« Le LME doit se moderniser de façon urgente »

La parole à… Michael Tamvakis, professeur d’économie à la Bayes Business School
Stéphanie Salti

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Michael Tamvakis, professeur d’économie à la Bayes Business School

Que penser de la décision du London Metal Exchange (LME) début mars ?

Le LME a réagi de la pire façon possible et rencontre actuellement un véritable problème de crédibilité. Cela reste le seul marché actif à la criée et reposant sur un trading physique. Il est nécessaire qu’il se transforme de façon urgente en prenant exemple sur les marchés existants et fonctionnant de façon électronique. Car si ses tentatives de modernisation remontent à près de dix ans, les changements sont encore modestes : le LME reste conditionné aux desiderata de ses plus anciens clients, des traders physiques qui ont menacé de quitter le marché en cas de modernisation trop poussée. Reste à savoir pendant combien de temps encore ces menaces empêcheront tout changement drastique.

Certains participants ont menacé de quitter le LME suite à l’épisode du nickel. Quelle est leur marge de manœuvre ?

A l’heure actuelle, le LME reste un marché monopolistique sur le secteur des métaux, ce qui signifie que les traders ont une marge de manœuvre très limitée. La comparaison avec le Shanghai Futures Exchange n’a pas lieu d’être dans la mesure où ce marché s’adresse essentiellement au marché de la consommation interne chinois. Mais si le LME ne met pas en place une réforme très vite, d’éventuels concurrents, à l’image de l’Intercontinental Exchange ou du Chicago Mercantile Exchange, pourraient décider de s’impliquer davantage dans le trading de certains métaux et lui prendre des parts de marché. Ce scénario pourrait se matérialiser dans moins de trois ans.

Dans quelle mesure le squeeze du nickel sur le LME est-il un coup dur pour la place londonienne ?

La prédominance de la place de Londres était déjà considérablement égratignée : pour chacun des métaux existants dans le monde, la Chine possède entre 25 % et 75 % de part de marché. Le LME aspire pourtant à préserver sa place. Mais l’épisode du nickel a provoqué une telle perte de confiance des participants que le marché aura du mal à s’en relever.

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