31%) après des résultats trimestriels considérés comme décevants. Le groupe avait été acclamé lors de son introduction en Bourse au mois d’août. Nasdaq © Agence France-Presse