Le chemin vers la reprise en Chine s’annonce ardu

Le commerce extérieur chinois reprend après la fin des confinements à Shanghai mais la croissance restera entravée par l’immobilier et la faiblesse de la consommation.
Xavier Diaz

Les chiffres du commerce extérieur de la Chine en mai auraient dû être une bonne nouvelle, sans l’annonce de nouveaux confinements dans un quartier de Shanghai après la découverte de quatre nouveaux cas d’infection au Covid-19.

Les exportations ont connu un rebond en mai, de 16,9% sur un an, le rythme le plus rapide depuis janvier, après 3,9% en avril. Les importations ont augmenté pour la première fois en trois mois, de 4,1%, après la fin des restrictions liées à l’épidémie de coronavirus à Shanghai. La production et la capacité de traitement du fret dans les ports et les aéroports approchent, au mois de mai, des niveaux enregistrés avant les confinements.

Mais les nouvelles restrictions annoncées jeudi ont semé le doute sur la capacité de la Chine à relancer son économie, durement touchée après deux mois de confinements stricts à Shanghai et dans de nombreuses autres villes. L’objectif de croissance assigné par Pékin de 5,5% cette année semble aujourd’hui hors de portée. Les grandes institutions internationales anticipent une croissance bien inférieure.

Objectif de croissance hors d’atteinte

«Malgré les efforts des autorités chinoises, cet objectif est inatteignable», juge Anton Brender, économiste chez Candriam, car la croissance est clairement entravée. Les confinements ont eu un impact majeur sur l’activité dans les services. Par ailleurs, le secteur immobilier est désormais en contraction, avec des prix en baisse. «Le secteur est complètement à l’arrêt», constate Laetitia Baldeschi, économiste chez CPR AM, avec un impact significatif car la dynamique économique chinoise reposait en grande partie sur ce secteur depuis la crise financière. L’économiste voit en la Chine le principal risque pour la croissance mondiale. Le problème est que la consommation, qui devait prendre le relais des exportations et de l’investissement, ne parvient pas à se remettre de la crise sanitaire du fait de la baisse des revenus des ménages alors que le chômage augmente.

La priorité pour Pékin est de remettre l’économie sur une trajectoire de croissance, à grand renfort de mesures de soutien (nouveaux programmes d’infrastructures pour compenser l’arrêt des investissements immobiliers) et d’assouplissement des conditions financières. Mais cela pourrait ne pas suffire. D’une part, la relance des investissements en infrastructures pourrait coincer au niveau des autorités provinciales qui sont censées les mettre en œuvre, relève l’économiste de CPR AM. D’autre part, la détente des conditions financières est limitée. «Les autorités ne veulent pas perdre le contrôle sur le crédit après l’ajustement réalisé dans le crédit immobilier», souligne Anton Brender.

Malgré les similitudes avec le deuxième trimestre 2020, quand la Chine sortait de ses premiers confinements, le rebond ne devrait pas être aussi spectaculaire. «Nous voyons trois différences clés entre aujourd’hui et 2020. La reprise économique devrait être plus lente cette fois-ci étant donné la poursuite des restrictions strictes pour lutter contre le Covid et le ralentissement du marché immobilier. Ensuite, l’environnement extérieur est devenu moins favorable. Enfin, la banque centrale chinoise a adopté une approche plus ciblée dans son assouplissement monétaire», observent les stratégistes de Bank of America, qui prédisent un chemin chaotique vers la reprise.

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